Plusieurs cas de fraude, des informations erronées inscrites sur les certificats avant l’embarquement, des acheteurs arnaqués par des agents, des véhicules accidentés. Autant de raisons qui poussent le ministre de l’Industrie et du commerce, Ashit Gungah à serrer les vis concernant l’importation et la vente de véhicules de seconde main. Plusieurs changements sont à venir.
Age : l’âge maximal des voitures de seconde main autorisé à l’importation est de 4 ans. Il passe désormais à 3 ans. Idem pour les véhicules utilitaires (2×4, 4×4, etc). S’agissant des vans, l’âge maximal passe de 5 à 3 ans alors que pour les autobus il passe de 8 à 3 ans et les camions de 8 à 5 ans. Pour les motocyclettes le critère d’âge reste inchangé.
Certification : Les agences qui fournissent le certificat attestant qu’un véhicule a été inspecté avant son arrivée à Maurice devront se faire enregistrer auprès du ministère de l’Industrie et du Commerce. Ces agences devront aussi faire un dépôt bancaire de 100 000 USD. Un « road worthiness certificate » ne datant de pas plus de trois mois avant l’embarcation du véhicule devra également être produit. Chaque importateur devra avoir un certificat authentique.
Numéro d’identification : les numéros de châssis et d’identification devront être complets, ce qui n’est pas toujours le cas actuellement. Le véhicule importé devra avoir un historique complet, notamment sur le nombre d’accidents et de réparations. Les « auction sheets », qui sont généralement en japonais, seront en anglais pour être plus compréhensibles.
Concessionnaires : Ils sont au nombre de 91 actuellement. Le ministère ne délivrera plus de nouveau permis pour les deux prochaines années, estimant que ce chiffre est « trop important pour un si petit pays ». La garantie de Rs 2 millions qu’ils devaient donner au préalable, passe à Rs 5 millions. La garantie sur ces véhicules passe de 6 mois à un an. Les importateurs devront importer au moins dix voitures par an, sinon le permis leur sera enlevé. Les concessionnaires devront aussi avoir un service après-vente.
Zaid Ameer: «Certains règlements sont à revoir»
Zaid Ameer, porte-parole de la Dealers in Imported Vehicles Association (DIVA) dit accueillir favorablement certaines mesures, notamment celle visant à interdire des « agents » à opérer et celle interdisant la venue de tout nouveau concessionnaire durant les deux prochaines années. Toutefois la DIVA dit ne pas être sur la même longueur d’onde que le ministère notamment sur l’âge des véhicules. Une mesure qui signera l’arrêt de mort des concessionnaires. « La loi Shakun [au Japon] oblige un acquéreur d’une voiture neuve de s’acquitter des frais tels que la déclaration et l’assurance pour 3 ans. Il est donc très difficile de voir un propriétaire abandonner son véhicule avant ces trois ans. De plus, je pense qu’il faut revoir le montant de la garantie exigée par le ministère. Si certains concessionnaires vendent 400 ou 500 voitures par an, d’autres n’en vendent qu’une cinquantaine, voire moins. Ils n’ont pas les mêmes chiffres d’affaires. Je pense que c’est un autre point sur lequel il faut qu’on discute », indique Zaid Ameer.
Fezal Delior: «La baisse de l’âge des véhicules pas justifiée»
Fezal Delior, autre concessionnaire de voiture dit accueillir favorablement certaines mesures visant à éviter les cas de fraude. « Jusqu’ici, environ 60% des importations de véhicules de seconde main se faisaient par les acquéreurs eux-mêmes. Il suffit qu’ils prennent contact auprès d’un agent à Maurice ou à l’étranger et le tour est joué. Cela leur revenait moins cher mais c’est aussi à ce niveau qu’on a recensé le plus de cas de fraude », indique notre interlocuteur. Il déplore toutefois certaines mesures comme la hausse du montant de la garantie pour les importateurs de même que la baisse de l’âge des véhicules qui, selon lui, n’ont pas leur raison d’être.