L’affaire St-Louis ressemble de plus en plus à un écheveau dans lequel un nombre croissant d’éléments s’emmêlent. Le dernier développement intervenu est la découverte des noms de code qui appartiendrait à des politiciens, des consultants, des cadres du Central Electricity Board (CEB) et des hommes d’affaires. Du côté de la Commission anti-corruption (Icac), on affirme qu’on prendra un peu de temps pour démêler l’écheveau.
Un travail herculéen attend les enquêteurs de l’Icac. Il s’agit de percer l’identité des gens cachés derrière des noms de code. « Nous allons procéder de façon méthodique sans brûler la moindre étape pour tirer au clair ces noms de code. Il suffit de décoder deux ou trois codes pour pouvoir démêler l’écheveau. Nous sommes très confiants de mener à bien cette opération », nous confie un des chefs de l’équipe d’investigation à l’Icac. À son avis, le rapport concis de la Banque africaine de développement (BAD) n’est que le « bout de l’iceberg. » « C’est le point de départ. Nous persévérons malgré tous les obstacles. Nous ne sommes pas du genre à jeter le manche après la cognée », ajoute-t-il.
L’Icac soupçonne que les transactions douteuses autour de l’allocation de contrat pour le développement de la station du CEB de St-Louis ont été orchestrées par un axe puissant à Maurice, comprenant en premier lieu des cadres du CEB ayant agi de connivence avec des consultants, et ensuite avec des hommes d’affaires et des politiciens. « Nous n’avons pas affaire à des amateurs qui lorgnent des petits contrats de quelques millions de roupies. Ce sont des professionnels bien connectés qui jonglent avec des contrats à coup de milliards de roupies et qui font tout de leur possible pour ne pas laisser de traces », explique-t-il. Dans ce cas-là, l’Icac dit avoir relevé des traces tangibles qui pourraient la faire remonter jusqu’aux protagonistes.
Le professeur Swaley Kasenally, ancien ministre de l’Energie et ancien Chairman du Central Electricity Board (CEB), a été identifié par les enquêteurs de l’Icac comme un des filons potentiels qui puissent leur permettre de démêler l’écheveau. Il a été interrogé à plusieurs reprises « under warning. » Son cas semble être très compliqué, car lors d’une perquisition chez lui, l’Icac était tombée sur des copies de « Cabinet Papers » de 2013. Les documents ont trait aux spécifications sur les conditions de la centrale à charbon et son permis d’étude d’impact environnemental. Ceci relève d’un délit très grave, car personne, à l’exception des ministres et des fonctionnaires du Cabinet Office, ne peuvent en avoir possession. Et non plus, d’être en possession d’une copie. Dans sa défense, Swaley Kasenally a affirmé les avoir reçus d’un inconnu par voie postale.
Le professeur Swaley Kasenally est soupçonné d’avoir transmis des informations sur un autre projet à la firme danoise. Rappelons que ce contrat, au coût de Rs 4,3 milliards, a été décroché par la firme danoise Burmeister and Wain Scandinavian Contractor (BWSC), à l’issue d’un appel d’offres.