Thursday , 2 May 2024

Khadijah et Asma Dawood Essackjee : deux sœurs deviennent médecins le même jour

Les sœurs Khadijah et Asma Dawood Essackjee figurent parmi ceux qui ont obtenu leur diplôme de docteur en médecine (Doctor of Medicine, MD) de l’université de Maurice. Elles partagent ce bonheur avec 23 autres étudiants lors d’une cérémonie de remise de diplômes mardi dernier à l’auditorium Paul Octave Wiéhé, Réduit.

Elles sont sœurs, il y a dix ans d’écart entre elles certes, mais elles sont complices dans la vie et dans les études et désormais dans la même profession. C’est après six longues années de dur labeur et de persévérance que Khadijah et Asma Dawood Essackjee ont été à l’honneur, ensemble avec 23 autres étudiants, lors d’une cérémonie de remise de diplômes en présence des membres de leur famille et de leurs amis, le mardi 8 octobre à l’auditorium Paul Octave Wiéhé, Réduit.

Fières du parcours accompli, les deux sœurs ne pouvaient cacher leur joie après la cérémonie. Khadijah, 35 ans, nous confie qu’elle est plus qu’heureuse d’avoir décroché son diplôme. « Je suis très contente et très reconnaissante envers le Créateur. Grace à la faveur d’Allah j’ai réussi dans mes études. Allah est Grand.» Mariée et mère de quatre enfants âgés de 7, 8. 9 et 10 ans respectivement, Khadijah a tenu à remercier ses parents, ses beaux-parents, ses frères et sœurs ainsi que son époux pour le soutien et le support moral qu’ils lui ont donnés pendant ses études. « J’ai aussi une pensée spéciale pour ma sœur Asma. Pendant les quatre dernières années d’études elle m’a beaucoup aidée. Un fois j’étais malade et elle m’a soutenue. Elle a été à mes côtés tout au long de mes études. Je n’oublierai jamais ce qu’elle a fait pour moi, » nous a confié l’aînée des deux sœurs.

Khadijah a passé son Bachelor in Medical Science à l’Université de Maurice et s’est mariée en 2006. La jeune femme qui est devenue maman entretemps n’a cependant pas délaissée ses études. Elle a décroché son MPhil en épidémiologie, qui était axée sur les complications de santé post-chikungunya. Encore une fois, elle était très motivée à poursuivre ses études et s’est lancée dans le tout nouveau programme d’études en médecine offert par l’universite de Maurice en collaboration avec l’université de Genève. Quels sont ses projets d’avenir? « Etre un bon médecin et m’améliorer de jour en jour. Je prévois aussi de travailler dans le domaine du social. Mon père est dans ce domaine et je souhaite lui emboîter le pas, mais je souhaite également pratiquer la médecine autant que je peux », nous a-t-elle confié.

De son côté, la petite sœur, Asma, laisse entendre qu’elle se sent soulagée après des années de sacrifice. Également mariée, elle nous dit que cela ne l’a pas empêchée d’atteindre son objectif. « Ces six ans d’études étaient parsemés d’obstacles. Je dois avouer que j’ai même pensé à abandonner mais le soutien de mon époux et de toute la famille m’a énormément encoragée. Je dirais que le soutien de la famille et des amis est essentiel. Je tiens aussi à remercier tous nos professeurs et les médecins de l’hôpital qui nous ont beaucoup aidés et appris pendant notre dernière année d’étude,» nous dit-elle. Asma nous confie que sa sœur aînée et elle ont différentes façon d’apprendre. « On est très différentes l’une de l’autre. Khadijah est quelqu’une qui retient l’information très vite tandis que moi je dois lire et relire quelque chose pour le retenir. Mais cela ne nous a pas empêché de nous soutenir mutuellement. Je tiens à la remercier pour son soutien. »

Devenue médecin à seulement 25 ans, elle confie que c’était son rêve depuis sa tendre enfance de se joindre à cette profession. « J’avais deux rêves: devenir professeure et devenir médecin. La meilleure façon pour moi de faire en sorte que mes deux rêves se réalisent c’est d’associer ces deux proofesssions. C’est pour cela que je compte exercer comme chargée de cours dans le domaine médical. C’est le moyen idéal pour moi de fusionner mes deux passions. Et aussi parce que je veux aider et guider les jeunes étudiants en médecine», déclare Asma.

