Le fléau de la drogue continue de ravager des vies, brisant des familles et affaiblissant la société. En 2025, le nouveau gouvernement, les autorités compétentes, les organisations sociales et les citoyens doivent se mobiliser pour intensifier le combat contre ce mal insidieux. Dans des faubourgs des circonscriptions Nos 2 et 3, la présence de quatre ministres doit pouvoir insuffler une nouvelle dynamique dans le combat contre la drogue.
Ally Lazer, Président de l’ATSM : «Nommer au sein du PMO un conseiller en matière de toxicomanie»
«Avant même le début de la campagne et tout au long de celle-ci, il est apparu évident que la corruption alimente la prolifération du fléau de la drogue. » Ce sont les propos d’Ally Lazer, l’infatigable travailleur social qui lutte contre le fléau de la drogue depuis des décennies. Selon lui, les politiciens savent pertinemment que ce problème est non seulement omniprésent, mais également bien enraciné dans notre pays.
Le Président de l’Association des Travailleurs Sociaux de l’île Maurice (ATSM) insiste sur l’urgence d’agir avec fermeté et détermination pour lutter contre ce fléau, non seulement dans des circonscriptions ciblées, mais également à l’échelle nationale. « L’année 2025 doit être celle de l’action décisive. Nous avons déjà eu, par le passé, un ministre élu dans une des circonscriptions, mais non seulement le problème a perduré, mais son nom a malheureusement été associé à des trafiquants dans le milieu carcéral », déplore-t-il.
La prévention
Ally Lazer s’inquiète, par ailleurs, de la tendance au rajeunissement et à la féminisation des consommateurs de drogues. « Il vaut mieux prévenir que guérir : cet adage prend ici tout son sens. Il est impératif d’entamer très tôt l’éducation de nos jeunes et de les sensibiliser aux dangers de ces substances mortelles », souligne-t-il.
Pour lui, il est crucial que les élus mettent en œuvre un programme scolaire adapté visant à protéger les enfants et les jeunes, dès l’âge de dix ou onze ans, et ce, jusqu’à l’enseignement supérieur. Il propose également, dans le cadre de ce plan d’action à long terme, la formation des enseignants pour leur permettre d’aborder ce problème de manière efficace. « Nos enfants sont exposés à des risques dès leur plus jeune âge. Les prédateurs sont à l’affût pour les attirer dès que possible », s’indigne-t-il.
Personnes compétentes au PMO
Fort de son expérience, Ally Lazer plaide, toutefois, pour des actions immédiates et concrètes. « Il est indispensable de nommer, au sein du bureau du Premier ministre, un conseiller d’un calibre exceptionnel en matière de lutte contre la drogue. Nous avons parmi nous deux Mauriciens travaillant aux Nations Unies, responsables du dossier de la drogue, qui disposent de ce type d’expertise », souligne-t-il.
Il insiste sur l’importance de reconnaître les compétences et l’expérience de ces experts, formés spécifiquement sur les questions d’addiction, et capables de proposer des solutions tangibles pour aborder ce problème. « Le chef du gouvernement a déclaré ‘We will put the right people at the right place’ et dans ce cas précis, il est impératif de faire appel à des personnes compétentes et qualifiées », martèle Ally Lazer.
Réforme et vigilance
Par ailleurs, le travailleur social salue la décision du gouvernement de remplacer l’Anti-Drug Smuggling Unit (ADSU) par la Drug Enforcement Agency (DEA). Toutefois, il met en garde : « Il ne faut pas se contenter de changer l’emballage. » Il insiste sur la nécessité d’un triage – screening – rigoureux des officiers qui intégreront cette nouvelle entité. Selon lui, il est impératif de commencer par examiner les cas des officiers suspendus pour implication présumée dans des affaires de trafic de drogue.
« Il faut prendre le temps d’évaluer ces agents, en vérifiant leur état psychologique, leur passé, et en exigeant qu’ils prêtent serment sur leurs biens via un affidavit. Je ne peux accepter qu’un officier anti-drogue, du jour au lendemain, commence à rouler en BMW ou affiche des richesses démesurées, alors qu’il ne dispose que d’un salaire de policier », souligne-t-il.
Par ailleurs, Ally Lazer appelle à la création d’une cour spécialisée, ‘Drug Court’, en matière de drogue, afin d’accélérer le traitement des affaires liées à ce fléau. « Cela inclut aussi bien les policiers corrompus, actuellement suspendus tout en continuant à percevoir leur salaire aux frais des contribuables, que les présumés trafiquants. Il est inadmissible que notre argent serve à financer ces criminels », conclut-il en lançant un appel solennel à la jeunesse, véritable richesse du pays, les exhortant à se tenir à l’écart de ce fléau destructeur.
