Sunday , 19 January 2025
Slimani Mohsine Karim

Slimani Mohsine Karim de l’AsbU : «Les Arabes veulent avoir des médias performants et crédibles»

Dans une interview à Star, Slimani Mohsine Karim, directeur de l’Arab States Broadcasting Union (ASBU), parle de son organisation, de l’audiovisuel arabe et de ses défis.

Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés comme directeur de l’ASBU ?
J’ai quatre objectifs prioritaires. Primo, améliorer les échanges des programmes entre les télévisions et les radios arabes et aussi avec les organisations professionnelles européennes et asiatiques. Secundo, je compte achever le projet de construction d’un nouveau siège de l’ASBU à Alger dont la première étape est presque terminée avec l’acquisition du terrain. Tertio, j’envisage d’ouvrir d’autres perspectives en développant une démarche de coopération avec les professionnels des médias de l’audiovisuel dans le monde. Et enfin en quatrième lieu, je veux faire de l’ASBU une plateforme de média adapté aux évolutions techniques et professionnelles qui s’opèrent dans la presse internationale.

Quels sont les plus grands défis à relever par les stations de radio et de télévision du monde arabe ?
Je pense sincèrement que les plus grands défis sont liés à des problèmes de maîtrise des aspects d’organisation qui sont à mon sens, gigantesques parce qu’il ne suffit pas d’avoir seulement des ressources financières pour pouvoir développer les médias de l’audiovisuel. Quel que soit le progrès réalisé ces dernières années par les médias de l’audiovisuel arabe, il reste néanmoins beaucoup à faire dans plusieurs domaines. notamment la formation en général et les aspects techniques et rédactionnels. Un travail monumental doit se faire tout le temps dans la préparation des nouvelles générations et la formation continue des compétences de l’audiovisuel arabe pour qu’ils puissent concurrencer leurs homologues américains et européens.

Enfin, je crois qu’en mettant les moyens nécessaires à la disposition des professionnels des médias de l’audiovisuel arabe et en s’appliquant avec vigueur dans le travail, il n’y a pas de raison que les radios et télévisions arabes ne soient pas aussi performantes que les autres télévisions développées qui ont un niveau plus élevé. En tout cas, nous travaillons à l’ASBU avec cet esprit d’aller de l’avant et de nous adapter aux normes internationales qui régissent les télévisions et les radios.

Quelles sont les attentes du public arabe ?
Les Arabes veulent avoir des médias performants et crédibles à l’image des télévisions des pays développés. Ils désirent suivre l’actualité du monde entier à travers un réseau de correspondants qui appartiennent aux télévisions arabes pour éviter les manipulations des autres médias. Ils souhaitent une ligne éditoriale autonome aux politiques pour pouvoir traiter toutes les questions de façon professionnelle. Ils s’attendent à ce que l’espace alloué à l’actualité internationale dans les différentes télévisions arabes soit développé pour suivre les changements qui s’opèrent dans le monde à travers les grandes crises internationales.

Est-ce que ces attentes diffèrent beaucoup d’un pays arabe à l’autre ?
Je pense qu’il n y a pas beaucoup de différence en matière d’attentes dans les pays arabes pour des raisons objectives relatives à la ressemblance des situations et des contextes qui existent dans le monde arabe. Réellement, je ne vois pas de spécificité entre ces pays.

Est-ce que les avancées numériques constituent une menace pour les stations arabes ?
Oui, elles sont une menace sérieuse. C’est pourquoi j’avais dit plus tôt que l’enjeu principal pour les télévisions et radios arabes c’est de s’adapter en matière d’organisation avec tout ce qui va avec. C’est-à-dire moderniser nos médias en termes de moyens de travail et de diffusion et préparer les compétences humaines pour répondre aux besoins de l’évolution technologique.

Nous n’avons pas d’autre issue que de travailler sérieusement et rester en contact avec l’évolution technologique et arriver à maîtriser au maximum le processus de fabrication et de diffusion des télévisions modernes.

Est-ce que les chaînes satellitaires étrangères représentent plus une menace ou une opportunité pour l’audiovisuel du monde arabe ?
Les chaînes satellitaires étrangères sont à la fois une menace et une opportunité pour l’audiovisuel arabe. D’abord, ce qui se fait ailleurs influence nos sociétés de façon directe parce que nous avons un public politisé et branché avec les médias. De l’autre côté, si nous n’arrivons pas à répondre aux besoins de ce public en matière d’information et de programmes, nous risquons de nous retrouver coincés avec notre public qui ne se retrouvera nulle part car, à un moment ou un autre, il saura qu’il est entraîné dans une logique qui ne le représente pas. Les télévisions et radios arabes doivent avoir leur propre logique qui n’a rien à voir avec la logique des télévisions étrangères.

Et c’est la raison pour laquelle je pense également  qu’il faudrait voir les télévisions étrangères comme une opportunité pour mettre en place dans nos pays des stations de télévisions gérées de façon professionnelle et qui répondent aux besoins des téléspectateurs et auditeurs arabes.

Est-ce que la globalisation, voire l’influence occidentale, accroît la nécessité des stations arabes d’être plus créatives pour préserver les cultures arabes ?
C’est exact, ils n’ont d’autre choix que de progresser dans tous les métiers de l’audiovisuel, de créer plus et de mettre à la disposition des chaînes de télévision une matière qui réponde aux besoins et à la qualité requise. Le débat sur les enjeux de la globalisation est présent partout dans nos médias et il fait ressortir tous les défis que le monde arabe doit affronter non seulement dans la communication audiovisuelle mais dans tous les secteurs. C’est pour cela que les médias de l’audiovisuel peuvent jouer un rôle principal en vue d’un nivellement par le haut de toute la machine du développement des sociétés arabes. L’enjeu est de taille, vous voyez que les médias de l’audiovisuel chez nous peuvent devenir le catalyseur du développement de nos sociétés et le contraire est vrai aussi si nous n’arriverons pas à investir ce champ de l’audiovisuel par nos propres moyens et notre propre intelligence.

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