Friday , 29 March 2024

Consultation, Guidance et Discernement

Alors que le mois de Ramadan tire à sa fin, y-a-t-il un message particulier qu’on pourrait retenir pour le monde actuel ?

À voir ce qui arrive autour de nous, de la guerre en Ukraine ou la violation d’Al Aqsa, jusqu’au déroulement du Parlement ou les affaires de drogue et de corruption localement, en passant par ce que nous vivons intimement ou sur le plan familial, il ressort que c’est, peut-être, une incapacité de discernement qui est à l’origine de tant de nos problèmes.

Or, comment discerner le vrai du faux, le bon du mauvais, voire même le meilleur/pire du moins meilleur/pire s’il n’existe pas une guidance et des preuves claires de la voie droite. Nous parlons bien des affaires de ce monde, que ce soit de nature politique, financière, sociale ou personnelle. Concrètement, revenons à un évènement de la vie du Messager de Dieu (saw), au moment même où le mois du jeûne devenait obligatoire, pour mieux comprendre comment ce discernement est possible.

Consultation

La voie vers le discernement par rapport aux matières mondaines commence ici par le recours à une intelligence collective par le biais d’une consultation. Nous sommes au mois de Ramadan en l’an 2 de l’hégire. La relativement petite communauté musulmane de Médine, qui jeûne pour la première fois comme obligation pendant ce mois, fait face à une situation de guerre. Alors qu’aujourd’hui les dirigeants ne font souvent que ce qui leur passe par la tête et sont entourés de mauvais conseillers, la méthode prophétique est fondée sur l’écoute sincère, franche et directe des parties concernées. Et pourtant, on aurait pu dire qu’il suffirait au Messager de Dieu (saw) d’attendre l’ordre divin au lieu de consulter.

Il est rapporté que lorsque la nouvelle de l’avancée d’un convoi ennemi lui parvint, le Messager d’Allah (saw) avait tenu des consultations avec ses Compagnons. Il voulait surtout entendre ceux qui auraient davantage de raisons à résister, comme les Ansars, qui pouvait s’opposer à engager les siens contre les ennemis ailleurs en dehors de Médine. Mais leur chef affirma : « Messager d’Allah, tu veux que nous parlions. Par Dieu sous le contrôle de Qui est ma vie, si vous nous ordonnez de plonger nos chevaux dans la mer, nous le ferons… »

Guidance

Ils interrompirent le jeûne pour la bataille de Badr, alors que c’était la première année d’une telle obligation. C’était ce qu’il fallait faire, selon la raison. Mais s’ils le firent, c’était parce que c’était l’exemple du Messager (saw). La meilleure attitude était, plus exactement, le libre choix de jeûner ou non dans des cas similaires. Comme l’affirme le Coran dans ce contexte précis, Dieu veut la facilité, et non la difficulté pour les croyants.

Remarquons qu’il y aurait pu avoir une consultation pour savoir s’il fallait continuer de jeûner ou non. Or, certaines questions ne sont pas de cet ordre, et tel est le jeûne qui est un acte d’adoration. Le choix final revient à l’individu dans des situations de guerre, et d’autres difficultés comme la maladie ou le voyage. Comment s’y retrouver entre une exigence matérielle comme la consultation, sa propre opinion ou même son désir et, de l’autre côté, le devoir se suivre ce que Dieu ordonne ?

Pour celui qui a la foi, il n’y a pas de doute que c’est le plaisir divin qui prime absolument. Mais l’être humain est faible. Il est tout aussi évident que, pour presque la totalité des affaires temporelles d’ici-bas, la révélation ne se prononce que sur le principe général. Il faut alors savoir discerner rationnellement, mais aussi avec son cœur à lumière de la guidance révélée.

Discernement

La manière de discerner nous est démontrée par le Messager (saw) dans la même histoire. Il n’y a pas là de référence directe à priori au Coran, mais aux finalités de son message. Si la consultation n’y trouve pas strictement sa place, observons la façon de faire prophétique, empreinte de dialogue, de pédagogie et surtout d’humanisme en temps de conflit. Cette intelligence qui dépasse ce que l’intellect seul peut donner, relève du discernement auquel il nous faudra aspirer à partir de notre foi.

C’était avant la bataille de Badr quand des compagnons du Messager (saw) se préparaient à faire face à Abu Sufyan et son convoi d’une quarantaine d’hommes. Les croyants avaient attrapé un esclave qui était porteur d’eau parmi les ennemis et l’avaient interrogé sur Abu Sufyan. Mais il disait : « Je ne sais rien d’Abu Sufyan, mais Abu Jahl, Utba, Shaiba et Umayya b. Khalaf (les plus grands chefs ennemis) sont là ». Quand il avait dit cela, ils le battirent. Puis il dit : « D’accord, je vais vous parler d’Abu Sufyan… ». Ils arrêtaient de le battre et lui posaient des questions à nouveau sur Abu Sufyan. Il disait encore : « je ne sais rien d’Abu Sufyan, mais Abu Jahl, Utba, Shaiba et Umayya b. Khalaf sont là ». Quand il avait dit cela, ils le battirent aussitôt en conséquence.

Le Messager d’Allah (saw) était debout en prière. Quand il vit cela, il termina sa prière et dit : « Par Dieu Qui contrôle ma vie, vous le battez quand il vous dit la vérité, et vous le laissez partir quand il vous dit un mensonge ». Alors, sans aucune violence, rien qu’en conversant avec le porteur d’eau, il arriva à connaître le positionnement ennemi, ses mouvements, sa composition et ses forces.

Son discernement ne s’arrêtait pas là. En face, ce n’était pas le convoi d’Abu Sufyan de quarante hommes mais plus de mille ennemis, armés jusqu’aux dents, venus de la Mecque pour en finir. Ils n’étaient que 313 hommes bien moins équipés, mais il ne fallait pas faire marche arrière. Cela aurait exposé la ville, et l’islam à une fin probable.

Conclusion

Le Messager (saw) avait compris que Dieu avait décidé de leur donner la victoire sur leurs pires ennemis, même si ces derniers étaient plus nombreux. C’était en plein Ramadan avec le jeûne étant prescrit pour la première fois. Ce discernement lui sera validé aussitôt par la révélation. Cette guidance divine est une lumière qu’il faut toujours chercher, et dont on aura toujours besoin. Elle n’a jamais empêché l’effort humain, ni ne le remplace-t-elle. La consultation, engageant l’esprit et le cœur des hommes qui seront appelés à se battre physiquement, a été en amont en facteur critique dans tout le processus. Si seulement nous pouvions, aujourd’hui, conjuguer, concilier et combiner ces éléments dans la conduite des affaires du monde et dans notre quotidien…

Par PROF. KHALIL ELAHEE

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