Nashreen Hissoob, sociologue : «Transformer les promesses en actions concrètes»
La sociologue Nashreen Hissoob, habitante de Pailles, exprime son désarroi et son inquiétude quant à la situation alarmante dans son quartier.
En tant que mère de famille, elle partage le sentiment d’insécurité qui règne depuis plusieurs mois, où les actes de vol se multiplient. Selon elle, ces cambriolages visent principalement de l’argent liquide, ce qui laisse à penser qu’ils sont motivés par la nécessité d’obtenir de l’argent rapide pour se procurer de la drogue. « Les rapports des autorités confirment que ces vols ne concernent pas des objets de valeur, souvent difficiles à écouler, mais bien de l’argent. Cela reflète une tendance liée directement à la consommation de drogues », s’inquiète-t-elle.
Pour notre interlocutrice, qui est aussi très active dans le domaine du social, aucune famille ni classe sociale n’est épargnée par ce fléau qui gangrène la société. « Nous craignons pour la sécurité de nos personnes âgées et de nos enfants, qui sont particulièrement vulnérables. Nous attendons des autorités qu’elles nous rassurent et apportent des solutions concrètes », confie-t-elle en ajoutant qu’il est devenu difficile, de nos jours, de quitter son domicile en toute sérénité.
Tenir les promesses faites
Déterminée à obtenir des réponses, Nashreen Hissoob s’est rendue à la rencontre des candidats pendant la campagne électorale pour leur demander quelles mesures concrètes seraient mises en place pour combattre ce problème. « Cela me concerne directement, mais concerne aussi l’avenir de mes enfants et de ceux que j’ai vus grandir dans mon quartier. C’est déchirant de constater que certains jeunes adultes, que je connaissais enfants, sont aujourd’hui pris dans les griffes de cette addiction », se désole-t-elle.
Elle fait ressortir que les candidats lui ont assuré, à travers leurs manifestes électoraux, qu’une lutte sans merci serait menée contre la drogue. « Il est maintenant temps de transformer les promesses en actions concrètes. Dans leurs chapitres consacrés à la famille, à la jeunesse, et à la sécurité, il a été question de garantir la protection de nos citoyens et d’instaurer des mesures pour un avenir meilleur. Nous espérons sincèrement que leur travail reflétera ces engagements et que des actions débuteront dans les différents quartiers dès que possible », espère-t-elle.
Un système éducatif à renforcer
En tant qu’enseignante, Nashreen Hissoob plaide également pour une réforme du système éducatif, qu’elle juge trop rigide et peu adapté aux défis actuels. « Nos enfants ont besoin d’un développement plus holistique, qui prenne en compte leur bien-être mental et émotionnel, afin de les préparer à affronter les dangers qui les guettent dans la société. Nos élus doivent impérativement concentrer leurs efforts sur la jeunesse pour les protéger de ces ‘vautours’ qui rôdent autour d’eux », insiste-t-elle.
Bien qu’elle se dise réaliste et consciente que des changements durables prendront du temps, elle exprime néanmoins des attentes légitimes envers ses élus. « Nous ne demandons pas l’impossible, mais nous espérons voir des initiatives concrètes dans nos circonscriptions. La sécurité doit devenir une priorité. Nous avons confiance en eux, mais ils doivent nous montrer qu’un plan à long terme est en place », nous dit notre interlocutrice.
Nashreen Hissoob lance un appel, en tant que travailleuse sociale, pour que les autorités mettent également en œuvre des programmes de réhabilitation et de réinsertion pour les personnes déjà victimes de l’addiction. « Il est crucial de ne pas abandonner ceux qui ont sombré et de leur offrir une chance de se reconstruire », conclut-elle, avec l’espoir d’un avenir meilleur pour sa communauté.
Message de Nouvel An
Navin Ramgoolam annonce une offensive contre la drogue
Dans son message de Nouvel An, le Premier ministre Navin Ramgoolam, en fonction depuis novembre 2024, a tenu un discours ferme et déterminé face à l’un des fléaux qui gangrène la société : la drogue. Il a promis une lutte sans relâche contre ce phénomène, qu’il considère étroitement lié à l’insécurité croissante dans le pays.
