Thursday , 30 November 2023

Gaza – prison à ciel ouvert : quand les « prisonniers » font trembler l’un des États les plus puissants

L’ONU avait qualifié Gaza, qui a été sous blocus total israélien, de « prison à ciel ouvert ».

Pas plus tard que juillet dernier, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a déclaré : « L’occupation israélienne des territoires palestiniens a transformé la Cisjordanie, comme Gaza, en une prison à ciel ouvert pour les Palestiniens. Depuis 1967, plus de 800 000 palestiniens ont été arrêtés par les forces israéliennes et qu’un grand nombre ont été incarcérés pendant de longues périodes, souvent présumés coupables, sans preuve. Qui plus est, ces infractions semblent faire partie d’un plan de ‘dépalestinisation’ du territoire. Ceci menace l’existence du peuple palestinien en tant que groupe national cohésif. Il est essentiel que la communauté internationale reconnaisse l’illégalité de l’occupation israélienne. »

Malheureusement, depuis longtemps, l’opinion mondiale s’est désintéressée de la question palestinienne.
Francesca Albanese ajoute : « Grâce à un éventail de mécanismes physiques, bureaucratiques et numériques, le régime israélien a transformé le territoire occupé en un ‘panoptique’, où les palestiniens sont constamment surveillés et disciplinés. » Cette dame va même jusqu’à déclarer que, de par la manière dont Israël traite les palestiniens, ce pays « était coupable de crime d’apartheid et fonctionnait comme un état colonial ».

Colonies illégales

Chaque jour, que ce soit a Gaza ou en Cisjordanie, les forces israéliennes se servent de violences systématiques contre les Palestiniens. Chaque jour, des dizaines de Palestiniens innocents sont tués, surtout des femmes et des enfants. Cette persécution, cette tuerie a l’encontre des Palestiniens, c’est un pogrom pour faire abandonner, par la force, les territoires de la Palestine et étendre les colonies illégales qui seront peuplées par des colons israéliens.

Deux membres de l’extrême droite de la coalition gouvernementale israélienne, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, ont déclaré qu’Israël avait le droit de construire des colonies n’importe où en Cisjordanie : « Nous ne ferons aucun compromis sur aucune colline, sur aucun avant-poste. C’est à nous. »

Les Israéliens démolissent systématiquement, et à grande échelle, les maisons des Palestiniens. Les plantations d’olives et de dattes sont bulldozées. Le droit à l’eau et à l’assainissement n’est plus accordé. Les experts des Nations Unies disent que la destruction des logements doit être considérée comme un « domicide, assimilable à un crime de guerre ».

Les Nations Unies, dans un communique de presse sur le bilan de l’opération militaire de grande envergure menée par les Forces de défense israélienne du 3 au 5 Juillet de cette année dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, a coûté la vie à 12 Palestiniens et blessé 144 autres, endommageant et détruisant un grand nombre de maisons palestiniennes et des infrastructures de base, en particulier, des installations des eaux usées.

Crime d’apartheid

L’observateur permanent des Nations Unies a dit que « le gouvernement israélien est un gouvernement de colons, dirigé par les colons et pour les colons ». Il a accusé Israël d’avoir, annexé des pans entiers du Territoire palestinien et confiné les Palestiniens à des enclaves isolées, dans le but d’amasser un maximum de terres palestiniens avec un minimum de palestiniens. Il continue : « Si Israël peut construire des colonies et détruire des maisons palestiniennes sans conséquences, il continuera à le faire. Les colons poursuivent leurs exactions contre les habitations et les récoltes des familles palestiniennes parce que personne ne les tiendra pour responsables et parce que personne n’offre au peuple palestinien la protection internationale qu’il mérite. »

Amnesty International dit que les autorités israéliennes ont continué à imposer à la population palestinienne, en Israël et dans les territoires occupés, un régime oppressif et discriminatoire qui constitue un système d’apartheid, crime inscrit dans le droit international. Le nombre de Palestiniens tués illégalement en Cisjordanie a augmenté. La pratique de la torture et d’autres formes de mauvais traitement s’est poursuivie.

Ces actes inhumains – saisies massives de terres et des biens, homicides, blessures graves, transferts forcés, restrictions arbitraires de la liberté de circulation, privation du droit à une nationalité – sont constitutifs du crime d’apartheid, un crime contre l’Humanité. Andre Brink, un des grands écrivains sud-africains, dans ses Mémoires, raconte sa visite en Palestine : « Je ne peux écarter de mon esprit le souvenir des terribles vestiges de Dachau et d’Auswitz. Si Israël ne s’est jamais lancé dans un génocide de l’ampleur de l’Holocauste, le nettoyage ethnique que cette nation inflige aux Palestiniens, équivaut, moralement, à une version lente et en mode mineure des camps de la mort. J’ai du mal à comprendre comment un peuple pour lequel il a été si difficile de se relever des horreurs de l’Holocauste peut ensuite infliger à d’autres ce qu’on lui a fait. »

En 1947, l’ONU vote la Résolution 181 pour mettre fin au mandat britannique en Palestine – partager la Palestine en deux Etats indépendants, l’un arabe et l’autre juif, et de placer Jérusalem sous régime international. Que voyons-nous aujourd’hui? Un Etat juif indépendant et des restes de territoires sous le joug des juifs qui expulsent, chaque jour, de leur territoire, des familles qui ont vécu à cet endroit pendant des siècles. Et qui sont qualifiés par l’Occident de terroristes ? Pas les juifs qui tuent chaque jour des femmes et des enfants palestiniens. Mais les Palestiniens qui essayent de riposter. On est en plein monde à l’envers.

