Friday , 29 March 2024

Droits des consommateurs – Produits intelligents : la vigilance préconisée

La Journée mondiale des droits des consommateurs a été observée en mars dernier et le thème était « Produits intelligents de confiance ». STAR a recueilli des conseils auprès des associations de protection des consommateurs pour mieux informer ceux-ci sur leurs droits.

L’un des droits fondamentaux des consommateurs est le droit à l’information. C’est ce que nous fait ressortir Mosadeq Sahebdin, le Président de Consumer Advocacy Platform (CAP). La CAP demande le respect du droit des consommateurs à l’information. « Pour la CAP, faute d’une compréhension globale de ce que la communication des données personnelles  implique en termes d’opportunités et de risques, les consommateurs pourraient devenir vulnérables », estime-t-il. L’avènement de produits connectés, toujours plus nombreux dans notre vie quotidienne, selon lui, exige une compréhension des problématiques de sécurité et de vie privée et implique le développement d’un cadre légal de protection du consommateur à même de promouvoir la confiance.

D’autre part, les produits connectés, poursuit-il, font tous partie de réseaux et de systèmes interconnectés plus larges, dans lesquels la vulnérabilité d’un seul élément peut compromettre l’ensemble. « Ces dernières années, on a vu se multiplier les cyberattaques très médiatisées qui ont commencé lorsque des hackers ont accédé à des appareils de consommateurs non sécurisés », souligne le président de CAP. En plus de l’interruption du service et du réseau, les appareils connectés non sécurisés menacent également directement la vie du consommateur. « Des chercheurs ont montré qu’il était possible de pirater certains appareils et d’en prendre le contrôle à distance», lance notre interlocuteur.

Mosadeq SahebdinAu chapitre de la confidentialité et de la protection des données, une étude globale des consommateurs datant de 2018 a montré que 52% des utilisateurs étaient plus inquiets de leur vie privée en ligne qu’ils ne l’étaient l’année précédente.  Dans le même ordre d’idées, 43% des personnes interrogées lors d’une autre enquête ont répondu qu’elles souhaitaient en savoir plus sur leurs données collectées par l’intermédiaire de leurs appareils connectés, tandis que 47% s’inquiétaient de l’usurpation d’identité.

Mosadeq Sahebdin nous indique qu’il existe un risque inhérent en matière de confidentialité des données dès lors que des appareils sont capables de communiquer les uns avec les autres et transférer des données de façon autonome à des tiers. Notre interlocuteur explique que les objets qui comportent un système connecté peuvent collecter des données ou des informations qui, en elles-mêmes, sont inoffensives, mais une fois rassemblées et recoupées avec d’autres informations, peuvent révéler des connaissances extrêmement précises sur un individu, ce qui entraîne un accroissement de la traçabilité et du «profiling» d’un utilisateur.

« Il est dommage que le ministre des TIC n’ait pas montré un intérêt quelconque pour marquer la Journée mondiale des droits des consommateurs, d’autant que le thème de cette année relève du champ d’opération de ce ministère. Nous attendons du ministère qu’il précise ses intentions en matière de l’Internet des objets », laisse-t-il entendre. Il conseille aux  consommateurs d’exercer leur droit à l’information en exigeant des revendeurs que toutes les informations relatives à l’utilisation, le stockage et le partage de leurs données personnelles leur soient communiquées pour leur permettre de faire un choix avisé avant l’achat d’un produit connecté.  « La vigilance est de mise avant de communiquer des données personnelles à un appareil », conclut-il.


Amita Gunesh de la CAU : les consommateurs doivent bien se renseigner auprès des vendeurs »

Amita GuneshPour Amita Gunesh, officier à la Consumer Affairs Unit (CAU), 80% des consommateurs sont conscients de leurs droits. Selon elle, les campagnes qu’organise la CAU éduquent de nombreux Mauriciens à travers l’île sur cet aspect.  « On fait de notre mieux pour toucher le plus de personnes. Les seniors, qui ne connaissent pas leurs droits et rencontrent des soucis, sont invités à venir déposer leur plainte à la  CAU à la rue Eugène Laurent, Port-Louis, ou à téléphoner sur le 185 pour se renseigner», dit-elle. Du côté de la CAU, poursuit-elle, on fait des efforts supplémentaires pour aider les clients. Pour Amita Gunesh, la meilleure solution est de résoudre les cas à l’amiable. En cas de non-consensus, la CAU réfère le cas au DPP en vue d’une poursuite légale. Concernant le thème de cette année, « Produits intelligents de confiance », elle n’objecte pas à la modernité et la sophistication, mais l’intimité pour elle demeure une condition sine qua non.

« Les consommateurs doivent se faire un devoir de bien se renseigner auprès des vendeurs sur les implications de produits intelligents avant de les acheter. Si un vendeur ne peut pas fournir des informations essentielles sur son produit, il est mieux de s’abstenir», conseille-t-elle.