« La drogue est en train de détruire notre jeunesse », a déclaré le chef du gouvernement, ajoutant que le lien entre consommation de stupéfiants et insécurité est indéniable. Dans ce contexte, il a affirmé que son gouvernement s’engage à adopter une politique de tolérance zéro face à ce problème. « Les barons de la drogue doivent savoir que leurs jours sont comptés. Je serai intransigeant », a-t-il martelé, mettant en avant son intention d’agir avec fermeté pour protéger la population, en particulier les jeunes.
Une restructuration stratégique
Pour donner corps à cette vision, le Premier ministre a annoncé la réorganisation de l’ADSU (Anti-Drug and Smuggling Unit). Sous l’égide du nouveau commissaire de police, cette unité est en train d’intégrer « des éléments compétents qui vont produire des résultats ». Cette restructuration vise à accroître l’efficacité des forces de l’ordre dans leur lutte contre les trafiquants de drogue et les réseaux criminels.
Autre annonce forte : la décision de faire revivre la Natresa (National Agency for the Treatment and Rehabilitation of Substance Abusers), une institution dédiée à la prévention et au traitement des addictions, que le précédent gouvernement avait démantelée. Ce retour marque la volonté du gouvernement de ne pas limiter son action à la répression, mais aussi d’investir dans la prévention et la réhabilitation.
Ce discours incisif place la lutte contre la drogue au cœur de l’agenda gouvernemental pour 2025. Les prochaines semaines seront cruciales pour mesurer l’efficacité des mesures annoncées et la capacité des autorités à mettre en œuvre ces promesses ambitieuses. Si les défis restent nombreux, le ton adopté par le Premier ministre reflète une détermination sans faille à faire de cette bataille une priorité nationale.
Nizam Nasroollah, travailleur social de Vallée-Pitot : « Une action collective est cruciale »
«Malheureusement, notre région est tristement célèbre pour le trafic et l’usage de drogues, un fléau qui perdure depuis de nombreuses années. J’ai été témoin de la détresse de parents en larmes, implorant une issue à ce calvaire. » C’est en ces termes que Nizam Nasroollah, travailleur social engagé dans la région de Vallée-Pitot, évoque la situation de la drogue.
Conscient de l’ampleur du problème, il explique qu’un plan d’action a été mis en place pour mobiliser les jeunes et les orienter vers des activités susceptibles de les éloigner de l’emprise de la drogue. « Avant qu’un enfant ne sombre dans ce piège, il est crucial de lui offrir une alternative. Encourager une pratique sportive régulière constitue une stratégie efficace dans la lutte contre la drogue. Le sport favorise un mode de vie sain et équilibré, tout en préservant la santé physique et mentale des jeunes », souligne-t-il avec conviction.
Innovation et adaptation
Le fondateur et président de l’association Naw n Sha Social Service reconnaît, toutefois, que les générations évoluent et que les enfants d’aujourd’hui ne s’attachent plus aux mêmes formes de distraction et de divertissement qu’autrefois. Dans ce contexte, il exprime son attente envers les nouveaux élus, les invitant à proposer des sports et des activités collectives capables de capter l’intérêt de cette nouvelle génération.
« Nous disposons de terrains de football et d’une piscine, mais cela reste insuffisant. Autrefois, les jeunes étaient séduits par des jeux comme le domino ou le carrom, mais aujourd’hui, il faut une plus grande diversité d’activités pour engager tout le monde », souligne-t-il.
Selon lui, il est également essentiel d’intégrer des activités innovantes, telles que les sports électroniques (e-sports), les ateliers de création artistique ou encore les programmes axés sur les nouvelles technologies. Ces initiatives, en plus d’être attractives pour les jeunes, pourraient leur offrir des opportunités de développement personnel et professionnel, tout en les détournant des influences néfastes. « La clé est de créer un environnement dynamique et stimulant qui réponde aux aspirations des jeunes d’aujourd’hui », ajoute-t-il.
Collaboration autorités et travailleurs sociaux
Dans le but de mettre en œuvre des actions immédiates et concrètes, Nizam Nasroollah propose aux nouveaux ministres et élus de la circonscription d’organiser une table ronde réunissant les travailleurs sociaux de chaque quartier. « Une action collective est cruciale. Nous possédons une connaissance approfondie de nos quartiers et des réalités qui s’y déroulent. Si les ministres s’engagent dans un dialogue avec nous, notre compréhension du terrain, combinée à leur pouvoir d’action, pourrait permettre de mener un travail significatif pour éradiquer ce problème à sa source », plaide-t-il.
