Jérusalem ou encore la région du Shâm (la « Grande Syrie » – région qui contient, entre autres, l’équivalent des Etats actuels de la Palestine, la Jordanie, la Syrie, le Liban – a été mise en valeur dans nos sources.
Dans le Qour’aan, selon plusieurs exégètes, Allah a décrit cette Terre comme étant bénie. Par exemple, en parlant de Ibrâhîm, Il déclare : « Et Nous le sauvâmes, ainsi que Lot, vers une Terre que Nous avions bénie pour tout l’univers » (Sourate 21 / verset 71). D’après certains commentateurs – tels que Oubay Ibn Ka’b, Al-Hassan, Abû Al-‘Âliya – cette terre « bénie » mentionnée dans ce verset fait allusion à celle de Shâm (réf : « Tafsîr d’At-Tabarî »).
De même, dans un autre verset, Allah affirme : « Et [Nous avions soumis] à Salomon le vent impétueux, qui par Son ordre, se dirigea vers la terre que Nous avions bénie » (Sourate 21 / verset 81). Selon les commentateurs, cette « terre que Nous avions bénie » désigne la région du Shâm (voir « Tafsîr de l’Imâm Al-Qourtoubî »).
Dans un autre endroit du Qour’aan, cette région a été qualifiée de « pure ». En effet, en s’adressant à son peuple, le Prophète Moussa dit : « Ô mon peuple ! Entrez dans la terre pure qu’Allah vous a prescrite » (Sourate 5 / verset 21). D’après certains commentateurs, la « terre pure » évoquée dans ce verset désigne celle de Shâm.
De plus, cette région est connue pour avoir accueilli de nombreux hommes et femmes ayant marqué l’histoire musulmane. D’ailleurs, en parlant notamment de Maryam et de son fils, Allah dit : « Et Nous fîmes du Fils de Marie, ainsi que de sa mère, un prodige ; et Nous donnâmes à tous deux un asile sur une colline bien stable et dotée d’une source » (Sourate 23 / verset 50). En commentaire de ce verset, Ibn Kathîr affirme que, selon l’avis le plus correct, l’endroit évoqué dans ce verset désigne « Bayt-oul Mouqadass ».
De même, il est relaté, selon certains commentateurs, que cette terre sera l’endroit où l’Ange lancera l’appel pour que les gens soient ressuscités et qu’ils se rassemblent pour le Jour du Jugement. D’ailleurs, en s’adressant à Son dernier Prophète, Allah dit : « Et sois à l’écoute, le jour où le crieur criera d’un endroit proche » (Sourate 50 / verset 41). En substance de ce verset, Ibn Kathîr écrit : « D’après Ka’bAl-Ahbar, ce crieur se tiendra sur le rocher du Temple de Jérusalem et dira : ‘Ô ossements réduits en poussière, ô membres déchiquetés ! Allah vous ordonne de vous réunir pour le Jugement Dernier’. » C’est pour cela que certains savants affirment que « Bayt-oul Mouqadass » sera l’endroit où se fera la Résurrection et le Rassemblement.
Dans la Sunna, nous pouvons voir que :
Cette terre porte en elle la deuxième mosquée qui a été édifiée quarante années après celle d’Al-Harâm, à savoir la Masdjid Al-Aqsâ. De ce fait, il est tout à fait possible que ces deux Mosquées aient été construites en premier par Âdam ou l’un de ses fils. D’ailleurs, Abû Dharr demanda une fois au Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wasallam) : « Ô Messager d’Allah ! Quelle est la Mosquée qui a été édifiée en premier sur la Terre ? » Il répondit : « La Masdjid Al-Harâm. » Puis, il dit : « Et ensuite ? » Le Prophète dit : « La Mosquée Al-Aqsâ ». Après quoi, Abû Dharr demanda : « Quelle est l’intervalle de temps entre les deux ? » Le Prophète dit : « Quarante années. » (Al-Boukhârî / Mouslim).
La Masdjid Al-Aqsâ était la Qibla des musulmans pendant une certaine période. En effet, il est rapporté qu’après leur émigration à Madîna, le Prophète et ses Compagnons ont accompli pendant 16 ou 17 mois, leurs Salât en se dirigeant vers la Mosquée Al-Aqsâ (sens d’un Hadîth cité par Al-Boukhârî et Mouslim).
Jérusalem ou encore la Masdjid Al-Aqsâ a été visitée par le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wasallam) durant son ascension nocturne, comme cela a été prouvé également dans le verset suivant : « Gloire et Pureté à Celui qui, de nuit, fit voyager Son serviteur [Mouhammad], de la Mosquée Al-Harâm à la Mosquée Al-Aqsâ dont Nous avons béni l’alentour, afin de lui faire voir certains de Nos signes » (Sourate 17 / verset 1). A ce propos, Anas Ibn Mâlik rapporte que le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wasallam) a dit : « On m’amena Al-Bourâq, une monture blanche plus grande qu’un âne et plus petite qu’une mule, qui se trouvait d’un bond où son regard s’arrêtait, je la montai donc et fus transporté à « Bayt-oul Mouqadass ». Là-bas, je l’attachai à l’anneau destiné à l’usage des Prophètes. J’entrai dans la Mosquée où j’effectuai deux unités de prière… »(Mouslim).
La Masdjid Al-Aqsâ est considérée comme étant un lieu saint. En effet, le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wasallam) a dit en ce sens : « Un voyage ne peut être entrepris que vers trois mosquées : la Masdjid Al-Harâm, la Masdjid que voici et la Masdjid Al-Aqsâ » (Al-Boukhârî / Mouslim). Ainsi, il est donc évident que le fait de prier dans ce lieu est sans aucun doute très méritoire. D’ailleurs, le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wasallam) a dit : « Lorsque Souleyman Ibn Dâoud avait terminé de bâtir Bayt-oul Mouqadass, il demanda trois choses à Allah : un jugement qui coïncide avec le sien, un royaume qu’il ne convient à personne d’avoir après lui et que personne ne vienne dans cette mosquée uniquement pour prier sans qu’elle ne soit expiée de ses péchés comme le jour où sa mère l’a mis au monde. Les deux [premières] requêtes ont été acceptées, et j’espère que la troisième demande a été accordée » (Ibn Mâjah). Dans certaines narrations, il est rapporté qu’une Salât faite à Bayt-oul Mouqadass équivaut à cinq-cents prières accomplies à un autre endroit. Sachant que cet endroit est béni, il sera protégé de l’Antéchrist (Ad-Dajjâl), comme cela est mentionné dans une Tradition rapportée par Ahmad.
Quoi qu’il en soit, cet endroit se distingue des autres lieux. Il est donc important pour nous de l’aimer et de le respecter à sa juste valeur, car cela relève de la piété du cœur.
Moufti Housman Omarjee
(Ile de La Réunion – Imâm à la Mosquée de Saint-Pierre)