Élu nouveau président du Rotary Club de Quatre-Bornes en début de juillet, Irshad Mallam-Hassam nous parle des projets qu’il compte réaliser pour la ville des fleurs. Partenaire au sein de la société Nexia Baker & Arenson, cet expert-comptable évoque aussi la santé de notre centre financier dans l’entretien qui suit.
Quelles sont vos priorités en tant que nouveau président du Rotary Club de Quatre-Bornes?
Il faut d’abord savoir quels sont les objectifs fixés par Rotary International (RI) avant d’aborder les priorités dans un contexte local. Rotary est une organisation qui compte environ 1,2 million de membres et plus de 35,000 clubs à travers le monde. Le président de RI est Barry Rassin et durant son mandat d’un an, c’est lui qui définit les lignes directrices pour tous les clubs. Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est qu’il y a des districts qui regroupent plusieurs pays. Maurice fait partie du district 9220 en compagnie de Madagascar, La Réunion, Les Comores, Les Seychelles, Mayotte et Djibouti. Chaque district a également un District Governor (DG) et cette fois-ci, pour la première fois, c’est une femme, Shelly Oukabay, qui a été élue gouverneure pour le district 9220. Donc, pour revenir à votre question, c’est RI qui définit les priorités et c’est le DG qui s’assure que les clubs de son district ont connaissance de ces priorités. En tant que président, j’ai le devoir de communiquer à mes membres les objectifs fixés.
Quels sont donc ces priorités qui ont été communiquées ?
Pour cette année, le thème choisi par RI est « Be the inspiration », c’est-à-dire comment en tant qu’un leader, on va œuvrer pour encourager et inspirer les autres. Puis, il y a la « Presidential Citation » sous forme d’une brochure dans laquelle est énumérée une liste de directives à accomplir dans plusieurs catégories. Donc, en premier lieu, je dois savoir quel est ma « Presidential Citation » et ensuite travailler dans ce sens. Barry Rassin, qui est originaire des Bahamas, est très sensible à tout ce qui touche à la montée du niveau de la mer en raison du réchauffement climatique. Il a voulu, cette année, mettre l’accent sur les effets néfastes du changement climatique.
Donc, vos projets pour Quatre-Bornes auront trait à la préservation de l’environnement ?
Effectivement. Quelques-uns de nos projets pour Quatre-Bornes concerneront la préservation de la nature. À l’instar du « Plant It Challenge », un projet qui a trait à une campagne de sensibilisation des habitants à l’importance des plantes dans notre environnement et de l’importance de conserver la nature. C’est un projet qui a très bien marché l’année dernière et nous voulons y apporter une nouvelle dimension cette fois-ci. Ce sont principalement les élèves de diverses écoles qui seront le plus concernés. Mais, j’ai aussi d’autres projets qui concernent la santé et la société. À Maurice, le diabète touche de nombreuses personnes et le Rotary Club de Quatre-Bornes viendra de l’avant avec une campagne intensive pour sensibiliser les gens. Nous aurons aussi d’autres campagnes pour conscientiser les femmes sur certains types de cancer qui les affectent particulièrement. Des dépistages ainsi que des causeries par des médecins et des représentants de compagnies pharmaceutiques seront organisés. Un troisième projet concerne les femmes entrepreneures. Nous voulons les aider à vendre leurs produits. La majorité d’entre elles ont le savoir-faire mais n’ont pas des notions de marketing pour vendre ce qu’elles produisent. D’autres projets concernent des abris pour les sans-domiciles fixes (SDF) et des campagnes pour les toxicomanes. La drogue est un fléau qui fait des dégâts dans certains quartiers de Quatre-Bornes et il va falloir mettre les bouchées doubles pour le combattre.
D’autres projets concernent des abris pour les sans-domiciles fixes (SDF) et des campagnes pour les toxicomanes. La drogue est un fléau qui fait des dégâts dans certains quartiers
de Quatre-Bornes et il va falloir mettre les bouchées doubles pour le combattre.
Quels sont les rôles des membres au sein du club ?
