- Les enfants de moins de 12 ans ne pourront pas accomplir le grand pèlerinage
- Certificat médical obligatoire pour ceux éligibles à partir à La Mecque
Afin d’assurer la sécurité et le bien-être des pèlerins, le gouvernement saoudien a introduit de nouvelles restrictions sanitaires strictes pour ceux qui entreprendront le Hadj en juin 2025.
Selon un avis de santé envoyé à de différents pays, seules les personnes en bonne santé et en forme seront autorisées à voyager pour accomplir le Hadj l’année prochaine, tandis que celles souffrant de maladies graves seront interdites. L’avis, publié par le ministère saoudien du Hadj et de l’Umrah, précise que les pèlerins ayant des problèmes de foie, de cœur, de poumon ou de cancer, ainsi que ceux qui souffrent de démence, de maladies infectieuses comme la tuberculose, les enfants de moins de 12 ans et les femmes enceintes ne seront pas autorisés à voyager. Cette décision a été prise en raison des conditions extrêmes en Arabie saoudite durant la saison du Hadj ces dernières années. En plus des restrictions sanitaires, les pèlerins seront obligés de se faire vacciner contre la méningite, la Covid-19, l’influenza saisonnière et la polio.
L’ICC s’attèle à la tâche
L’Islamic Cultural Centre (ICC), qui a déjà commencé à travailler sur le Hadj 2025, confirme avoir reçu le communiqué du ministère du Hadj et de l’Umrah de l’Arabie saoudite concernant les restrictions pour les personnes malades et celles sous traitement pour les maladies mentionnées, ainsi que pour les enfants de moins de 12 ans et les femmes enceintes. La direction de l’organisme de la rue La Paix précise que « l’avis sanitaire du ministère saoudien du Hadj et de l’Umrah sera suivi à la lettre ». Toute personne dont le nom figure sur la liste pour accomplir le Hadj en 2025 devra obligatoirement présenter un certificat médical complet émanant d’un médecin d’un hôpital public, et non d’un médecin privé ou d’une clinique.
En outre, les opérateurs doivent s’assurer que les pèlerins sous leur responsabilité passent un examen médical complet dans un hôpital public, à présenter au Centre culturel islamique. Le Centre compte suivre strictement l’avis sanitaire du Royaume saoudien afin d’éviter des problèmes.
« Pas de chamboulement… »
Invité à réagir à la suite de la publication de ces nouvelles directives sanitaires du ministère saoudien du Hadj et de l’Umrah, Yousuf Salehmohamed, président du conseil d’administration de l’ICC, nous a expliqué que « l’avis sanitaire de l’Arabie saoudite pour le Hadj 2025 ne chamboulera pas le plan de travail de l’ICC ». Il précise que « le règlement de santé imposé par le ministère saoudien est une précaution plus poussée ». Il rappelle que dans le cadre du Hadj 2024, dix médecins avaient accompagné les pèlerins mauriciens, et « il n’y avait pas eu de gros problèmes de santé, excepté les décès, qui échappent au contrôle des médecins ».
En ce qui concerne les enfants de moins de 12 ans qui ne seront plus autorisés à accomplir le Hadj jusqu’à nouvel ordre, Yousuf Salehmohamed laisse entendre que le comité des oulémas de l’ICC avait, dans le passé, donné son avis sur la question. « Le Hadj n’est pas obligatoire pour un enfant qui n’a pas baligh (NDLR : qui n’a pas encore atteint l’âge de la puberté). Il en va de même pour les femmes enceintes, notamment celles qui sont à deux mois de leur accouchement avant leur départ », explique-t-il et de préciser qu’un avis sera publié prochainement dans la presse pour informer les futurs pèlerins sur l’avis sanitaire et les maladies concernées.
Personnes âgées et maladies
En ce qui concerne le profil des pèlerins, rien ne changera, affirme le Chairman de l’ICC. « Une personne âgée est parfois en meilleure santé qu’une personne plus jeune. L’âge n’a rien à voir avec l’avis sanitaire », insiste Youssouf Salehmohamed. Quant au certificat médical que doivent produire les futurs pèlerins, « aucune date n’a encore été fixée, en attendant une réunion avec les opérateurs potentiels ». « Au vu de la situation, un calendrier sera établi bien à l’avance », nous dit Yousuf Salehmohamed.
Il explique également que si une personne éligible tombe malade après avoir soumis un bilan de santé positif et qu’une maladie est détectée à l’approche du départ, « cette personne ne pourra pas obtenir de visa ». Yousuf Salehmohamed précise qu’une personne en bonne santé peut tomber malade après la vaccination. « La liste des pèlerins sera disponible bien en avance afin de leur permettre de passer tous les tests médicaux nécessaires. (…) L’ICC, le ministère des Arts et du Patrimoine culturel travailleront en étroite collaboration avec le ministère de la Santé afin de permettre aux futurs pèlerins de faire leur bilan de santé dans les cinq principaux hôpitaux de l’île », assure-t-il.
Les exigences et directives sanitaires pour le Hadj 2025
Selon les nouvelles directives sanitaires imposées par l’Arabie saoudite, les personnes souffrant des maladies suivantes ne pourront accomplir le Hadj en 2025 :
- Insuffisance rénale avancée nécessitant une hémodialyse ou une dialyse péritonéale.
- Insuffisance cardiaque avancée dont les symptômes apparaissent au repos ou avec un effort physique minimal.
