Avec 45 ans d’expérience derrière lui, Said Aniff Hossanee a organisé une exposition qui retrace sa carrière d’artiste peintre. À travers cette exposition intitulée « Rétrospective », il revient sur les moments forts qui ont marqué sa vie et qui l’ont poussé à réaliser ses plus belles peintures.
Said Aniff Hossanee a fait parler son pinceau dans une douzaine de pays, dont la Thaïlande, le Vietnam, l’Inde et la France, où « il aura marqué l’histoire à sa façon ». Le mardi 18 février dernier, il a présenté au grand public 107 tableaux qui retracent son parcours d’artiste de 1974 à 2019. Le vernissage de l’exposition intitulée « Rétrospective », a eu lieu devant un parterre de 200 invités à la galerie d’art Audi Zentrum à la State House Avenue, à Réduit. L’exposition a pris fin à la fin du mois de février.
« Aujourd’hui, je suis un homme comblé car j’ai fait un long trajet. Je peins depuis l’âge de 7 ans et je continuerai encore bien que j’estime être arrivé au zénith de ma carrière », nous dit-il. Said Aniff Hossanee est aussi photographe et graveur. Il nous raconte son plus beau souvenir. « Je dirais que c’est sans conteste ma première exposition en 1970 à la galerie Max Boullé à Rose-Hill ». À cette époque, il n’était âgé que de seulement 17 ans et avait exposé ses quelques toiles sur des thèmes variés. Mais c’est sa rencontre avec Hervé Masson, artiste mauricien très connu, qui allait le marquer à jamais.

Ses toiles sont comme ses enfants
Quand on lui demande lesquelles de ses toiles considère-t-il comme étant la plus belle, Said nous répond qu’il est très difficile pour lui de faire un choix, car il considère « ses toiles comme ses enfants ». « Il est toujours difficile pour un parent de dire quel est son enfant préféré. J’ai peint près de 5000 toiles et j’ai dû faire un tri pour l’exposition Rétrospective. Mais je dirais qu’une toile aura effectivement marqué ma carrière », laisse-t-il entendre.
Il s’agit, en effet, d’une œuvre de 200 cm sur 400 cm intitulé « 50 motifs et 50 pensées de Malcom de Chazal ». Il a débuté cette toile en 2001 à l’occasion du centenaire de Malcom de Chazal et souhaitait l’exposer lors de son évènement «Fenêtres Chazaliennes ». Cependant ce ne sera qu’en 2014 qu’il terminera le tableau et l’exposera lors de sa rétrospective en 2020.
« Quand on organise une exposition sur sa carrière, on s’attend à voir uniquement des tableaux qu’on a pu peindre mais il y en avait beaucoup qui n’ont jamais été exposés », dit-il. Soulignons que Said Hossanee participera à la troisième édition du « Langkawi International Art Biennale » qui se tiendra en Malaisie du 16 au 24 mars 2020. Il mettra ensuite le cap sur la Lituanie. Il remercie le National Art Fund du groupe Currimjee pour son soutien.

Témoignages
Bénédicte Auvard, commissaire d’exposition
« Il est toujours intéressant de voir comment les artistes non-occidentaux s’accommodent de la modernité occidentale et Saïd est de ceux qui ont su en assimiler les codes pour mieux faire valoir leur originalité. Avec l’éclatement des frontières, le regard occidental s’est habitué à une polychromie en provenance des pays chauds. L’œuvre de Said, néanmoins, convoque une grille de lecture qui révèle l’aboutissement d’une longue ingestion, 45 ans d’art et une rétrospective à la clé ».
Yvan Martial, historien et critique d’art
« Ce bûcheron sait obéir aux ordres de bataille. Il travaille à l’occasion, selon des thèmes le faisant fantasmer : ségas, voiliers, coquillages, bestiaire chazalien… Qu’importe le thème, l’explosion suit inexorablement la lente maturation, fruit d’incessantes méditations et d’intériorisation d’un monde extérieur. Quelques mètres carrés ne suffisent pas à sa fougue créatrice. Said cessera de peindre quand son pinceau terrassera le dernier doute de sa quête exploratrice de la Beauté-sur-Terre. »
