En cette nouvelle année, les jeunes, véritables piliers de l’avenir d’une nation, nourrissent des attentes élevées envers le nouveau gouvernement, espérant des réformes à la hauteur des défis qu’ils rencontrent. Entre éducation, emploi, santé, environnement et participation citoyenne, leurs préoccupations témoignent d’un désir ardent de contribuer activement à la construction d’une société plus équitable et prospère.
Ajmal Aubdoollah, étudiant en Sciences Quantitative et Finances : « Des mesures pour établir des bases durables »
Depuis le changement de régime, Ajmal Aubdoollah, 21 ans, dit ressentir, comme beaucoup de jeunes, un mélange d’espoir et d’impatience. « Nous aspirons à voir nos préoccupations prises en compte, nos ambitions soutenues, et surtout des actions concrètes dans l’intérêt de notre pays », déclare d’emblée l’étudiant à l’université de Maurice.
Selon ce jeune habitant de Curepipe, les secteurs de l’éducation et de l’emploi nécessitent une révision en profondeur. « Nous stagnons alors qu’à l’étranger ces secteurs évoluent avec une rapidité extraordinaire. Il est impératif de moderniser notre système éducatif en intégrant des compétences pratiques, numériques et entrepreneuriales. Cela permettra de mieux préparer les jeunes aux réalités du monde professionnel », explique-t-il, tout en déplorant que la transition entre les études supérieures et le monde du travail reste problématique.
Jeunesse et chômage
Selon notre interlocuteur, en cette nouvelle année, l’emploi demeurerait une préoccupation centrale pour ce nouveau gouvernement. Il souligne que chaque année de nombreux diplômés peinent à trouver un travail à la hauteur de leurs qualifications. « Il faut encourager la création de zones économiques spéciales et renforcer les partenariats entre universités et entreprises afin de dynamiser le marché de l’emploi », affirme-t-il.
Ajmal Aubdoollah met également l’accent sur la jeunesse qui ne souhaite pas emprunter les voies traditionnelles vers le succès. « La création d’incubateurs d’entreprises pour accompagner les jeunes innovateurs, ainsi que des aides financières, comme des subventions ou des prêts à taux réduit, pourraient constituer un véritable tremplin pour les plus ambitieux », propose-t-il.
Un regard réaliste sur les défis
Cela dit, le jeune homme se veut réaliste face aux défis qui attendent le nouveau gouvernement cette année. Il reconnaît qu’une transformation profonde du pays ne peut s’opérer instantanément. « Il est crucial de comprendre que même les gouvernements les plus ambitieux ont besoin de temps pour concevoir et mettre en œuvre des réformes structurantes. Ces dernières demandent des stratégies solides et un suivi rigoureux pour produire des résultats tangibles », reconnaît-il.
Cependant, il insiste sur le rôle actif que les jeunes doivent jouer. « La patience ne signifie pas l’inaction. Nous devons encourager les nouveaux gouvernants à adopter des mesures non pas pour nous plaire à court terme, mais pour établir des bases durables et efficaces sur le long terme », insiste-t-il.
Ajmal Aubdoollah affirme également percevoir une évolution positive avec ce nouveau régime. « Depuis leur arrivée, il y a un certain feel good factor. Le communalisme semble s’être estompé, et je suis convaincu que la méritocratie prendra désormais le pas dans notre société », conclut-il avec optimisme.
Ra’naa Bint Hussain Bahadoor, jeune professionnelle : « Instaurer une culture de transparence »
Jeune et dynamique, Ra’naa Bint Hussain Bahadoor a récemment rejoint le monde professionnel. Pour elle, les jeunes sont souvent décriés pour leur apathie politique, notamment parce que les formes d’engagement qu’ils déploient sont parfois peu légitimées socialement. « Les élections précédentes ont permis de dissiper en profondeur le brouillard politique entourant la jeunesse mauricienne, provoquant un déclic salutaire face au malaise grandissant qui, sous l’ancien gouvernement, s’était progressivement transformé en un véritable désarroi », dit-elle.
En tant que jeune, elle dit aspirer à une véritable métamorphose, un renouveau profond que ce nouveau mandat devrait incarner. « Ma principale attente est une amélioration significative de la sécurité publique. Ces dernières années, l’île Maurice a été marquée par une hostilité croissante, un sentiment ‘anti-flic’, un phénomène dévastateur qui a conduit une partie de la population à détester ceux qui étaient censés les protéger », souligne-t-elle.
