Najmul Hussein Rassool est directeur de deux entreprises : International Islamic Financial Services Ltd et Al-Amana International Services. Après de gros efforts pour promouvoir la finance islamique, il se donne maintenant dans pour mission de promouvoir le tourisme halal à Maurice. Récit de son parcours.La finance islamique
La difficile percée de la finance islamique à Maurice est toujours source d’inquiétude dans le milieu financier. Najmul Hussein Rassool indique qu’il y a plusieurs facteurs qui expliquent cela. « En tant qu’un des premiers promoteurs de la finance islamique à Maurice, j’ai constaté que le mot « islamique » a créé une frayeur et une mauvaise perception aux yeux des Mauriciens. La société mauricienne est composée de différentes religions et cultures. Beaucoup de personnes pensent que l’introduction de la finance islamique à Maurice signifie l’islamisation du pays et des cultures », avance notre interlocuteur.
Il regrette également un manque d’encouragement des autorités et des acteurs concernés dans la promotion et l’introduction de la finance islamique à Maurice. Et d’ajouter que les campagnes de sensibilisation et de promotion coûtent cher. En outre, les gens ne sont pas prêts à s’aventurer dans ce secteur. Ensuite, il souligne que les musulmans à Maurice se montrent assez indifférents vis-à-vis de la finance islamique car c’est un nouveau secteur.
Toutefois, il précise que les Mauriciens ignorent que la Finance islamique a beaucoup d’avantages. « Pour les musulmans, la finance islamique est conforme à leurs principes religieux. Percevoir de l’intérêt est condamnable en Islam. En ce qui concerne les non-musulmans, je peux les assurer que la finance islamique a plus de souplesse, surtout en ce qu’il s’agit du non paiement de la dette, aucune surcharge n’est appliquée », explique Najmul Hussein Rassool.
Par ailleurs, il fait ressortir que la finance islamique est appropriée pour les petites et moyennes entreprises (PMEs). La finance islamique est aussi idéale pour le financement des actifs réels et non pas des choses fictives. Enfin, la finance islamique est résistante à la crise financière parce qu’elle ne traite pas les affaires fictives.
Nourriture et services halal
Au sujet de la nourriture et des services halals, Najmul Rassool explique que les musulmans à Maurice sont naturellement très conscients de l’aspect halal. « A Maurice, la majorité des restaurants et des hôtels offrent de la nourriture halal », souligne-t-il.
Le tourisme halal
Najmul Rassool explique que le tourisme halal est aussi mal perçu à Maurice. « Il y a une mauvaise perception comme quoi l’objectif du tourisme halal est d’islamiser le tourisme à Maurice. Or, le secteur touristique est un marché qui vise les membres de toutes les religions. Le concept du tourisme halal vise certes une clientèle surtout musulmane, car les musulmans aiment voyager en famille. Mais, le tourisme halal est bénéfique à tout un chacun », dit-il.
Najmul Rassool avance que pour beaucoup de personnes, le tourisme halal signifie une structure séparée. « Ce n’est pas vrai. Le tourisme halal signifie que les hôtels et les lieux de vacances puissent offrir des services halal, mettre à la disposition des touristes des tapis de prières, indiquer dans chaque chambre la direction de la Mecque et fournir de l’eau dans les toilettes. Ces services ne poseront pas d’inconvénient aux touristes d’autres confessions religieuses », fait-il ressortir.
Najmul Rassool indique que le Coran est son guide dans tout ce qu’il entreprend. « Le Coran m’attire depuis que je suis jeune. Là où j’allais, la lecture du Coran était un « must ». D’ailleurs, jusqu’à présent, le Coran reste mon guide », affirme-t-il. Il ajoute qu’il a dû faire beaucoup de sacrifices pour réussir dans ses objectifs profession¬nels. « Je n’avais pas les moyens et c’est la spiritualité qui m’a ouvert le chemin », avance notre interlocuteur. « A l’époque que je possédais déjà de qualifications en MBA, j’avais un emploi modeste. Je devais laver la voiture du patron, déposer et aller récupérer ses en¬fants à l’école. J’étais marié et j’étais forcé d’accepter cet emploi pour subvenir aux besoins de ma famille », dit-il encore.
Najmul Hussein Rassool, aujourd’hui âgé de 61 ans, a fréquenté l’école primaire Edith Cavell, puis le collège St An¬drews. Il a poursuivi ses études d’ACCA à l’université. Il a en¬suite enchainé avec un MBA à l’université de Witwatersrand en Afrique du sud et des études en fi¬nances islamique à l’International Center for Education in Islamic Finance (INCEIF). De plus, Najmul Rassool est un Chartered Islamic Finance Professional de la Malaisie. Actuellement, il fait son doctorat en finance islamique. En 1974, il commença à travailler comme comptable. « J’ai débuté comme ‘Gen¬eral accountant’, puis j’ai évolué professionnellement au fil des années. J’ai exercé comme auditeur, comme ex¬pert comptable pour finalement devenir entrepreneur. J’ai également été ‘Product development specialist’ dans le secteur offshore. Actuellement, je suis consultant en finances et gestion islamique », précise Najmul Hussein Rassool. En 2012, il a travaillé sur le projet de gestion pour le compte de la Banque de Maldives qui mettait en place son système de finance islamique. Il a également été l’auteur du projet compatible à la charia pour des compagnies offshore.
Originaire de Port-Louis, Najmul Rassool est issu d’une famille modeste, et d’une fratrie de trois frères, dont il le benjamin. Son père exerçait comme menuisier alors que sa mère était femme au foyer. « Les revenus mensuels de mon père ne suffisaient pas pour poursuivre des études. Nous nous sommes débrouillés pour entreprendre des études avancées et réussir dans notre carrière », dit-il. Le directeur de l’International Islamic Financial Services Ltd est marié à Sameera Rassool, née Bai Oozeerally. Le couple a six enfants (trois fils et trois filles), dont un qui a quitté ce monde à l’âge de 14 ans à la suite de maladie. « J’ai fait la connaissance de Sameera à travers ses cous¬ins qui étaient mes copains. Je lui dispensais des leçons particulières en commerce. Par la suite, nous nous som¬mes fiancés et mariés », relate Najmul Rassool. Najmul et Sameera sont aussi grands-parents de trois petits-enfants, soit deux filles et un garçon.