Samedi dernier, le 6 juillet, trois amis de longue date, passionnés de pêche, se sont retrouvés pour une soirée de détente près de Trou-Chenille, au Morne. Malheureusement, ce fut la dernière partie de pêche pour Rashid Meghoo.
Abdool Rahman Mungur, 60 ans, résidant à Camp-Diable, Nesamhuddin Elayeebocus, 62 ans, habitant à L’Escalier, et leur ami de toujours, Rashid Meghoo, 81 ans, retraité de Camp-Diable, avaient planifié cette sortie depuis des semaines. Pour eux, la pêche était plus qu’un passe-temps : c’était une tradition, une manière de se reconnecter avec la nature et entre eux. Ainsi, samedi dernier, à 19h30, les trois amis ont commencé leur marche le long du lagon, leurs cannes à pêche à la main. Tout se passait comme prévu jusqu’à ce que, vers 22h15, alors qu’ils s’approchaient de la plage du village du Morne, ils réalisent que Rashid Meghoo n’était plus avec eux.
Inquiets, Abdool Rahman et Nesamhuddin sont retournés pour chercher leur ami. C’est à ce moment qu’ils ont vu la lumière de la lampe frontale de Rashid briller loin dans l’eau profonde.
Paniqués, ils ont immédiatement appelé les secours et les éléments de la National Coast Guard (NCG) de Bel-Ombre, des bénévoles et des proches se sont joints à la recherche. La mer, sombre et implacable, semblait absorber toutes leurs tentatives de retrouver l’octogénaire. À 03h40, après des heures de recherche frénétique, le corps de Rashid Meghoo a été retrouvé et ramené sur le rivage par des bénévoles. Les amis de Rashid, Abdool Rahman et Nesamhuddin, étaient en état de choc, incapables de prononcer un mot, submergés par la douleur de perdre leur ami de toujours. Le lendemain matin, à 9h, une autopsie, pratiquée par le Dr Chamane en présence de l’inspecteur Poorcelan, a attribué le décès à une asphyxie par noyade.
Un vide immense
Abdool Rahman et Nesamhuddin n’arrivent toujours pas à comprendre comment une soirée qui devait être remplie de joie et de camaraderie s’est transformée en cauchemar. Pour eux, la perte de Rashid Meghoo, un homme connu pour sa sagesse et son esprit jovial, laisse un vide immense dans leur vie.
Abdool Rahman est de ceux qui ont côtoyé Rashid Meghoo pendant sa jeunesse. Selon lui, Rashid était un homme toujours souriant, et dans sa localité à Camp-Diable, tout le monde le respectait et l’aimait. « Nou lamitie remonte a plis ki 35 ans. Rashid ti bien konten passe letan avek so ban kamarad. Apré namaz li ti konten koz kozer avek ban lezot mussali », dit-il. Abdool Rahman ajoute qu’il a eu la chance de connaître Rashid. « Sak foi mo ferm mo lizier, mo retrouve li. Mem pou so laz, li ti enkor ena so kouraz », ajoute-t-il. Notre interlocuteur raconte aussi qu’en 2023, pendant le mois de Ramadan, Rashid et lui avaient passé tout le mois du jeûne ensemble en Arabie saoudite dans le cadre de l’Umrah-Ramadan. « Rashid ti deza fer Hadj en 2002 », dit-il encore.
Passion pour la pêche
Revenant sur leur passion pour la pêche, Abdool Rahman nous confie que depuis le début de cette année, ils n’avaient pas eu l’occasion de sortir en raison des nombreuses pluies dans le sud. Leur première sortie de pêche de l’année allait ainsi la dernière avec son ami Rashid. Ils ont décidé de sortir le samedi 6 juillet et ce jour-là, Rashid Meghoo ne savait pas que le destin avait décidé autrement pour lui. « Nou ti konten ale lapess crevettes kan lamaré ba », laisse-t-il entendre. Abdool Rahman, Nesamhuddin et le défunt Rashid sont entrés dans la mer et ont commencé à pêcher avec un filet. L’eau de la mer était à hauteur de leurs chevilles.
À un moment donné, ils sont sortis de l’eau pour aller prendre un thé, mais Rashid a continué à pêcher. Selon Abdool Rahman, la marée a commencé à monter lorsqu’ils sont sortis pour regagner la terre. « Nivo lamer ti fini ariv kot zenou. Enn demi heure pli tard, nou inn remarker ki Rashid pa ti enkor vini. Nou finn ale crier li ek nou finn mem appel li lor so portab. Etan nou finn ale sa place kot li ti eter la, li ti nepli la », raconte-t-il, ému.