Ra’naa Bahadoor soutient que l’adoption d’une Police and Criminal Evidence Act), à l’image de celle du Royaume-Uni en 1984, pourrait grandement aider la force policière en établissant un cadre légal clair et transparent pour les pratiques policières et les enquêtes criminelles. « Dans le contexte d’une démocratie affaiblie sous l’ancien régime, notamment en matière d’arrestation, de détention, de perquisition et d’interrogation, une telle législation permettrait de réduire les risques d’abus de pouvoir, particulièrement dans un système où la police a parfois été manipulée par des figures politiques autoritaires », propose la diplômée en droit de la Middlesex University.
Pour elle, la protection des droits des citoyens, y compris des droits fondamentaux tels que le droit à un avocat, à l’information en cas d’arrestation et la protection contre les détentions arbitraires, doit être une priorité pour ce nouveau gouvernement.
Monde professionnel et méritocratie
Alors qu’elle fait ses premiers pas dans le monde professionnel, Ra’naa Bahadoor confie être préoccupée par certains aspects. « Le monde du travail à Maurice est souvent entaché de pratiques qui découragent les jeunes diplômés, comme le népotisme et les inégalités salariales. Malgré leurs qualifications, beaucoup de jeunes peinent à trouver des emplois correspondant à leurs compétences ou à leurs aspirations salariales. Pire encore, certains doivent s’appuyer sur des connexions politiques pour accéder à des opportunités, ce qui engendre un profond sentiment d’injustice et d’exclusion chez ceux qui souhaitent réussir par leur seul mérite », déplore notre interlocutrice, actuellement en pupillage chez A.R.M.A Peeroo Chambers.
Selon elle, cette situation favorise l’exode des jeunes, laissant derrière eux une île privée des compétences essentielles à la gestion économique et au développement durable. « Le nouveau gouvernement doit impérativement instaurer une culture de transparence dans les processus de recrutement et tenir ses engagements financiers. Il est crucial de réviser les grilles salariales pour garantir une rémunération juste et de promouvoir un environnement de travail fondé sur le mérite et l’équité », affirme-t-elle avec conviction.
Arifah Pandore, étudiante en Grade 12 : « Moderniser le système éducatif »
Etudiante en Grade 12 au Couvent de Lorette de Quatre-Bornes, Arifah Pandore souligne l’importance d’adapter l’éducation aux réalités contemporaines. Elle insiste sur la nécessité de ce nouveau régime d’intégrer des compétences telles que la programmation, le codage et l’intelligence artificielle dans les programmes scolaires. Ces outils, désormais essentiels, selon elle, permettront aux élèves d’être mieux préparés pour les métiers de demain.
L’investissement dans les technologies éducatives constitue, pour elle, un autre levier important. « Les établissements scolaires doivent être équipés de matériels modernes, comme des tableaux interactifs et un accès Internet fiable. Ces infrastructures technologiques transformeront les salles de classe en espaces d’apprentissage connectés et dynamiques, facilitant l’acquisition des compétences nécessaires dans un monde numérique », explique-t-elle.
Education inclusive
Arifah Pandore exprime une pensée particulière pour les enfants en situation de handicap. Elle milite pour un système éducatif inclusif et équitable, où chaque élève, quelles que soient ses limitations, aurait les mêmes chances de réussir.
Elle ajoute également qu’une éducation modernisée devrait renforcer l’identité nationale en intégrant davantage l’histoire et la culture mauriciennes dans les programmes. Selon elle, cela contribuerait à « consolider le sentiment d’appartenance et d’unité au sein de la société mauricienne ».
Outre les réformes éducatives, Arifah Pandore appelle le nouveau gouvernement à s’engager activement dans la création d’opportunités pour les jeunes. « Des partenariats solides avec des entreprises permettraient aux étudiants de découvrir divers métiers avant de faire leurs choix de carrière. De plus, il est impératif d’encourager les projets durables, notamment dans les secteurs de l’énergie solaire, de l’énergie éolienne et de la gestion des déchets », souligne-t-elle.
Ces initiatives, selon elle, ne se limiteraient pas à réduire le chômage. Elles favoriseraient également la créativité et l’esprit entrepreneurial des jeunes, qui, malheureusement, restent souvent à l’écart des décisions importantes du pays. Elle conclut en adressant un message direct et ambitieux aux dirigeants : « Écoutez la jeunesse, non pas par obligation, mais avec la conviction qu’elle représente un atout majeur pour bâtir l’avenir. Investissez dans une éducation innovante, dans des emplois durables et dans l’entrepreneuriat. Gouvernez non seulement pour aujourd’hui, mais pour demain. »
Umar Sayad Hussein, étudiant en Finance : « Travailler pour un avenir meilleur »
Passionné par les enjeux économiques et sociaux du pays, Umar Sayad Hussein, 21 ans, étudiant en finance, exprime en cette nouvelle année ses attentes envers le nouveau régime gouvernemental. « Les jeunes, comme moi, aspirent à un véritable changement, pas seulement à des promesses électorales », affirme Umar avec détermination.