Chacun au club a un rôle bien défini. Moi, en tant que président du Rotary Club de Quatre-Bornes, je préside un Conseil d’administration (board) composé de cinq directeurs car je ne pourrais jamais faire tout le travail seul. Donc, j’ai un directeur de projets, un deuxième pour assurer le bon fonctionnement du club, un autre qui gère la fondation, un quatrième qui est chargé de l’aspect « membership » et s’assure que de nouveaux membres soient recrutés et le dernier a la responsabilité de faire mieux connaître le club aux gens. Nous avons une page Facebook qui s’appelle le Rotary de Quatre-Bornes où on communique au public nos activités et on publie des photos y relatives. Nous avons également un secrétaire et un trésorier.
Qu’en est-il d’autres maux de société pour sensibiliser les jeunes ?
Comme je vous ai dit précédemment, il y a plusieurs campagnes qui seront menées. Outre les projets pour les sans-abris et les campagnes pour les toxicomanes, nous prévoyons aussi de collecter des vivres et de les stocker pour les distribuer en cas de catastrophes naturelles. Ces vivres pourront bénéficier aux personnes démunies. Récemment, nous avons pu collecter une quarantaine de « food packs » composés de denrées secs pour ceux affectés par les cyclones et autres intempéries. C’est une année assez chargée qui se présente et nous voulons concrétiser tous nos projets.
Sinon, vous êtes expert-comptable de carrière. Comment se porte cette profession à Maurice actuellement ?
Bon, c’est une question simple mais la réponse est un peu plus nuancée ! Quand on parle d’expert-comptable, il faut comprendre qu’il y a plusieurs professions qui sont concernées. Il y a aussi deux catégories : les experts comptables qui opèrent dans l’industrie et ceux qui travaillent dans des cabinets d’experts comptables. Il y a une dichotomie à ce sujet concernant la définition même du terme expert comptable. Mais de façon générale, on peut dire que la profession d’expert-comptable se porte bien parce que chaque entreprise a besoin d’expertise en termes de comptabilité. Ce métier est aussi à la base d’une société d’entreprenariat. Il ne faut pas oublier qu’un cabinet d’experts comptables comprend quatre importantes fonctions notamment les auditeurs, les comptables qui aident les entreprises à équilibrer leurs comptes, les spécialistes de la taxe qui gèrent tout l’aspect de la fiscalité et finalement les consultants.
Avons-nous un surplus d’experts comptables à Maurice ?
Non, je ne le pense pas. Maurice est devenu un centre financier d’envergure dans l’océan Indien mais avec ses propres défis à relever. Mais comment est-ce qu’une telle plateforme financière aurait existé si nous n’avions pas suffisamment d’experts comptables ? À titre d’exemple, la majorité du personnel d’une compagnie de gestion ‘Offshore’ doit avoir une formation dans le domaine de la comptabilité. Et ce type de compagnies emploie déjà une grande quantité de comptables sur le marché. Aussi, je pense qu’il faut faire ressortir qu’aujourd’hui certains de ces experts comptables arrivent à exporter leurs compétences à d’autres pays tels que Malte, Le Luxembourg et Dubaï, entre autres. Ces pays reconnaissent que Maurice a un nombre important de comptables formés et qualifiés.
Vous faites allusion à Maurice comme un important centre financier. Celui-ci est-il stable en ce moment ?
Je ne pense pas que les termes ‘stable’ ou ‘instable’ soient appropriés lorsqu’on parle de notre centre financier. J’estime qu’il faut parler en termes de défis auxquels fait face le centre financier. Et la réponse est oui. Nous faisons face à des challenges. Cela vient du fait qu’il y a une certaine instabilité qui prévaut à travers le monde. Des changements et des mouvements s’opèrent un peu partout à travers le monde couplés à une montée d’extrémisme et de protectionnisme. Maurice fait partie d’une plus grande logique et les problèmes n’affectent pas uniquement notre pays. Nous avions au départ un ‘Business Model’ selon lequel Maurice s’est forgé une réputation comme une destination de choix pour l’Inde. Pendant 30 ans, ce modèle a bien fonctionné et le pays a bien prospéré. Mais entre temps, le monde a changé et des interrogations subsistent quant à l’efficacité du modèle. Et c’est le cas pour d’autres pays également. Nous sommes donc dans une phase de transition mais il faut pouvoir la gérer avec beaucoup de tact. C’est pourquoi nous connaissons le phénomène de l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (Ndlr : connu comme BEPS en anglais). N’empêche que nous arrivons à résister à tout cela. Parallèlement, dans ce processus de changement, il est important de redorer notre image en tant qu’un centre financier international (IFC) crédible.