Sunday , 19 January 2025

[Vidéo] Explosion dans la vente de drogue – Aadil Baubooa : «La drog pé vandé devan masjid»

« Volcan la fini exploze ek pe fer boukou degat dan la kominote. » C’est en ces termes qu’Aadil Baubooa, enseignant en langue arabe et prédicateur, décrit l’ampleur que prend la drogue dans la communauté musulmane.

L’air grave, Aadil Baubooa ne passe pas par quatre chemins pour dire que la drogue est disponible partout à travers l’île malgré les efforts et le travail sans relâche du gouvernement et de la police. Il laisse entendre que selon le rapport du National Drug Secretariat (NDS), il existe 55000 toxicomanes actifs dans le pays et affirme que la communauté musulmane est exposée à ce phénomène grave. « Si rien n’est fait d’ici quelques mois, il y aura au moins un toxicomane dans chaque famille. Mo pa pe exagéré ni mo pe fer gagne perr. Si na pa mett latete ensam, kabarastan pa pou ena plas pou enterre ban zen toxikomann », lance-t-il.

Formé en psychologie également, Aadil Baubooa a démissionné de son poste d’enseignant pour ouvrir un bureau à Canal-Dayot afin d’être à l’écoute des familles dont leurs enfants sont tombés dans l’enfer de la drogue. Constatant que le nombre de cas ne cesse d’augmenter, il a établi un programme psychologique pour venir en aide aux victimes. Le Comité Musulman de Maurice (CMM) regroupe les religieux de toutes les écoles de pensée et les membres se sont rencontrés pour discuter des stratégies à adopter devant l’explosion des cas. Le comité a choisi d’envoyer Aadil Baubooa en Afrique du Sud en avril de cette année pour visiter les centres de désintoxication et pour voir quelle méthode à appliquer à Maurice. « Ban program ek infrastriktirr ki ena dan Sudafrik extra ordinerr », dit-il.

« Pena aqeeda… »

De retour à Maurice, le prédicateur a rencontré plusieurs membres de l’Adsu pour discuter de la situation sur le terrain. Adil Baubooa dit être choqué devant le nombre de cas recensé. Chaque vendredi, lors du sermon dans les mosquées de l’île, il met l’accent sur la prévention et met en garde les jeunes contre les méfaits de la drogue. Notre interlocuteur indique que des personnes de toutes les couches sociales viennent le rencontrer pour exprimer leurs souffrances. « Ena bann dimounn ris, respektab, pov, etidian kolez elite, inzenyerr, professerr, direkterr kompani, ban pere de fami ki ena enn lavi stab…zot vin get moi pou essay sorti dan sa lenferr la », déplore-t-il.

En outre, il laisse entendre que la clientèle n’a pas d’âge et que 40% des jeunes d’une université fument de l’herbe régulièrement. Aadil Baubooa est catégorique : « Dan la drog, pena aqeeda, pena ris ou pov, li atak partou.» Il nous étonne quand il nous dit que : « la drog pé vandé devan masjid, nou zenfan en danze. » Invité à s’expliquer davantage, il raconte qu’il a déjà menacé un vendeur de drogue qui était à l’intérieur de la mosquée à l’heure du sermon et ce dernier n’a plus jamais été revu. « Li vinn vann la drog ar zeness divan masjid. Larzan fasil ki pe entrenn dimoun ladan », souligne-t-il.

La prévention

Face à cette situation, Aadil Baubooa a tracé sa ligne de travail qui est la prévention à travers une campagne agressive dans les institutions primaires et secondaires. Des causeries dans toutes les mosquées sont organisées pour expliquer aux parents comment faire pour empêcher leurs enfants de tomber dans les filets des barons. « Dan sak masjid, bizin ena enn Islamic Counselor pou etre a lekout ban musallis ek mem ban tifi », suggère-t-il et d’ajouter que « le deen est le seul moyen pour que les gens restent loin de la drogue ». « Mé kot sitiasyon ete aster la, mo perr », affirme-t-il. Une crainte justifiée par rapport aux nombres de cas recensés dans le centre à Canal-Dayot. « Premier foi autan zom religieux pe vinn ar program desintoxication ek reinsertion », fait-il ressortir.

Le centre de désintoxication qui a ouvert ses portes à Canal Dayot utilise plusieurs méthodes pour soigner des toxicomanes. Quand la personne se présente au centre, un dossier est établi. Il a droit à des soins médicaux, à des activités récréatives, à la Salât obligatoire, au programme de réinsertion et à l’apprentissage d’un métier. Les trois premiers jours sont déterminants. « Bizin ferme li avek enn ex-toxikomann pou remonte so moral ek bizin ene dokterr pou okip li », partage-t-il.

Rôle des mosquées

Aadil Baubooa lance un appel pressant aux parents pour l’accompagnement de leurs enfants. Il est franc envers les dirigeants des mosquées : « Masjid bizin vinn enn centre dan la vie sak musulman ek sak masjid bizin repren so role kouma bizin. » Il trouve que les sermons à la légère ne marchent plus et que les religieux doivent trouver d’autres moyens pour se faire écouter. Il insiste aussi sur la mise en place d’une cellule d’écoute gérée par un Islamic Counselor’. «  Nou ban zen tifi musulmann pe bizin ale rod sekour ayerr. Kifer nou pa ouverr nou masjid a nou ban zenfan ? » demande-t-il.

Aadil Baubooa dit être contre tout acte de force contre les barons mais exprime son inquiétude devant ce marché qui tue des pères de famille à petit feu. Il s’inquiète aussi de l’entrée sur le marché d’une drogue « qui tue instantanément », en provenance de l’île de la Réunion. « Mo demann Allah sov nou ek montrer nou ki simé bizin pren pou aide ban viktim », conclut-il.

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