Imran Dhannoo, responsable du Centre Idrice Goumany, à Plaine-Verte, se dit favorable à la décriminalisation du cannabis pour la consommation personnelle. Il salue la décision du gouvernement qui a mis sur pied un Drug Offenders Assessment Panel suite à une recommandation du rapport Lam Shang Leen.
Selon Imran Dhannoo, le gouvernement a institué une commission pour se pencher sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales. « Je suis en faveur de la décriminalisation du cannabis pour sa consommation sous forme de médicaments. Le cannabis médical n’a rien à faire avec le ‘gandia’. Dan cannabis medikal pena soulézon », nous dit-il. Il insiste cependant sur le fait que le cannabis médical doit être produit dans des paramètres précis et qu’un système de contrôle doit être mis sur pied pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus. « La demande pour la consommation du cannabis à usage personnel découle du fait que les drogues synthétiques font trop de ravages à Maurice», renchérit Imran Dhannoo.
Se référant au rapport du National Drug Observatory (NDO) 2019 publié le 26 janvier 2021, notre interlocuteur fait ressortir que c’est le troisième rapport du NDO qui met en exergue la dangerosité et l’ampleur de la drogue de synthèse. « Le rapport fait mention de 3064 arrestations pour délit de drogue par l’Adsu en 2019 », indique-t-il. « Près de 60% des arrestations concernent la possession de drogue et c’est le consommateur qui est envoyé derrière les barreaux tandis que les trafiquants sont en liberté. Sur les 2231 personnes condamnées, 92% sont des consommateurs de produits illicites. Il est malheureux que l’Adsu consacre une grande partie de ses ressources à l’arrestation des consommateurs », se désole-t-il.
Rajeunissement des consommateurs
D’après le rapport du NDO, la valeur marchande des drogues saisies en 2019 est de Rs 2,3 milliards. Le rapport fait aussi état des personnes admises à l’hôpital pour consommation de drogue. 85% des gens admis sont dans la tranche d’âge de 15-39 ans. « En 2019, sur les 834 personnes admises à l’hôpital pour consommation de drogue, 68% l’ont été à cause de la drogue synthétique », dit-il. Imran Dhannoo tire aussi la sonnette d’alarme sur le rajeunissement du profil des consommateurs. Depuis le début de 2021, un nombre élevé de jeunes se sont inscrits au Centre Idrice Goumany pour suivre le programme de traitement et de réhabilitation.
Selon le travailleur social, 80 % des personnes qui suivent un traitement dans ledit centre viennent des régions rurales et sont âgées entre 18 et 30 ans. Il fait part de son inquiétude face à la hausse du taux de criminalité dans le pays et note que de nombreux crimes et d’attaques à main armée sont commis par des jeunes qui « sont en manque ». « La popilasyon zen tré tousé par sa fenomenn-la et zot pe touye vié dimoune pou gagn kas pou asté ladrog », affirme-t-il.
Le NDO ayant fait aussi état du ‘Methadone Substitution Therapy Program’, Imran Dhanoo fait ressortir que le programme a été lancé en 2006 avec comme objectif de faire baisser la montée de l’infection du VIH parmi les consommateurs de drogues par injection. « Au mois de décembre, 5 496 personnes étaient encore sous traitement à la méthadone. 234 femmes suivaient le traitement dans 44 centres à travers le pays incluant 4 points dans les prisons de l’île », dit-il. Il ajoute que le rapport fait aussi état d’un ‘Drug Prevention Program’. Environ 16 000 étudiants à travers le pays ont participé aux programmes de sensibilisation. En ce qui concerne le ‘Harm Reduction Risk’, 481 sessions ont été conduites sur les sites de travail et dans la communauté.