Nizam Nasroollah met en lumière l’importance de l’expertise locale et de la prise en compte des besoins spécifiques de chaque communauté. « Je ne peux pas prétendre comprendre les réalités d’autres circonscriptions, mais je connais ma région, ses enfants, ses familles. Je sais précisément par où commencer pour apporter des solutions durables », souligne-t-il.
Il estime que cette approche, ancrée dans une connaissance fine et concrète du terrain, pourrait s’élargir pour alimenter une dynamique collective. Une telle collaboration, selon lui, est essentielle pour développer une réponse cohérente et globale face aux défis qui touchent ces communautés.
Sergent Ameer Jilani : « Nous inspirer des méthodes de Singapour »
L’addiction aux drogues entraîne une augmentation préoccupante de la criminalité, car pour se procurer leurs doses, certains toxicomanes en viennent à commettre des vols violents, voire des meurtres. Tel est le constat alarmant dressé par le sergent Ameer Jilani, qui compte plus d’une vingtaine d’années d’expérience dans la force policière.
Pour lui, il est impératif de s’attaquer aux « gros requins » du trafic de drogue, ceux qui restent dans l’ombre et financent les réseaux, permettant ainsi aux trafiquants de s’approvisionner en drogues à l’étranger. Ces substances sont ensuite redistribuées en petites quantités aux petits revendeurs qui les écoulent auprès des consommateurs. « Malheureusement, ce sont ces petits trafiquants qui sont arrêtés, ce qui ne règle pas le problème à la source. Les lois doivent être renforcées et viser également ces ‘gros requins’. Pour cela, il est crucial que les enquêtes soient menées rapidement et que les petits trafiquants soient traduits en justice sans délai, afin de remonter jusqu’aux financiers du trafic », insiste-t-il.
Ameer Jilani estime que la rapidité d’action joue un rôle clé pour neutraliser les trafiquants. Il suggère, par exemple, d’instaurer des examens des échantillons de drogue in situ, comme cela se pratique déjà à Singapour. « Nous pourrions nous inspirer des méthodes de ce pays, souvent cité comme un exemple de fermeté et d’efficacité dans la lutte contre le fléau de la drogue. Singapour applique une approche stricte et multidimensionnelle, alliant lois sévères, politiques rigoureuses et programmes de réhabilitation », explique-t-il.
Travailler avec les nouveaux élus
Le sergent de police, basé au poste de police de Plaine-Verte, recommande également de renforcer les collaborations avec d’autres pays afin de démanteler les réseaux internationaux de trafic de drogue. Il prône une intensification du partage d’informations et de renseignements avec les agences étrangères pour surveiller et interrompre les flux de drogues dans la région. « La drogue n’est pas produite sur notre territoire. Ainsi, en ciblant les grands maillons de la chaîne, nous pourrions progresser significativement dans notre lutte contre ce problème », suggère-t-il.
En tant que Neighbourhood Officer, Ameer Jilani reste convaincu qu’une approche rigoureuse et coordonnée de la part des nouveaux élus pourrait permettre de maintenir des taux de consommation de drogues relativement faibles sur l’île. « Ces nouveaux élus incarnent un espoir pour les citoyens qui souhaitent un réel changement. Les policiers, quant à eux, ne demandent qu’à être mieux équipés pour combattre la toxicomanie et, par extension, réduire la criminalité en général. La force policière a à cœur le bien-être de la population, car ses membres sont aussi des parents, soucieux de l’avenir de leurs enfants. Nous voulons travailler main dans la main avec nos élus pour construire un avenir meilleur », affirme-t-il.
Toutefois, Ameer Jilani reconnaît que ces nouveaux parlementaires ont besoin de temps pour analyser la situation actuelle, stabiliser le pays et mettre en place des actions concrètes.
Manifeste de l’Alliance du Changement
Combat sans merci contre le fléau de la drogue
Articulé autour de cinq axes prioritaires, le manifeste électoral de l’Alliance du Changement comporte tout un chapitre sur le combat contre la drogue. Voici les points mentionnés :
a. Nous nommerons dans la semaine qui suit la première séance de la nouvelle Assemblée, un Select Committee du parlement qui travaillera en étroite collaboration avec les différentes autorités concernées, la profession médicale, les forces vives pour qu’il y ait un engagement national dans le combat contre la drogue et qu’un Master Plan soit adopté dans les plus brefs délais pour la prise de mesures immédiates dans tous les secteurs afin que les ravages de la drogue, amplifiés durant le règne du régime sortant, soient éradiqués.