- Maladies pulmonaires chroniques nécessitant un usage intermittent ou continu d’oxygène.
- Cirrhose avancée accompagnée de signes d’insuffisance hépatique tels que l’ascite, des varices œsophagiennes, des saignements, des convulsions ou une perte de conscience.
- Maladies neuropsychiatriques sévères qui altèrent la cognition ou sont accompagnées de graves handicaps moteurs.
- Vieillissement accompagné de démence.
- Grossesse dans les deux derniers mois, ainsi que les grossesses à complication à tous les stades.
- Maladies infectieuses actives ayant un impact sur la santé publique au sein des populations humaines (telles que la tuberculose pulmonaire ouverte et les fièvres hémorragiques).
- Patients atteints d’un cancer actif en traitement par chimiothérapie.
- Enfants de moins de 12 ans.
Raffique Santally : «L’ICC doit signer un accord avec le ministère de la Santé…»
Raffique Santally, de la Muslim Youth Federation (MYF) qui organise le Hadj chaque année, estime que les restrictions sanitaires imposées par le ministère saoudien du Hadj constituent une bonne mesure en faveur des opérateurs, de l’ICC, ainsi que des pèlerins. Il rappelle que c’est la MYF qui a été le premier opérateur à organiser un check-up médical chaque année pour tous les pèlerins, et cet exercice a permis aux pèlerins de prendre conscience de leur santé. « Lorsqu’un pèlerin tombe malade lors du pèlerinage, c’est tout le groupe qui en souffre, car l’opérateur n’a pas le temps de s’occuper des autres pèlerins et néglige les visites (ziyaarat) », dit-il.
Raffique Santally demande au conseil d’administration de l’ICC de signer un accord avec le ministère de la Santé afin que les pèlerins qui accompliront le Hadj en 2025 puissent se rendre dans un centre de santé de leur région, au lieu de se déplacer dans les hôpitaux. « L’ICC doit soumettre une lettre aux pèlerins afin que les médecins des centres de santé et des hôpitaux ne fassent pas de difficultés », insiste-t-il et d’ajouter que « l’ICC doit se pencher sur cette question rapidement » et qu’à la fin du mois de décembre 2024, « chaque futur pèlerin doit avoir son bilan de santé en main ».
Imam Noorooddeen Auhammud : «Une mesure favorable»
L’imam Noorooddeen Auhammud, responsable de Noorie Islamic Movement de Montagne-Blanche, accueille favorablement les nouvelles directives sanitaires pour le Hadj 2025. En tant qu’un des anciens opérateurs mauriciens du Hadj et de l’Umrah, il estime que le ministère saoudien a raison d’imposer des restrictions, compte tenu de ce qui s’est passé en 2024, avec le décès de 1500 pèlerins de diverses nationalités à la suite de maladies causées par la température extrême.
« Les opérateurs mauriciens sont conscients de leurs responsabilités en prenant en charge les pèlerins, malgré leur âge. Cela pose un gros problème lorsqu’un pèlerin tombe malade et doit être hospitalisé. L’opérateur doit alors se rendre à l’hôpital en taxi matin et soir, parfois pendant 8 à 10 jours. La décision de demander un certificat médical est une bonne mesure qui va certainement alléger le fardeau des opérateurs, qui pourront ainsi consacrer plus de temps aux pèlerins de leur groupe », avance Imam Noorooddeen Auhammud.
Il demande à l’ICC de faire le nécessaire au plus vite en avisant les futurs pèlerins de leur intention d’accomplir le Hadj 2025. « Cela donnera du temps aux opérateurs pour organiser des sessions d’explications à travers l’île, afin de faire comprendre aux pèlerins qu’ils doivent obligatoirement se conformer à la décision du ministère saoudien du Hadj, faute de quoi ils ne pourront pas faire partie du contingent mauricien », dit-il.
Moortaza Bengah : «Le Hadj n’est pas obligatoire pour une personne malade»
Moortaza Bengah, responsable de l’Al Murtaaza Islamic Welfare Association Hajj & Umrah Group, explique que, du point de vue islamique, « le Hadj n’est pas obligatoire pour une personne malade ». Il trouve triste que la décision du ministère saoudien du Hadj d’imposer des restrictions sanitaires pénalise certaines personnes âgées qui ont des conditions de santé précaires. « Sa bann dimoun la finn ekonimise zot kas depi lonten mé si zot ena enn ti komplication la santé, zot pou nepli kapav ale Hadj », se désole-t-il.
Cependant, d’un autre point de vue, il estime que c’est une bonne décision pour l’ensemble des pèlerins du monde entier. Moortaza Bengah souligne que l’Arabie saoudite dépense des centaines de millions de riyals pour les services de santé durant le Hadj et que les hôpitaux sont souvent pleins. « La chaleur accablante peut accentuer les maladies cardiovasculaires et l’hypertension artérielle. Si un pèlerin tombe malade sur place, nous ne l’abandonnerons pas, car il est sous notre responsabilité. (…) L’ICC doit maintenant prendre des mesures rapidement pour que les personnes sur la liste puissent prendre les précautions nécessaires et se faire soigner avant de passer un bilan de santé », souligne-t-il.
En ce qui concerne l’interdiction pour les enfants de moins de 12 ans de se rendre à La Mecque, Moortaza Bengah trouve que c’est une bonne mesure. « Enn zen zenfan li enn gro problem pou bann operaterr ek ban parents sirtou kan en agro lafoul pou Tawaf », conclut-il.