Pour lui, les défis économiques tels que l’inflation croissante et le chômage des jeunes nécessitent des actions concrètes. « Le nouveau gouvernement doit agir rapidement pour restaurer la confiance, notamment auprès de la jeunesse. Nous voulons des politiques inclusives qui favorisent la création d’emplois et soutiennent les petites et moyennes entreprises », ajoute-t-il.
Malgré les scandales fréquents et la gestion inefficace des affaires publiques sous le régime précédent, Umar Sayad Hussein se montre optimiste quant à l’avenir sous le régime actuel. « Les gens veulent des dirigeants qui écoutent et agissent, pas qui s’enferment dans des discours déconnectés de la réalité. Avec ce nouveau gouvernement, nous espérons que notre voix sera entendue », affirme l’habitant de Beau-Bassin.
Décisions nationales
Umar Sayad Hussein espère que cette alternance politique ouvrira une nouvelle ère. « Ce n’est pas le moment de décevoir. Les jeunes sont prêts à s’investir et à travailler pour un avenir meilleur, mais nous avons besoin de leaders qui nous soutiennent dans ce processus », déclare-t-il.
Toutefois, il regrette que les jeunes soient encore largement absents des prises de décisions. « Cette marginalisation limite la diversité des idées et des perspectives au sein du gouvernement. Il serait pertinent de mettre en place des forums consultatifs nationaux où les jeunes pourraient s’exprimer directement. Cela garantirait que nos préoccupations soient prises en compte », propose-t-il.
Interrogé sur les changements qu’il souhaiterait voir dans le système éducatif, notre interlocuteur souligne la nécessité de s’éloigner d’un modèle purement théorique. « Nous avons besoin d’un programme qui valorise les compétences pratiques et les expériences concrètes », explique-t-il. Il recommande l’intégration de stages obligatoires, d’ateliers pratiques et de projets collaboratifs dans les cursus universitaires.
Enfin, il insiste sur l’importance d’aligner l’éducation sur les besoins du marché du travail.
« Les jeunes doivent être formés dans des domaines émergents comme la fintech, l’intelligence artificielle ou la gestion durable », conclut-il.
Amirah Perou, étudiante à la SSS de Sodnac : « Action forte face au fléau de la drogue »
Amirah Perou, élève en Grade 13 à la SSS de Sodnac se prépare à recevoir les résultats des examens du HSC. Selon elle, la question de l’employabilité des jeunes, même après des études tertiaires, constitue un dossier prioritaire. Elle propose une initiative novatrice : l’extension des horaires scolaires sur une base optionnelle. « Ce temps supplémentaire pourrait être consacré à des formations pratiques essentielles pour le marché du travail », explique-t-elle. Elle estime qu’un tel investissement, de la part du nouveau régime, permettrait d’armer les jeunes Mauriciens des compétences nécessaires pour s’intégrer plus aisément dans le monde professionnel et répondre aux attentes du marché de l’emploi.
Amirah Perou plaide également pour des mesures incitatives à l’égard des entreprises qui choisissent d’embaucher des étudiants ou des jeunes diplômés. Cette stratégie, selon elle, favoriserait non seulement une meilleure intégration des jeunes dans le monde du travail, mais dynamiserait également l’économie nationale.
Lutte contre la toxicomanie
Sur un ton empreint de gravité, notre interlocutrice aborde également le problème croissant de la toxicomanie parmi les jeunes. Elle appelle à une intervention vigoureuse de l’État face à ce fléau qui, selon elle, « touche des jeunes issus de toutes les couches sociales ». Elle propose l’adoption de réglementations strictes sur le tabagisme en public, associées à l’installation de caméras de surveillance et à l’imposition d’amendes dissuasives, afin de réduire les comportements à risque.
L’éducation, pierre angulaire de toute société, demeure au cœur des préoccupations d’Amirah Perou. Elle milite pour une réforme profonde du système scolaire mauricien, notamment la suppression du programme Nine Year Schooling, qu’elle considère « inefficace ». « Le faible taux de réussite au National Certificate of Education (NCE) met en lumière la nécessité d’un changement radical », souligne-t-elle en faisant ressortir la violence croissante dans les écoles, qu’elle estime devoir être traitée de manière urgente.
Malgré les nombreux défis, Amirah Perou se montre optimiste quant à l’avenir du pays. Elle exprime sa confiance en la jeunesse mauricienne, qu’elle considère prête à relever les défis et à contribuer activement à la prospérité de la nation. « J’attends avec impatience une transformation remarquable qui permettra à notre paradis de prospérer à nouveau. Un avenir où, en tant que peuple uni, nous progresserons main dans la main », déclare-t-elle.