Friday , 29 March 2024

Cherté de la vie : des familles peinent à joindre les deux bouts

Face à la hausse des prix de plusieurs commodités de base comme les produits alimentaires, le gaz ménager, le carburant, entre autres, beaucoup de familles mauriciennes peinent à joindre les deux bouts. Trois familles nous confient comment elles font face à cette situation difficile.

Zainab Dusmamode Khan : «Nous ne pouvons plus nous permettre des excès»

Mère de deux garçons de 13 ans et 7 ans, Zainab Dusmamode Khan soutient que malgré le confinement, « la situation était plus gérable l’année dernière ». « En 2021, malgré le confinement, entre autres restrictions, la situation était mieux que maintenant. Désormais, arrivé le 20 de chaque mois, il ne reste plus d’argent pour faire bouillir la marmite. Nous ne savons pas comment surmonter cette situation. Je travaille comme bonne mais je suis séparé et j’élève seule mes enfants. J’ai le loyer à payer, des factures à régler, entre autres dépenses. Pour mes achats de produits alimentaires, je dois désormais trouver Rs 1000 en plus, car tout a augmenté. J’ai aussi arrêté de faire mes courses à la fin du mois, car c’est compliqué de dépenser une grosse somme d’un seul coup. J’achète ce dont j’ai besoin au quotidien », explique-t-elle.

Zainab Dusmamode Khan déclare qu’elle doit surveiller ses dépenses plus qu’avant. « Je dois faire très attention. Malheureusement, nous ne pouvons plus nous permettre des excès. Même pour les sorties, vu que le transport public coûte plus cher, nous devons réfléchir à deux fois avant d’organiser quoi que ce soit. Cela concerne aussi les loisirs. Je préfère emmener les garçons jouer au foot dans un jardin public que d’avoir à dépenser de l’argent en les emmenant dans un centre payant. Mais les enfants eux ne comprennent pas cela. Très souvent, je préfère acheter quelque chose pour eux que pour moi, même si ce n’est que pour acheter un burger dans un fast-food », fait-elle ressortir.

Lookman Nasroollah : «Des difficultés à rembourser les dettes»

Chauffeur et propriétaire d’un van scolaire, Lookman Nasroollah raconte que la situation est pénible pour lui mais aussi pour plusieurs familles. « Pendant les confinements au cours de ces deux dernières années, je n’étais pas en mesure de travailler. Avec cette crise sanitaire dans le pays, je ne pouvais plus aussi faire des courses pour des évènements particuliers comme les mariages. J’ai donc subi beaucoup de pertes après avoir contracté des prêts pour construire ma maison en 2019. Malgré le fait que l’école avait repris pendant un certain nombre de mois l’année dernière, beaucoup de parents ne pouvaient cependant payer pour le transport scolaire de leurs enfants. La raison principale est le fait que ces parents travaillent comme marchands ambulants et leur travail aussi était complément à l’arrêt pendant des mois », nous raconte-t-il.

Lookman Nasroollah déclare que le travail avait bien repris depuis le début de cette année mais encore une fois, il doit faire face à une situation invraisemblable. « En ce moment, avec le prix de l’essence et celui du diesel qui ont pris l’ascenseur, je dépense plus pour la même quantité de diesel pour mes courses. Avant, Rs 1000 suffisait pour effectuer le trajet scolaire pour deux jours et demi alors que maintenant je dois débourser Rs 2000. Par semaine cela m’arrive à Rs 5000. Je n’ai pas d’autre de choix que de revoir à la hausse mes tarifs », poursuit-il.

Malheureusement, selon notre interlocuteurs, des parents devront désormais payer Rs 50 en plus par enfant pour le van scolaire. Certains parents ont même cessé de faire appel à ses services et préfèrent aller déposer leurs enfants à l’école à pied faute d’argent. D’autres, dit-il, arrivent difficilement à régler la note, car ils vivent déjà dans la précarité. Lookman Nasroollah soutient pour sa part que ses deux fils, âgés de 24 ans et 27 ans, lui donne un coup de main à rembourser ses dettes. « J’éprouve moi-même des difficultés à rembourser l’argent que j’ai emprunté pour la construction de ma maison. Je n’ai d’autre choix que de compter sur l’aide de mes deux fils. Sans eux, la situation aurait été plus pénible », conclut-il.

Sabina Taher : «La situation est devenue difficile»

Veuve et mère de trois enfants, Sabina Taher soutient que la situation est devenue plus compliquée avec le coût de la vie qui a augmenté. « Je bénéficie d’une pension de réversion et parfois je cumule de petits boulots ça et là mais cela ne suffit pas pour me permettre de joindre les deux bouts. Avec l’augmentation des prix surtout les produits alimentaires et le gaz ménager, c’est vraiment difficile. Je ne bénéficie d’aucune aide supplémentaire de l’État pour l’éducation de mes enfants à cause de la pension que je touche déjà », fait-elle ressortir. Notre interlocutrice avance qu’elle doit trouver l’argent pour payer le van scolaire pour son fils ainsi que pour les leçons particulières de sa fille. « Tout cela représente un énorme coût à la fin du mois. Certains mois, je n’arrive même pas à régler mes factures d’électricité et la somme s’accumule à chaque fin du mois. Mais heureusement, je reçois de l’aide d’un travailleur social pour régler mes factures », ajoute-t-elle.

En ce qui concerne les produits alimentaires, Sabina Taher explique qu’elle doit faire ses achats tous les 12 ou 15 jours. « Je ne peux pas faire mes achats à la fin du mois en dépensant une grosse somme. Je préfère acheter ce dont j’ai besoin chaque 15 jours. Cela m’arrive à peu près à Rs 3000 chaque quinzaine pour mes achats de produits alimentaires mais ce n’est pas facile, car je dois faire des sacrifices. Mais je suis obligée de faire face à la situation pour mes enfants, car ils ont besoin de bien manger pour pouvoir étudier. Leur confort demeure ma priorité », avance-t-elle.

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