En ce mois de Ramadan, les professionnels sont nombreux à vouloir profiter pleinement de ce mois béni du calendrier islamique. Si certains ont fait des demandes de congés auprès de leur employeur, d’autres ont décidé de travailler de la maison ou encore de revoir leurs horaires de travail. L’objectif ultime : faire un maximum d’ibadât, chercher le pardon et le plaisir du Créateur. Témoignages…
Nafisa Badul-Kheerdali : « Renouer notre relation avec le Créateur »
Enseignante de profession, Nafisa Badul-Kheerdali a décidé de poser des congés pour les dix derniers jours de Ramadan. Cette mère de deux enfants, mariée à un policier, espère pouvoir en tirer le maximum du dernier tiers de ce mois béni.
Nafisa Badul-Kheerdali, habitante de Valentina, Phoenix, explique que plusieurs raisons ont motivé sa décision. Parmi, la pandémie de Covid-19 en 2020 et 2021 qui, dit-elle, a sonné comme un « wake-up call » pour elle. « Nous avons connu la Covid-19 et ses multiples répercussions. Ce qui nous a permis à tous, je pense, de prendre conscience à quel point il est important que nous revoyions notre relation avec le Créateur », dit-elle. Aussi, les deux confinements qu’a connus le pays en 2020 et 2021 lui a permis de profiter un peu plus du mois de Ramadan ces deux dernières années. « Il n’y avait pas d’école en présentiel. J’étais donc à la maison. J’ai constaté que cette situation m’a permis de profiter davantage de Ramadan. Avan, avek travay, ou fini fatiguer. Qur’an ti pe lir tigit tigit. Ek kan arriv asoir, fer Taraweeh vit vit », concède-t-elle.
Pour notre interlocutrice, ces 10 jours de congés seront aussi l’occasion pour elle d’inculquer à ses deux enfants de 8 et 10 ans les valeurs de Ramadan, notamment la spiritualité, le sacrifice, le partage et la convivialité, entre autres. « C’est tout aussi nécessaire qu’ils réalisent toute l’importance de la fête Eid-ul-Fitr. Ca mem nou pli gran fete », fait-elle ressortir.
Emploi du temps
Afin de profiter pleinement du dernier tiers du mois de Ramadan, Nafisa Badul-Kheerdali a mis au point un emploi du temps qu’elle compte bien suivre. Le réveil le matin pour cette mère de famille se fera très tôt pour l’accomplissement du Tahajjud. Elle réveillera ensuite ses deux enfants pour prendre le sehri. Après la Salât-ul-Fajr, elle en profitera pour se reposer avant de réveiller à nouveaux ses deux enfants et les préparer pour l’école. Une fois ces derniers partis, elle s’attèlera aux tâches ménagères jusqu’à Zohr. « Je compte faire quelques prières additionnelles (nafil), un peu de lecture du Quran et le ‘tasbeeh’. Ce, jusqu’au retour des enfants à la maison vers 16h », dit-elle.
Après Asr, Nafisa Badul-Kheerdali indique qu’elle se mettra alors aux fourneaux pour la préparation de l’iftar et du repas du soir. Elle explique que son époux, policier de profession, a lui aussi pris des congés pour accomplir l’Itikâf à la mosquée. « Mon fils se chargera d’aller remettre à son père les gâteaux et le repas à la mosquée qui se trouve à quelques mètres seulement de notre maison », avance-t-elle. Et le soir, après la Salât-ul-Esha, elle souhaite pouvoir accomplir le Taraweeh avec plus de concentration et de dévotion qu’en temps normal. « Lors des nuits impaires, je m’efforcerai à accomplir davantage de nafil et de faire davantage d’invocations », conclut-elle.
Feroze Baccus : « Un réajustement de mes horaires de travail »
Feroze Baccus, 48 ans, fait du Network Marketing. Un métier très exigeant et qui prend beaucoup de son temps et de son énergie. Mais dans le cadre du mois de Ramadan, il a décidé de revoir ses horaires de travail.
Cet habitant de la rue Couvent de Lorette, Curepipe, travaille pour le compte d’une entreprise basée en Inde et qui dispose d’une branche à Maurice. En somme, son travail consiste d’une part à faire la présentation de produits auprès de particuliers et d’autre part, il doit aussi former et assister des nouveaux adhérents à la compagnie qui veulent eux aussi se lancer dans la vente de ces produits jusqu’à ce que ces derniers deviennent autonomes.