Première promotion de docteurs en médecine

25 étudiants font partie de la toute première promotion du programme d’études en médecine. Ce programme, basé sur six années d’études, a été mis sur pied et dispensé par l’université de Maurice avec le soutien et la collaboration de l’université de Genève, Suisse. Lors de la cérémonie de remise de diplômes, le vice-chancelier de l’université de Maurice, le professeur Dhanjay Jhurry, a souligné l’importance pour les nouveaux diplômés d’être polyvalents dans la perspective d’une vie professionnelle réussie.

De son côté, le professeur Laurent Bernheim de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, ‘Guest speaker’ lors de la cérémonie de remise de diplômes, a expliqué que la collaboration entre les deux universités a été rendue possible en 2011 par la présence à Maurice de nombreux techniciens bien formés et motivés pour mener a bien ce projet. «Le projet consistait à développer et mettre sur pied le cursus pour la licence et le cursus pour la maîtrise, qui découle en grande partie du cursus que nous proposons à la faculté de médecine de l’Université de Genève. L’Université de Maurice et l’Université de Genève ont formulé cette collaboration en 2013 et la même année, le programme a été approuvé par les autorités mauriciennes, y compris le Medical Council. Les échanges pendant ces six ans ont aussi permis une progression et amélioration efficace du cursus, » a-t-il souligné.


141019_medecinTémoignages des diplômés

Wardah Noorkhan : « Utiliser mon savoir dans le meilleur intérêt de mes patients »
Wardah Noorkhan, une habitante Plaine-Verte se passionne pour la médecine. Agée de 25ans, Wardah soutient que les six ans d’études pour devenir médecin sont passés très vite et sans souci majeur. « Je voudrais tout d’abord remercier Dieu pour ce succès. Je suis redevable envers mes parents qui m’ont apporté un soutien indéfectible ainsi que mon fiancé, mes proches et mes beaux-parents, tous mes professeurs et enfin et suttout mes amis. Ces six années d’études se sont bien déroulées avec le support des ‘programme coordinators’ tels que le Dr Meera Manraj et le Dr Chinien, qui étaient à nos côtés ». Elle confie que c’était son rêve d’enfance de devenir médecin. « Je compte utiliser ma passion et mon savoir dans le meilleur intérêt de mes patients. Même si le domaine médical est assez saturé, je pense que la sous-spécialisation créera de l’emploi à l’avenir », nous dit Wardah, qui souhaite poursuivre des études en gynécologie.

Sidrah Soreefan : « Il y a de l’avenir dans le domaine mais cela dépend des décisions politiques »
Sidrah Soreefan se sent soulagée. C’est avec un sentiment d’accomplissement qu’elle a reçu son diplôme de médecin. «Ces six années de travail acharné ont finalement porté leurs fruits. C’était plus difficile pour nous car nous sommes les premiers étudiants à suivre ce programme d’études. Nous avons cependant réussi à créer un sentiment de solidarité afin de surmonter les obstacles auxquels nous avons été confrontés », nous a déclaré l’habitante de Highlands. Sidrah pense que le stage à l’hôpital pendant la dernière année d’études, tel que cela se faità Genève, a été crucial pour son apprentissage. Pense-t-ellle que le domaine est saturé? «En ce qu’ils’agit de travail dans le domaine médical, je pense qu’il y a de l’avenir mais cela dépend des décisions politiques. Une formation spécialisée post-universitaire devrait être introduite. Une fois les études de premier cycle terminées, il devrait exister un système de canalisation approprié pour les médecins. Nous n’aurions alors pas une abondance de médecins généralistes. Donc, je pense qu’il y aura des possibilités d’emploi si les décideurs politiques sont motivés à apporter des changements. »

Yahya Hosany : « Le système de santé à Maurice n’a rien à envier à ceux à l’étranger»
La médecine était un domaine dans lequel il voulait toujours exercer. Yahya Hosany (25 ans) confie que c’est aussi son oncle paternel, le Dr Nasser Hosany, qui exerce comme pédiatre, qui l’a beaucoup inspiré pour suivre cette voie. « Je suis très reconnaissant d’abord envers le Créateur et ensuite à ma famille qui m’a beaucoup soutenu. Malgré le fait que beaucoup de jeunes médecins se retrouvent sans travail et qu’on dit que le domaine est saturé, mon père, Mousa, et ma mère, Rosida, m’ont encouragé à ne pas baisser les bras. Ce programme d’études demande beaucoup de rigueur. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour décrocher mon diplôme», dit-il. Le jeune diplômé, qui n’a pas encore choisi sa spécialité, soutient que ce programme d’études est le meilleur qu’on puisse avoir à Maurice pour les futurs médecins. Il est d’avis que le système de santé à Maurice n’a rien à envier à ceux à l’étranger. « Les services offerts dans nos hôpitaux sont d’un très haut niveau et nous avons beaucoup de facilités», conclut-il.