b. Entretemps nous mettrons sur pied dès notre accession au pouvoir une Drug Enforcement Agency qui réunira les différents organismes publics concernés pour mettre fin au trafic de drogue. Cette nouvelle agence mettra fin au mandat de l’ADSU comme recommandé par la Commission Lam Shang Leen et au démantèlement de la SST.
c. Tout l’arsenal légal relatif au trafic, à la consommation et au traitement des toxicomanes sera revu et des nouvelles dispositions prendront en compte le traitement différencié nécessaire entre les trafiquants et les consommateurs.
d. Le nouveau Master Plan contre la drogue tiendra compte de la nécessité de faciliter la réhabilitation des toxicomanes et leur réinsertion dans la société. Nous mettrons également en place un Centre de Recherche et de Formation qui pourra accompagner les familles qui font face à des problèmes liés à la toxicomanie.
e. Revoir le programme de la distribution de la méthadone.
Situation de la drogue aux numéros 2 et 3
Le QBMC appelle à une responsabilité nationale
Le Quatre Bornes Muslim Council (QBMC), par la voix de son président Yusuf Imrit et du coordinateur Basir Mohabuth, appelle à une collaboration élargie entre tous les acteurs pour éradiquer le fléau de la drogue surtout dans les circonscription Nos 2 et 3.
« Bien que certains avancent que les drogues dures ont été intentionnellement introduites sur l’île au milieu des années 1980 par des individus sans scrupules visant à cibler la jeunesse d’une région spécifique, cette manœuvre pernicieuse a rapidement échappé au contrôle de ses instigateurs, se répandant sur l’ensemble du territoire », écrit l’instance.
Le QBMC rappelle que « cette réalité s’est manifestée de manière criante lors des récentes protestations publiques au cours de la dernière campagne électorale, particulièrement exprimées par les habitants de Gros-Billot, suite à l’overdose tragique d’un jeune homme de 25 ans ». « Depuis, la consommation de drogue est devenue une problématique nationale d’une urgence incontestable, impactant toutes les régions du pays », soutient l’organisation.
Solution tirée du Quran
Basir Mohabuth, coordinateur du QBMC, soutient que l’ampleur de l’abus de drogues est aujourd’hui si vaste et profondément ancrée qu’elle ne peut être éradiquée du jour au lendemain. Il explique que la solution ne se limite pas à une simple action ponctuelle et que la toxicomanie est un problème complexe et de longue durée, nécessitant une approche progressive et mesurée pour éviter des conséquences encore plus graves. Il avance que bien que la réduction de l’approvisionnement par une application rigoureuse de la loi soit essentielle, il estime qu’il est tout aussi crucial de s’attaquer à la demande par des mesures décisives impliquant tous les acteurs, y compris la société civile.
« Il est intéressant de noter que l’éradication de l’alcool dans la société islamique, comme le mentionne le Saint Quran, s’est réalisée en trois étapes : Sourate Al-Baqarah, 2:219 ; Sourate An-Nisa, 4:43; Sourate Al-Ma’idah, 5:90-91. Une approche similaire, en plusieurs phases, pourrait être appliquée dans ce contexte, en tenant compte du degré de dépendance et de l’impact social et psychologique sur les victimes », propose-t-il.
Responsabilité nationale
Le QBMC reconnaît que les six élus représentant les circonscriptions Nos 2 et 3 ne peuvent pas, à eux seuls, relever cette immense tâche. « Une collaboration étroite avec tous les acteurs concernés, notamment les institutions religieuses et les organisations socioculturelles, est impérative. Cependant, ces élus doivent assumer un rôle de leadership en initiant des actions efficaces pour combattre ce fléau, surnommé ‘le tueur silencieux de l’humanité’ », conclut la plateforme.
Quelques mesures proposées par le QBMC
• Encourager des actions audacieuses des autorités contre les trafiquants de drogue.
• Établir des centres de désintoxication supplémentaires dans des régions comme Roche-Bois, Plaine-Verte et Tranquebar, entre autres.
• Mettre en œuvre des mesures temporaires visant à réduire progressivement la dépendance aux drogues et à éliminer leurs effets dévastateurs.
• Organiser des comités de quartier pour freiner la vente de drogues et apporter un soutien aux victimes.
• Inciter les institutions religieuses à tenir des rencontres régulières avec les victimes de la drogue afin d’atténuer la stigmatisation dont elles souffrent.
• Instaurer des boîtes de dons dans les centres religieux pour collecter des fonds en vue de la réhabilitation et du soutien des victimes.
• Coordonner les efforts sur le terrain avec les parties prenantes identifiées pour assurer le suivi des progrès.