Une tâche qui non seulement le conduit, son équipe et lui, aux quatre coins du pays mais qui l’amène aussi à travailler à des horaires peu communs. « Aujourd’hui, beaucoup de gens travaillent et retournent chez eux à partir de 17h. Ce qui fait que nos présentations, qui durent entre une et deux heures chez un particulier, se font parfois jusqu’à fort tard le soir », déclare ce mécanicien de formation.
Mais pour le mois de Ramadan, Feroze Baccus a décidé de revoir ses horaires de travail afin qu’il puisse se consacrer un peu plus à l’accomplissement des ibadâts. « En fait, lors des confinements liés à la Covid-19, mon épouse et moi n’avons pas pu travailler. Certes, cela a eu un impact mais il y a eu aussi du bon, car cela nous a permis de nous consacrer davantage aux prières mais aussi de passer plus de temps en famille. Nou ti pe fer tou ensam, ki li ibadât, ki li dan la cuisine pour preparation ban repas », dit-il.
Depuis, le couple se donne à fond durant 11 mois pour pouvoir se mettre en retrait durant le mois béni. « Mais cette année, des objectifs nous ont été fixés en termes de chiffre d’affaires et si je ne travaille pas, cela risquerait d’avoir un impact sur la performance de toute l’équipe et les pénaliser, car il y a aussi des récompenses à la clé », soutient-t-il.
D’où un réajustement de ses horaires de travail, soit de 9h à 15h seulement. En effet, une fois qu’il a déposé son benjamin à l’école le matin, Feroze Baccus se rend « sur le terrain ». « Je limite le nombre de présentation à 3 ou 4 au grand maximum. Parski sa travay la demann cozé beaucoup. Parfoi lagorz sec, saliv in fini, ou gagne toussé ou bien ou senti ou pe tranglé », dit-il. Et l’après-midi, une fois qu’il a récupéré son fils à l’école et qu’il est de retour chez lui, après un bain et une petite sieste, le quadragénaire peut alors se consacrer pleinement aux prières.
Suhayl Sakauloo : « Des congés pour accomplir l’Itikâf »
Suhayl Sakauloo, 18 ans seulement, a pris quelques jours de congés dans un but bien précis : accomplir l’Itikâf à la mosquée pour la première fois.
Employé auprès de la compagnie Polytol Paints Ltd depuis environ 6 mois seulement, Suhayl Sakauloo indique que l’idée d’accomplir la retraite spirituelle à la mosquée lui trottait dans la tête depuis quelque temps déjà. « Depi impe letemps mo ti fer l’intention pou ale fer Itikâf, mé mo ti encore lecole, li ti compliqué », concède-t-il.
Cet habitant de Le Hochet, Terre-Rouge, se réjouit cependant que son employeur lui ait bienveillamment autorisé à prendre des congés afin qu’il puisse accomplir ce souhait. « Etant éligible à quelques jours de congés, je me suis dit pourquoi ne pas en profiter pour aller en retraite spirituelle. J’ai fait une demande en ce sens, laquelle a été acceptée », dit-il. Le jeune homme indique qu’il compte, en effet, en profiter pour accomplir le maximum de prières possibles mais aussi pour se repentir et chercher le plaisir d’Allah.
Bien que ce sera une première pour lui, Suhayl Sakauloo indique qu’il n’a aucune appréhension. Et pour cause. « J’accomplirai l’Itikâf à la mosquée que je fréquente quotidiennement, et ce, depuis que je suis tout petit. Je connais bien les fidèles et donc, je me sens rassuré. Aussi, j’ai déjà passé la nuit à la mosquée dans le passé, et ce, à plusieurs reprises, dans le cadre des activités qu’organisent de temps en temps la mosquée », explique le cadet de la famille.
Notre interlocuteur explique qu’il a d’ailleurs déjà commencé les préparatifs en ce sens. « Bizin fini rod ban linz pou mete ek oussi pren disposition pou ki kiken vine kit mo ban repas », dit-il en se réjouissant qu’il peut compter sur son père pour cela.