Ousaama Assotally : «Notre système de santé doit être revu»
Ousaama se dit très chanceux d’avoir pu poursuivre ce programme d’études à Maurice. « Mes parents ont fait tant de sacrifices et je les remercie. Cette réalisation est la première parmi tant d’autres qui viendront», déclare le jeune homme qui habites Grand Bois. Il ne cache pas que ces années études étaient faites de hauts et de bas. « Beaucoup m’avaient conseillé de bien réfléchir avant de me lancer dans ce domaine. Les années d’études sont longues. Je pense que les jeunes doivent faire le bon choix et doivent avoir les bonnes raison pour choisir cette profession», fait-il ressortir Ousaama compte poursuivre ses études de ‘post-graduate’ en radiologie et aussi travailler a Maurice et aider ses parents malgré du fait qu’il pense que le domaine est saturé. « Certains médecins ont dû attendre plus de trois ans avant d’avoir du travail dans nos hôpitaux Je pense que notre système de santé doit être revue», a-t-il déclaré.

Alexandre Jeannot : «Être médecin, c’est une vocation»
«J’ai réalisé un rêve d’enfant», a déclaré Alexandre Jeannot après la cérémonie de remise des diplômes Le jeune médecin, 24ans, soutient que ces six années d’études ont été une excellente expérience. «J’ai passé des nuits blanches à étudier. J’ai cependant vécu une merveilleuse aventure à travers laquelle j’ai appris la régularité et la persévéranc». Quant a ses projets d’avenir, il soutient qu’il s’efforcera de défendre le caractère noble d’un médecin avec humilité et détermination. Alexandre estime toutefois que le marché de l’emploi pour les médecins n’est pas saturé. «Etre médecin, c’est une vocation. Je pense que le problème réside davantage dans la gestion de nos ressources humaines que dans le nombre élevé de médecins dans le pays. »

Adnaan Mowlabaccus : «Ces six années d’études ont été un vrai défi»
Adnaan Mowlabaccus, qui habite Bel-Air Rivière Sèche, soutient qu’il a travaillé dur dès la première année. « C’était un vrai défi car en sus de notre stage à l’hôpital nous devions assister aux cours. La gestion de notre temps était de ce fait très importante car nous devions aussi planifier nos révisions», laisse-t-il entendre. Au cours de sa dernière année d’études, le jeune médecin de 25 ans a eu la chance nous de compléter son ‘elective module’ d’une durée de deux mois au Royal Victora Infirmary à Newcastle en Angleterre. « C’était une expérience très enrichissante. J’ai eu la chance d’apprendre davantage à travers le système de santé britannique, le NHS, qui est l’un des meilleurs au monde », dit Adnaan, qui n’a cependant pas encore choisi sa spécialité. « Le domaine médical est saturé à Maurice. J’espère qu’à l’avenir le secteur de la santé se tournera vers l’introduction du système des médecins de famille. En ce moment nous aurons besoin de plus de médecins pour prodiguer des soins aux malades», dit-il encore.

Arifa Husnoo : «Me spécialiser dans un domaine en grande demande»
« Je pense que c’était un sentiment de satisfaction qui a animé tous les élèves mais aussi un sentiment d’incertitude quant à notre avenir en tant que médecin », estime Arifa Husnoo. L’habitante de Coromandel fait ressortir que ces six années d’études ont été assez éprouvantes. « Nous avons eu de la chance d’avoir fait un stage d’apprentissage. Nous avons eu l’occasion d’apprendre sous la supervision de médecins de l’hôpital Dr Jeetoo ainsi que de nos tuteurs de l’université qui sont venus nous enseigner à l’hôpital», dit-elle. « Je compte me spécialiser dans un domaine qui est en grande demande à Maurice. Par exemple, la néonatalogie ou l’oncologie pédiatrique », soutient-elle. Arifa pense en effet que le domaine est saturé en raison du grand nombre de médecins dans nos hôpitaux publics. « Je pense qu’il serait très utile que certains médecins, ceux nouvellement qualifiés comme nous, aient la possibilité de se spécialiser dans des domaines où il y a un manque à Maurice. Cela profitera à l’ensemble de la population tout en réduisant le taux de chômage parmi les médecins nouvellement qualifiés», souligne-t-elle.

Jameela Jaddoo

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