Saturday , 29 November 2025

Suhail Lidialam, nouveau patron du Police Press Office : «La transparence et la réactivité sont nos meilleures armes»

Le Deputy Assistant Superintendent of Police (DASP) Suhail Lidialam a pris les commandes du Police Press Office (PPO) cette semaine. Titulaire d’une maîtrise en français et en communication, il dit voir dans les journalistes des partenaires indispensables pour garantir une information juste et accessible au public. Pour lui, informer n’est pas seulement une responsabilité de la police, mais une mission à partager.

À 29 ans, vous êtes probablement le plus jeune élément de la police à occuper un poste aussi stratégique. Comment décririez-vous le chemin qui vous a mené jusqu’ici ?
C’est un parcours qui a commencé en 2019, lorsque j’ai intégré la police en tant que Cadet Officer. Après mes études tertiaires en langue française à l’université de Maurice, un recrutement d’officiers avait lieu dans divers domaines. Je détenais alors un diplôme en langue française et en communication. J’ai d’abord travaillé comme enseignant de français dans un collège, puis comme web-journaliste dans une entreprise privée. En 2019, après avoir rejoint la force policière, j’ai suivi une formation à la Police Training School, à la Special Mobile Force, et j’ai eu l’opportunité d’être formé à l’Académie de la police indienne à Hyderabad, considérée comme l’une des plus prestigieuses du pays, où de nombreux jeunes sont admis pour des formations de haut niveau.

Passer d’une communication défensive à une communication proactive, afin de mieux informer le public»

Que représente pour vous cette nomination en tant que responsable du Police Press Office ?
C’est un honneur et un privilège, que j’accueille avec beaucoup d’humilité. Je viens d’une famille modeste mais j’ai la chance de pouvoir miser sur un parcours académique solide. Cette nomination est une grande responsabilité, et j’espère être à la hauteur pour faire honneur à la police. Je remercie le Commissaire de police pour la confiance placée en moi. Mon objectif est d’apporter une nouvelle dimension à la communication policière afin de mieux faire passer les messages. Je souhaite aussi projeter une vision moderne et innovante, et redéfinir l’image de la communication du PPO.

Ressentez-vous une pression particulière face à cette responsabilité ?
Certainement. C’est un poste qui s’accompagne d’une forte pression, car la force policière est l’une des institutions les plus importantes du pays. Elle a le devoir de faire respecter la loi, et établir des relations solides entre le public et la presse demeure un véritable défi. Cette responsabilité crée bien sûr une pression, mais je la vois davantage comme une motivation que comme un fardeau. Elle me pousse à donner le meilleur de moi-même et à rester à la hauteur des attentes. Je suis conscient que les décisions que je prends ont un impact direct, et c’est pour cela que je m’efforce de rester concentré, rigoureux et transparent dans tout ce que j’entreprends.

Quels changements ou réformes souhaitez-vous apporter en priorité au Police Press Office ?
Tout d’abord, comme je l’ai déjà indiqué, je souhaite mettre davantage en avant l’utilisation des plateformes digitales. Il faut aussi améliorer la structuration interne de la communication afin que la diffusion de l’information soit correcte et rapide auprès du public. Je veux surtout valoriser le travail quotidien de la police et mettre en lumière les différentes unités qui accomplissent un travail remarquable au service des citoyens. En priorité, je souhaite renforcer la transparence et la rapidité de la communication, afin que le public ait accès à une information fiable et précise. Mon objectif est aussi de moderniser nos outils de diffusion, tout en construisant une relation de confiance durable avec les médias et la population.

Et comment allez-vous moderniser la communication de la police, notamment à l’ère numérique ?
J’aspire à utiliser de manière optimale les réseaux sociaux pour transmettre au public les informations essentielles. Il est encore trop tôt pour dévoiler tous mes projets, mais je peux dire qu’ils viseront à améliorer la communication entre la police, les médias et les citoyens. Ma volonté est de moderniser la communication policière en misant sur deux axes : transparence et proximité. À l’ère numérique, cela implique un recours accru aux réseaux sociaux, aux plateformes interactives et aux outils multimédias, afin d’informer efficacement le public, de lutter contre la désinformation et de renforcer le lien de confiance avec la population.

