Il avait l’argent mais ne savait pas quoi en faire. Son partenaire d’affaires avait, lui, des idées à revendre. Salim et ses proches ne se doutaient pas qu’une telle association allait les ruiner.
Le 21 décembre 2021, Salim T. et son beau-frère Sheik, tous deux la cinquantaine, accompagnés de leur homme de loi, se sont rendus au bureau du CCID où ils ont consigné une déposition pour détournement de fonds contre un homme d’affaires. Ils reprochent à ce dernier de les avoir bernés en les faisant investir des millions de roupies dans des projets et en aurait profité pour faire des détournements de fonds. Les deux hommes ont même mis en garantie leur villa contre un prêt hypothécaire d’environ Rs 16 millions pour remettre à l’homme d’affaires.
Marié et père de trois enfants, Salim, un habitant de Plaine-Verte, est issu d’une famille aisée. Pourtant, sa vie a basculé et tout son argent est parti en fumée. Il affirme qu’il a été victime d’escroquerie de la part de son ancien associé qui, dit-il, avait l’intention de lui soutirer de l’argent. Tout débute en 1997. Salim raconte que son beau-frère Sheik l’avait présenté à son partenaire commercial. « Mon beau-frère m’a expliqué que son partenaire avait quelques idées de commerces qu’il souhaitait développer. Il était sympathique et semblait impatient de faire fructifier les activités commerciales de Sheik. Il a discuté de diverses propositions dans le but de maximiser les retours sur investissement. Il m’a donc demandé, ainsi qu’à mon beau-frère, de réunir le capital », souligne Salim.
Idées séduisantes
Il ajoute qu’il était vraiment séduit par « les idées » de l’homme d’affaires qui avait besoin de Rs 1 million pour débuter les activités. Après concertation avec ses proches, Salim lui a remis la somme. Cependant, quelques semaines après, celui-ci est venu avec une nouvelle proposition : importer des produits électroménagers de la Chine à des prix concurrentiels. Pour cela, il lui faut un capital de Rs 10 millions et en retour, il a proposé de payer l’investisseur Rs 1 million en termes de dividendes par année. Une fois de plus, séduits par cette folle proposition, Salim et Sheik décidèrent de convaincre leurs proches pour réunir cette somme astronomique à l’époque.
Nous n’avions d’autre choix que de vendre notre villa pour rembourser la banque»
Pour ce faire, Salim avait dû convaincre sa belle-mère afin de pouvoir mettre en garantie la villa familiale située à Pointe-aux-Piments et ainsi obtenir de la banque un prêt. Selon les documents bancaires que Salim nous a montrés, du 8 juin 2000 au 24 juin 2004, la banque lui avait accordé, à trois reprises, des prêts totalisant Rs 16,9 millions. « Tout cet argent avait été crédité sur le compte d’une compagnie d’importation d’électroménagers que l’homme d’affaires avait créée », indique Salim.
2004 : la chute
Selon Salim, de 1997 à 2004, ils ont effectivement reçu des « dividends » par rapport à leur investissement. Mais depuis le dernier emprunt bancaire qu’ils ont contracté le 24 juin 2004, soit Rs 8 millions, pour remettre à l’homme d’affaires, Salim et Sheik n’ont rien reçu. « En 2005, sa dimoune la dir biznes pa bon ek li pe fer defet. Li fer ferm konpani la ek nou fin apran depi labank ki lin fer transfert nou kas la lor ene lot nimero kont ki li fin kré. Li pou bizin vine explik l’Icac ek CCID si nou pe koze menti parski labank ena tou prev sa ban viremen la », fait ressortir Salim.
Si l’homme d’affaires avait mis la clé sous le paillasson, Salim déplore que ce soit son investissement qui est parti en fumée et qu’il a dû faire face aux conséquences par la suite. En effet, après plusieurs « reminders » concernant le retard dans les mensualités, la banque avait menacé de saisir leur villa. «Nous n’avions d’autre choix que de vendre notre villa pour rembourser la banque. Aujourd’hui, nous n’avions plus rien, et notre ancien partenaire ne veut pas nous recevoir ni nous rembourser au moins une partie de cet argent. Pourtant, il a créé une nouvelle compagnie avec notre argent », s’indigne Salim.
Il nous revient qu’au niveau du CCID, une enquête est en cours dans cette affaire. Salim et son beau-frère se sont déjà rendus à l’Icac et ils ont été convoqués le 9 août 2022 pour être entendus. Toutefois, ils n’ont pas été en mesure de s’y rendre et une nouvelle date a été fixée par la commission anti-corruption. Nos multiples tentatives pour entrer en contact avec l’homme d’affaires en question ont été vaines.