Thursday , 28 March 2024
Sharmila Farooqi

Sharmila Farooqi: «Des vols directs Maurice-Pakistan s’avèrent nécessaires»

Sharmila Farooqi, ministre du Tourisme et de la Culture au Pakistan, était à Maurice dans le cadre du Women’s Forum Global Meeting qui a eu lieu les 20 et 21 juin dernier et a accordé une interview exclusive à STAR.

Vous êtes à votre première visite à Maurice. Comment trouvez-vous le pays ?
Maurice est un pays culturellement diversifié, avec une formidable coexistence entre communautés d’origines différentes.

« Il faut simplifier les procédures de visa d’entrée à Maurice »

C’est cela qui rend le pays unique. Sans oublier que Maurice, qui a de belles plages et de magnifiques champs de canne, est un pays où règnent la sérénité et le calme. Pour moi, ma venue à Maurice est magique, car cela m’a permis de me désintoxiquer.

Comment se porte le secteur du tourisme au Pakistan ?
Il y a tellement de sites touristiques qui sont restés inexploités pendant un bon bout de temps au Pakistan. Dans un pays comme le Pakistan où on finance des projets d’éducation, de santé et de « law and order », très peu d’attention a été accordée au tourisme et à la culture. Mais depuis quelque temps, le gouvernement, ainsi que la population, ont réalisé que c’est la culture qui lie les gens. Elle transcende les frontières et regroupe les gens, indépendamment de leur appartenance ethnique. Le Pakistan est composé de plusieurs provinces et chacune a sa culture propre. Mais, ensemble elles font la beauté du pays.

Comment comptez-vous booster le secteur du tourisme ?
Je pense qu’il faut à travers la promotion du tourisme et de la culture, projeter les images  positives de Pakistan. Il y a plusieurs sites à visiter dont les « sufi saints » de Sindh, les World Heritage Sites, de belles rivières à Punjab, le Makran Coast à Baloutchistan, entre autres. En ce qui concerne les cultures immatérielles, le Pakistan est célèbre pour son textile, sa nourriture, sa joaillerie, son artisanat, entre autres. Beaucoup de gens pensent que la sécurité publique n’est pas assurée. Or, ce n’est qu’une perception et une fois que nous ayons pu faire passer le message à travers le monde, je suis sûre que les gens seront prêts à visiter le pays avec l’esprit reposé. Quand les visiteurs viendront au Pakistan, ils réaliseront que les informations que diffusent les médias ne veulent pas forcément dire qu’il y a un manque de sécurité au Pakistan.

Comment comptez-vous attirer les Mauriciens au Pakistan ?
Lors de mes rencontres avec les ministres mauriciens, nous avons évoqué le Free Trade Agreement (FTA) qui agira comme un tremplin pour augmenter le volume de commerce entre les deux pays. Maurice est comme une porte d’entrée vers l’Afrique alors qu’en contrepartie le Pakistan peut agir comme une porte d’entrée pour vous vers l’Asie centrale. Par ailleurs, il faut simplifier les procédures de visa d’entrée à Maurice. Les Pakistanais adorent les  plages et aimeront venir à Maurice pour des vacances. Les nourritures sont semblables et il n’y a pas de problème de langage. Il est grand temps d’avoir des vols directs entre Plaisance- Karachi. J’ai abordé tout le sujet avec mon homologue mauricien afin de donner la chance aux touristes mauriciens et pakistanais de voyager facilement dans les deux sens.  Le ministre des Affaires étrangères de mon pays sera en visite officielle à Maurice pour la signature du FTA.

Comment pouvons-nous raffermir les liens culturels entre les deux pays ?
La première chose que nous devons faire c’est de renouveler notre politique culturelle. à mon retour au Pakistan, je vais évoquer le sujet au sein du gouvernement et à partir de là, nous pourrons aller de l’avant avec des échanges de groupes culturels entre les deux pays. Nous pourrons inviter des artistes mauriciens au Pakistan et ceux du Pakistan pourront organiser des évènements à Maurice. Nous pourrons aussi organiser des expositions.

Pourquoi avez-vous fait de la politique ?
Je n’ai pas commencé  à faire de la politique par moi-même. J’ai été poussée vers la politique par l’ancien président Asif Ali Zardari. J’étais très jeune quand Benazir Bhutto m’a demandé de me lancer dans la politique. J’étais trop jeune, au point où je ne pouvais même pas devenir membre de l’Assemblée Nationale. Alors, elle m’a demandé d’écrire. Et j’ai en effet commencé à écrire des articles pour les journaux. Par la suite, elle s’en est allée et c’est son époux, Asif Ali Zardari qui m’a poussée vers la politique.

Être jeune et femme ministre au Pakistan…
C’est agréable. Quand on est jeune, on a beaucoup d’énergie et on veut que le travail se fasse rapidement et efficacement. Bien sûr, les jeunes ont des solutions « out of the box » à tout. Je vois qu’à Maurice, il y a des jeunes ministres très dynamiques également.

Quelle est votre vision pour le Pakistan ?
J’ai hâte de voir un Pakistan prospère et pragmatique. C’est un pays avec des habitants qui se sont soutenus pendant les moments difficiles et ont gardé la tête haute. Nous avons des inondations tragiques, des pluies torrentielles, des tremblements de terre et des attaques terroristes. Mais le Pakistan est un pays qui n’a jamais perdu sa foi en lui-même.

Comment voyez-vous l’avenir des femmes au Pakistan ?
Je pense que partout dans le monde les gens ont réalisé que les femmes participant à la prise des décisions peuvent faire une différence en faisant preuve de plus de compassion et de compréhension. Même au Pakistan, nous avons eu, entre 2008 et 2013, une femme speaker, Fahmida Mirza, et une Premier ministre musulmane dans un pays musulman, Benazir Bhutto. Il y a des femmes qui siègent au Parlement, des femmes qui se distinguent dans le domaine sportif. L’avenir est brillant pour les femmes.

 


 

Le ministre Baboo: «Maurice a beaucoup à apprendre du Pakistan»

Sharmila Farooqi

Le ministre des Arts et de la Culture, Santaram Baboo, a eu une rencontre avec la ministre Sharmila Farooqi, à son bureau le mercredi 22 juin. Au cours de la rencontre, ont été abordés des liens culturaux entre les deux pays et les moyens à utiliser pour exploiter et renforcer les relations bilatérales. « Maurice a beaucoup à apprendre du Pakistan, en termes de cultures. Puisque nous partageons, dans une certaine mesure, les mêmes cultures, nous envisageons de renouveler le Cultural Exchange Programme pour encore trois années. Nous espérons collaborer davantage avec les Pakistanais », a déclaré le ministre mauricien.

 


 

Profil

Sharmila Farooqi, 38 ans, est une politicienne pakistanaise qui a servi en tant que conseillère auprès du Chef Ministre du Sindh de septembre 2008 à janvier 2011. Elle est la petite-fille de N.M Uqaili, ancien ministre pakistanais des Finances et la fille d’Usman Farooqi, qui était fonctionnaire et un ancien président de Pakistan Steel Mill. Sharmila a obtenu sa maîtrise en Business Administration de l’Adamson Institute of Business Administration and Technology, Karachi et une maîtrise en droit. Sharmila Farooqi est mariée à Hasham Riaz Sheikh, qui sert comme conseiller auprès d’Asif Ali Zardari.

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