Jayen Chellum, secrétaire général de l’ACIM : «Il ne faut pas divulguer des données personnelles»

Jayen ChellumJayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (l’ACIM), nous indique que les droits des consommateurs ne concernent pas uniquement l’achat de légumes, d’électroménagers ou d’autres objets. « En fait, les droits des consommateurs couvrent toutes les transactions, à titre d’exemple, les services d’assurance, les services bancaires voire les services publics», explique-t-il. Il poursuit que même la MBC, à laquelle on paie une redevance mensuellement, est redevable envers nous en ce qui concerne la qualité des programmes. Selon lui, à Maurice, un grand nombre de consommateurs ne connaissent pas vraiment leurs droits et même si certains en sont conscients, ils n’agissent pas pour défendre leurs droits.

« Par exemple, les gens utilisent leurs empreintes de doigt et les scanners d’iris pour accéder à leur smartphone», souligne-t-il. Jayen Chellum se demande si la confiance de ces personnes en ces compagnies n’est pas trop élevée. « On ne peut faire confiance à ces compagnies pour sauvegarder notre identité. On prend le risque sans se soucier des conséquences », ajoute-t-il. D’ailleurs, il fait allusion à l’affaire Edward Snowden en 2013 sur la surveillance mondiale d’internet, des téléphones portables et autres moyens de communication.

Le secrétaire général de l’ACIM est d’avis que les Mauriciens doivent apprendre à connaître davantage leurs droits en tant que consommateurs. Se protéger de l’emprise des ciblages publicitaires sur le Net qui est loin d’être hasardeuse. En utilisant l’internet, les compagnies comme Google et Facebook peuvent envoyer les données sur la tendance d’utilisation aux sociétés de commerce qui influencent les internautes pour acheter leurs produits. « Cela pourrait paraître une chose très commune de nos jours, mais on doit en même temps songer que l’usurpation d’identité est une affaire courante maintenant », avance ce dernier.

Pour protéger leurs droits, Jayen Chellum conseille aux consommateurs d’éviter de donner les empreintes importantes. Pour lui, il est meilleur d’utiliser les méthodes à l’ancienne comme le code numéral. Il nous prévient également de ne pas conserver, autant que possible, des informations cruciales comme les mots de passe des cartes bancaires ou autres sur les objets smart.


Pensez-vous que vos droits comme  consommateur sont respectés ?

Rukshaar Keramuth, 22 ans, de Port-Louis «Aucunement !»
«  Aucunement !  Et le plus grave c’est qu’il y a des supermarchés qui ont vendu des produits périmés et qui sont toujours opérationnels. Que font les autorités pour protéger les consommateurs? Et comment expliquer qu’un même produit se vend à des prix différents dans différents supermarchés? Et cela en dehors de la période des promotions. »

Kurshida Bibi Mungur, 24 ans, de Camp-Fouquereaux «Certainement pas !»
« Certainement pas !  Car  dans plusieurs de nos supermarchés les prix affichés ne sont pas les mêmes. Cela n’est pas à l’avantage des consommateurs.  Et c’est le ministère de la Protection des consommateurs qui doit veiller à ce que nos droits soient respectés. »

Fareed Bhoyroo,75 ans, de Quatre-Bornes «Certains commerçants sont sans scrupule»
« Il y a beaucoup d’abus de la part des commerçants sans scrupule qui ne reculent devant rien pour faire des bénéfices excessifs. D’autres vendent des produits périmés. Il faut que les autorités sévissent contre ces commerçants. Et je crois que le ministère concerné n’exerce pas suffisamment de contrôle dans des supermarchés ou autres boutiques. »

nawshad Dilmahomed, 40 ans, de Pailles «Bien sûr»
« Bien sûr. Il est dommage que bien souvent les consommateurs ne font pas entendre leur voix, quand ils sont victimes, aux responsables des magasins ou supermarchés. Par exemple après avoir acheté un produit dans un supermarché ou dans un magasin, on se rend compte à la maison que le produit est défectueux.  On ne fait pas savoir  au vendeur que le produit est défectueux.  On cherche réparation à travers les radios privées ou on poste ses critiques sur les réseaux sociaux. »

Aboo Khatib, 60 ans, de Terre-Rouge «Il y a des abus de la part des commerçants»
« Franchement dire jusqu’à présent, je n’ai rien à reprocher aux commerçants  meme si souvent il y a des abus de leur part. Leur marge de profit est souvent excessive et en outre certains commerçants malhonnêtes lors des soldes vendent des produits dont la date de péremption est proche ou qui sont déjà périmés ou abîmés. C’est au ministère concerné de veiller à ce que cela ne se passe pas ainsi. »

Ashkiini Ittoo, 20 ans, de Bel-Air «Nos droits ne sont pas respectés»
« Non ! Nos droits ne sont pas respectés. D’abord je dois dire qu’il y a un bon nombre de consommateurs qui ne connaissent pas leurs droits, et c’est important dans ce contexte car assez souvent, il y a des cas où ils sont victimes d’abus de la part de commerçants malhonnêtes. »

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A propos de Ahmad Fakuddeen Jilani

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