Les Accords d’Oslo

À partir de 1991, se tiennent des discutions entre Palestiniens et Israéliens à Oslo qui aboutissent à des accords qu’on a surnommé les Accords d’Oslo. Ces accords sont signés, en 1993, à la Maison-Blanche par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Mais, deux ans plus tard, Rabin est assassiné. C’est la mort des Accords d’Oslo. L’extrême droite nationaliste israélienne fait tout pour torpiller les accords. Benyamin Netanyahu arrive au pouvoir. Tous les liens de communication entre les deux peuples sont coupés. Petit à petit, le problème palestinien s’efface des radars de la diplomatie internationale et des médias. Aucune grande puissance ne fait l’effort pour raviver des négociations. Pour ces grands diplomates, puisque on ne parle plus de ce problème, il est réglé.

Bientôt, le Président Donald Trump trouve le moyen de casser le peu de solidarité arabe qui restait encore, en proposant les accords d’Abraham qui doivent sceller le rapprochement entre Israël et plusieurs pays Arabes. Les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, le Soudan, le Maroc, et bientôt, l’Arabie Saoudite. Ces accords sont un cadeau à Israël, sans contrepartie. L’annexion rapide sera remplacée par une annexion rampante et progressive, sans qu’il n’y ait de différence de nature. Ils représentent une trahison de la cause palestinienne, comme cela a toujours été le cas de la part des dirigeants arabes. Cela permet à la puissance américaine de se désengager et encourager les États arabes de contrer la puissance iranienne. C’est ce qu’on pourrait appeler une sous-traitance américaine du problème iranien. Ces accords démontrent la volonté des Etats-Unis d’isoler l’Iran, d’unir les Etats du Golfe et Israël autour de la « menace iranienne ».

Le bilan de ces accords c’est que les Emirats Arabes Unis ont investi massivement en Israël dans les secteurs stratégiques tels que la médecine, les hautes technologies, la santé. Cela prive ces jeunes intellectuels arabes à se procurer de l’argent pour faire des recherches qui bénéficieraient aux arabes. Au sujet de ces accords, Hani Al-Masri, directeur du centre palestinien pour la recherche sur les politiques et les études stratégiques, dit : « Il ne restera de cet accord qu’un généreux soutien financier, et les dirigeants palestiniens auront, en l’approuvant, vendu la cause pour quelques dirhams. »

Besoin de se révolter

Quand un peuple subit systématiquement les brimades, les persécutions, les homicides que nous avons exposés, pendant presque un siècle, quand, à Gaza, plus de 2,5 millions de personnes vivent dans, ce que le rapporteur de l’ONU a appelé, « une prison à ciel ouvert » quand, en Cisjordanie, la population se trouve isolée par des murs qui empêchent une section de la population d’avoir accès à d’autres de la même population – mur qu’on a surnommé le mur de l’apartheid, de la ségrégation, de la honte, des murs de neuf mètres de haut –, il arrive que ce peuple sente le besoin de se révolter.

C’est ce qui s’est passé la semaine dernière avec l’assaut du Hamas sur le territoire tenu par Israël. Cette attaque est sans précédent dans l’histoire du conflit palestinien. C’est une attaque qu’Israël n’a jamais connue. La puissante machine de renseignement de l’Etat d’Israël et ses mécanismes de défense sophistiqués n’ont rien pu faire pour prévenir cette incursion. Le Dôme de fer, système de défense anti-missile, le meilleur du monde, n’a pu arrêter la saturation de missiles lancés sur Israël. La barrière de sécurité censée de protéger le pays des attaques, s’est révélée faillible. Le Hamas a pu infliger à Israël des dégâts considérables : mille morts, deux mille blessés, 130 Israéliens pris en otage.

Les pays occidentaux, naturellement, ont exprimé leur « soutien inconditionnel » à Israël. Il fallait voir Macron, Biden, Von der Lyen, celle-là même qui est sous le coup d’une investigation pour gaspillage et détournement de milliards d’euros quand elle était ministre de la Défense de l’Allemagne, verser des larmes de crocodile, condamnant ces « actes de terrorisme ». Quand des actes de terrorisme sont perpétrés quotidiennement contre les Palestiniens par Israël, on ne voit aucune larme, aucune protestation. Pour l’Occident, l’attaque du Hamas c’est de la barbarie. Mais, on ne dit pas que c’est le gouvernement israélien qui a fabriqué cette barbarie par ses actes quotidiens de barbarie et que ce peuple palestinien n’a fait qu’exprimer son exaspération.

Par Rashid Jogee

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