Thursday , 28 March 2024

Haniff Peerun, président du MLC : « La fièvre aphteuse a été gérée avec amateurisme »

Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), revient sur les évènements entourant la fièvre aphteuse. Par ailleurs, il accuse la Mauritius Meat Authority d’amateurisme dans la gestion de l’organisme. Il est également revenu sur le Nine Year Schooling expliquant que les candidats du privé vont souffrir avec le remplacement du CPE.

  • Quelle est votre analyse des résultats du Fact-Finding Committee sur la fièvre aphteuse ? 

Le ministère de l’Agroindustrie, plus précisément le service vétérinaire, a été blâmé pour manque de professionnalisme dans la façon dont la fièvre aphteuse a été gérée à Maurice. Mais personnellement, je trouve qu’au moment où la fièvre battait son plein à Maurice, les mesures appropriées n’ont pas été prises pour que la situation ne refasse pas surface et pour que la maladie ne se propage pas. La fièvre aphteuse a été gérée avec amateurisme. Abattre les animaux n’était pas la solution. Il y a beaucoup de leçons à retenir de ce qui s’est passé. Même les consommateurs se sont posé des questions et se sont demandé s’ils n’auraient pas consommé de la viande contaminée à l’époque ou le pays était frappé par cette épizootie.

  • Le Fact Finding Committee présidé par la magistrate Shameen Hamuth-Laulloo a conclu que la fièvre aphteuse provient de la viande surgelée…

 La Mauritius Meat Authoriy (MMA) est censée produire de la viande fraîche. Or, dans l’enceinte de la MMA, un étranger dispose d’un étal pour commercialiser de la viande surgelée. Comment a-ton pu autoriser cela ?

  • La MMA a, jusqu’ici, fait face à pas mal de critiques. Quelle est la situation actuelle ?

 La gestion de la MMA est à déplorer. D’abord, il y a plusieurs problèmes que nous avons énumérés dans le passé auxquels aucune solution n’a été apportée jusqu’ici. Les équipements utilisés pour l’abattage des animaux n’ont pas été renouvelés à ce jour. Il y a aussi des soucis par rapport aux horaires de travail des employés. Autrefois, ces derniers pouvaient rentrer chez eux dès qu’ils avaient terminé leur travail, car ils prennent leur boulot à 2 heures ou 3 heures du matin. Ils travaillaient selon la « task force ». Or, depuis l’année dernière, ils sont forcés de rester dans les locaux de la MMA jusqu’à 14 heures, même s’ils n’ont rien à faire. Parmi d’autres problèmes, il y a celui du favoritisme. Par ailleurs, il y a le problème de proximité entre la section des porcs et celle des boeufs et cabris. La distance est limitée entre ces trois sections. Du coup, il y a des inconvénients qui sont inacceptables pour la section boeufs et cabris, comme l’odeur issue de la section porc qui se répand jusqu’à la section boeufs ou cabris, ou même les mouches qui sortent de la section porc et viennent se poser sur les viandes dans les deux autres sections. Ce sont des éléments à revoir.

  • Quelles sont les mesures envisageables pour redresser la situation ?

 D’abord, je dois préciser que la direction de la MMA agit avec amateurisme et clairement, elle ne souhaite pas apporter des solutions aux problèmes. J’ai adressé une lettre à la direction qui nous la convoqués à une réunion. Il y a des propositions qu’elle a acceptées, comme le manque de ressources, le travail supplémentaire, le recrutement de personnel, entre autres. Mais, au sujet des horaires du travail des employés, nous n’avons pas trouvé un terrain d’entente. Donc, j’ai logé une plainte au ministère du Travail, qui mène une enquête à ce sujet ainsi sur la suspension d’un employé depuis 2016. Je projette de prendre des mesures drastiques si la direction de la MMA ne change pas d’avis.

  • Le Nine Year Schooling a été implémenté dans le primaire cette année. Comment cela se passe-t-il dans les écoles ?

 Il y a des retombées positives comme des retombées négatives. La ministre Leela Devi Dookun Luchoomun a procédé trop vite à un changement dans le système d’éducation. Il n’y a pas eu de consultations appropriées avec des experts de l’éducation, notamment des pédagogues qualifiés. Toute la population nage dans la confusion et les parents sont angoissés car ils n’ont pas été bien informés. Il y a eu des changements majeurs. D’abord et surtout, le Certificate of Pimary Education (CPE)est devenu le Primary School Achievement Certificate (PSAC). Les grades ont été introduits. 60% du PSAC seront retenus pour des examens écrits et 40% seront pris en compte pour des contrôles qui seront effectués. Les enfants prendront part aux examens dans les «core subjects» (anglais, français, mathématiques) au PSAC. Mais, pour ce qui est d’autres sujets comme sciences, histoire et géographie, les enfants seront évalués en cinquième. Les parents se demandent comment on peut prendre part à des examens du PSAC en cinquième.

  • Qu’en est-il des candidats privés qui voudront prendre part aux examens ? 

Il y a des « entry qualification » pour certains postes dans la fonction publique ou même dans le privé qui réclament au moins un certificat de CPE. Par exemple, quand un chauffeur est employé par le gouvernement, il doit produire son certificat de CPE. Maintenant, le CPE a été transformé en PSAC. À Maurice, il y a beaucoup de personnes, jeunes comme adultes ou même des détenus qui prenaient part aux examens de CPE. Donc, est-ce que l’entry qualification va augmenter en passant de CPE à NCE (National Certificate of Education). Ceci dit, beaucoup de gens risquent de ne pas avoir de travail.

Quel est l’état d’esprit des enseignants ?

  • Les enseignants eux-mêmes sont perplexes. Comment peuventils donner l’assurance nécessaire aux enfants et aux parents? On demande aux enseignants d’enseigner les Communication Skills en primaire. Mais, il faut se demander si l’enseignant a été formé pour enseigner ce sujet. Une journée de formation aux enseignants pendant les vacances scolaires ne suffit pas. Donc, il est normal que les enseignants ne soient pas encore convaincus par le Nine-Year Schooling et se disent perplexes.

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