jeudi , 8 juin 2023

Muntasir Joyub : Hafiz-ul-Quran et ami des bêtes

Son quotidien tourne autour de ses animaux et du Quran. En leur compagnie, il n’hésite pas à réciter des versets coraniques suscitant une certaine émotion chez ces créatures de Dieu.

Par amour pour les animaux, Muntasir Joyub, 32 ans, a quitté son emploi dans la finance au sein d’un corps parapublic pour devenir éleveur. Il nous confie que la plupart des animaux sont capables de donner de l’amour aux humains « sans attente ni jugement ». Son histoire d’amour avec les bêtes commence à l’âge de 5 ans lorsqu’il devient orphelin de père. Sa maman a dû s’occuper de lui, de ses trois sœurs aînées et de son petit frère. « Je mettais mon argent de poche de côté pour m’offrir des animaux de compagnie comme des poissons et des oiseaux », avance-t-il.

Elève brillant à l’école, Muntasir poursuit en parallèle son apprentissage islamique et réalise le rêve de son père en apprenant le Quran par cœur. Il avait commencé avec Mufti No’oman Limbada à l’âge de 12 ans et quatre ans après, il dirigeait le Taraweeh durant le mois de Ramadan. En outre, il a agi comme imam dans plusieurs mosquées : Al Meezan, Noor-e-Islam et celles de Pailles, Riche-Terre et Vallée-Pitot. En 2006, il participe aussi à une compétition de récitation du Quran et de mémorisation, et rafle le premier prix, ce qui lui ouvre les portes d’une compétition internationale en Arabie saoudite. « J’ai eu l’honneur d’entrer à l’intérieur de la Ka’aba et j’ai pu y accomplir la salât. J’ai aussi eu la chance de tisser avec du fil d’or sur la kiswa. Quran finn ouver boukou la porte pou mwa », raconte-t-il avec émotion et d’ajouter qu’il a également représenter Maurice lors d’une compétition de récitation du Quran en Malaisie.

De la finance à la ferme

Après ses études d’ACCA, Muntasir est recruté dans le département des finances d’un corps parapublic mais son attachement pour les animaux le pousse à démissionner et il met en place une ferme pour les animaux au pied de la montagne à La Laura-Malenga. Sa ferme abrite vaches, cabris, boucs, poules, cailles, taureaux, canards, poissons, chiens de race et iguane. Il a même donné des noms à chacune de ses bêtes. « J’ai une vache de 800 kg qui s’appelle Clémentine. Elle se comporte comme un bébé », dit-il. À la ferme, le Hafiz-ul-Quran a l’habitude de lire des versets du Coran à haute voix. « Clémentine verse des larmes quand elle m’écoute lire des sourahs. Mo ban zanimo kapté mo la vwa ek kan mo lir Quran for, zot bouz zot zorey », ajoute-t-il.

En outre, le jeune homme raconte que ses boucs et vaches lui font des câlins et des bisous. « Kan mo ser zot dan mo lebra, mo larme kouler ek zot oussi zot plorer. » Muntasir soutient qu’il a appris à prodiguer les soins nécessaires à ses animaux et a même aidé une vache à vêler. Mais ce qui attire le plus d’attention dans sa ferme, c’est bel et bien Chester, le bouc, qui ne quitte pas son maître d’une semelle. « Je l’emmène souvent à la plage de Pereybère pour un moment de détente. Les animaux sont parfaitement capables de communiquer leurs émotions et intentions au moyen de signaux non verbaux même s’ils ne peuvent pas nous dire ce qu’ils ressentent », laisse-t-il entendre.

Autosuffisance alimentaire

Tous les matins, Muntasir se rend à la ferme après la Salât-ul-Fajr pour donner à manger à ses animaux. Il nourrit son bouc au biberon comme un bébé sous le regard amusé des autres animaux. « La vie à la ferme est indescriptible et seuls ceux qui comprennent cette sensation peuvent le décrire », avance-t-il. Notre interlocuteur nous dit qu’il veut contribuer à l’autosuffisance alimentaire et servir d’exemple aux jeunes. « Les vaches produisent du lait, les poules pondent des œufs et les abeilles nous fournissent du miel. D’ailleurs, j’utilise le fumier comme compostage pour quelques arbres fruitiers et je cultive aussi des légumes bio que j’utilise dans la préparation des repas », fait-il ressortir.

Qu’en est-il de la sécurité la nuit ? Muntasir répond qu’il dort sur ses deux oreilles sans se soucier de rien, car à la tombée de la nuit, ses fidèles chiens de race veillent sur toute la ferme.

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