Quels sont, selon vous, les principaux défis de la police en matière de communication en 2025 ?
Le premier défi, c’est l’instantanéité de l’information. Avec l’essor des réseaux sociaux, la parole est accessible à tous, et cela peut parfois créer des perturbations dans la société. Il est donc primordial de mettre en place une ligne de communication structurée et fiable. Bien sûr, il est impossible de plaire ou de satisfaire toutes les composantes de la société, mais l’essentiel demeure de garder un langage de vérité. Les défis majeurs sont donc : la lutte contre la désinformation, la gestion de la communication en temps réel face aux réseaux sociaux, la protection des données sensibles, mais aussi l’utilisation d’un langage clair et accessible pour rapprocher davantage l’institution du citoyen.

L’essentiel demeure de garder un langage de vérité»

Quels changements souhaiteriez-vous apporter dans la manière dont la police interagit avec les journalistes ?
Je pense que la communication entre la force policière et les journalistes doit aller dans les deux sens. Il est essentiel de recevoir leurs retours pour mieux répondre à leurs besoins. Il faut instaurer une relation plus ouverte, fondée sur la confiance et la réactivité. La police doit fournir aux journalistes des informations fiables et en temps voulu, tout en facilitant l’accès aux porte-paroles compétents. L’objectif est de passer d’une communication défensive à une communication proactive, afin de mieux informer le public.

Comment envisagez-vous de renforcer la confiance du public envers la police à travers vos communications ?
Le public de 2025 attend plus de transparence. Avec l’émergence des « journalistes citoyens », qui relayent déjà de nombreuses informations avant même toute communication officielle, il est impératif de prendre en compte cette réalité avant de publier quoi que ce soit. En même temps, il est essentiel de respecter le devoir de réserve de la force policière, car la nature du métier comporte des implications sensibles. L’équilibre entre transparence et confidentialité sera donc au cœur de notre démarche.

Face aux « fake news » et aux rumeurs, quelles mesures pensez-vous mettre en place pour rétablir la vérité rapidement ?
Pour contre le phénomène de « fake news », le PPO va renforcer la présence officielle de la police sur les réseaux sociaux pour fournir des réponses claires, factuelles et rapides. La transparence et la réactivité seront nos meilleures armes pour rétablir la vérité et éviter toute confusion auprès du public. Mais je dois reconnaître que rétablir la vérité demeure un défi, car les enquêtes policières nécessitent du temps avant de pouvoir confirmer ou infirmer une information. Il faut donc veiller à une vérification rigoureuse avant toute communication.

De manière générale, quelle sera votre relation avec les médias ?
J’espère qu’elle sera cordiale et fondée sur le respect mutuel ! Je considère les journalistes comme des partenaires essentiels pour informer correctement le public. Mon souhait est d’instaurer un dialogue régulier, de répondre avec réactivité et de garantir un accès juste et équitable à l’information. Avec les médias, je veux bâtir une relation de confiance et de transparence, car informer le public est une mission que nous partageons.

Ceux qui vous connaissent savent que votre parcours n’a pas été un long fleuve tranquille. Quels ont été les principaux obstacles que vous avez dû surmonter ?
Je viens d’une famille modeste qui m’a transmis des valeurs de respect, d’honnêteté et d’humilité. Je vis dans une localité du cœur de la capitale où règne une belle entente entre les différentes composantes de la société. J’ai effectué mes études secondaires au collège Sir Abdool Razack Mohamed et mes études tertiaires à l’université de Maurice, sans grands moyens. En 2008, un événement tragique a bouleversé la vie de ma famille : mon père a été victime d’un accident qui l’a rendu paraplégique. Très jeune, j’ai donc dû assumer des responsabilités à la maison pour soutenir ma mère. Je rends hommage à mes parents qui ont été mon pilier jusqu’à l’âge adulte. Ce sont des personnes d’une grande simplicité, attachées aux valeurs essentielles et à la modestie dans leur quotidien. Je tiens particulièrement à mettre en lumière les efforts inlassables de ma mère pour que je ne manque de rien.

Quels conseils aimeriez-vous donner aux jeunes qui, comme vous, aspirent à tracer leur chemin malgré les difficultés ?
Avant tout, il faut croire en soi. Parfois, le chemin complet n’apparaît pas clairement quand on est jeune, mais il faut continuer à faire des efforts et franchir les étapes de la vie une à une. Il faut travailler dur et rester honnête dans toutes les situations. Le plus important est de s’accrocher aux paroles du Créateur pour vivre une vie saine et apaisée.

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