Le commissaire électoral, Irfan Rahman, est un véritable marathonien des réunions. Il enchaîne les rencontres avec les partis politiques pour mettre en place un système de décompte des votes infaillible pour le jour du scrutin. Ce fameux système, déjà testé et approuvé lors des élections villageoises et législatives à Rodrigues, semble être la panacée électorale.
À ce jour, miracle sur miracle, tous les partis politiques ont donné leur bénédiction à cette proposition. Chacun y est allé de son petit conseil pour garantir le bon déroulement de ce projet ambitieux. On croirait presque assister à une réunion de famille où tout le monde est d’accord sur le menu du dîner. Mais ne nous y trompons pas, la Commission électorale n’est pas encore tirée d’affaire, loin de là.
Deux défis majeurs pointent à l’horizon. Primo, il va falloir doubler le nombre de fonctionnaires. Imaginez une armée de travailleurs divisée en deux groupes : l’un pour les opérations diurnes et l’autre pour le dépouillement nocturne. Parce que, bien sûr, le dépouillement doit se faire le soir, histoire de pimenter un peu l’ambiance. Secundo, s’assurer que ce dépouillement se déroule sous des conditions draconiennes. Parce que si l’opposition perd ces élections, il faut s’attendre à ce qu’elle crie à la fraude, comme dans le passé, et ce, avec l’enthousiasme d’un détective amateur découvrant un complot international. Une fois encore, ils vont diaboliser Irfan Rahman tout en réclamant sa démission.
Rappelons-nous des bulletins volants et des urnes retrouvées dans les champs de canne lors des élections précédentes. Oui, c’est bien réel, et non, ce n’est pas le scénario d’un film de série B. Alors, si tout cela s’est produit en plein jour, imaginez les suspicions nocturnes. S’ils ont perçu de l’opacité en plein soleil, on peut difficilement s’attendre à ce qu’ils voient la transparence dans l’obscurité. C’est plus simple pour les mauvais perdants de prétendre que des magouilles ont eu lieu dans le noir complet, peut-être même en invoquant quelques spectres et fantômes pour appuyer leurs accusations.
En somme, la Commission électorale a du pain sur la planche. Et pendant ce temps, nous autres citoyens, nous regardons le spectacle avec une pointe d’ironie, attendant de voir quel nouveau rebondissement viendra animer cette tragi-comédie électorale.