La mer moins danzerer ki lor la terre»
Il n’y a pas d’âge pour pratiquer un sport tant qu’on se sent capable de répondre à l’effort physique. C’est le cas de Cassamjee Buchoo, 76 ans, qui est plongeur professionnel.
Cet habitant de Castel respire la forme et est doté d’une condition physique de marathonien. Cassamjee Buchoo, dit Cassam Buchoo, que nous avons rencontré chez lui, nous entraîne dans un univers aquatique et raconte ses aventures sous la mer avec passion. D’emblée, il nous dit que « la mer moins danzerer ki lor la terre » et que les espèces marines ne sont pas dangereuses tant qu’on les laisse tranquilles. Il raconte avoir nagé aux côtés de plusieurs espèces de requins qui sont inoffensifs. Cassam Buchoo est le président du Mauritius Underwater Group, fondé par la Royal Navy en 1964. Chaque week-end, il fait des sorties à travers l’île avec les membres du groupe, à la recherche d’épaves.
Malgré son âge, notre interlocuteur plonge à une profondeur de 60 mètres pour des explorations, et ce, à plusieurs reprises pour des recherches d’objets en haute mer. Il accompagne souvent des plongeurs étrangers qui viennent à Maurice pour plonger à une profondeur de 50 à 60 mètres sans aucun problème. Il nous raconte toutefois une mésaventure en mer alors qu’il était étudiant au collège John Kennedy. « Sa ti passe la plaz La Cambuse en 1964. Ti bizin intervention SMF pou retrouv moi. Zot fin retrouv moi apré 2h temps dan delo », se souvient-il. Bien après ses études secondaires, il a réalisé qu’il était fait pour explorer les fonds marins. En 1988, il a adhéré au club de Deep Sea Diving et quelques années plus tard, il a obtenu son brevet comme instructeur de plongée. Il a fait l’acquisition d’un bateau, puis d’un kayak, et ensuite d’une planche à voile.
Cassam Buchoo raconte qu’à plusieurs reprises, il a participé à des opérations de recherche. Il partage ses découvertes sous la mer à une profondeur de 50 mètres, où reposent les épaves telles que le Stella Maru à Trou-aux-Biches, le Sirius, le Gabriel, l’Orian et d’autres épaves qui ont été coulées pour servir de récifs artificiels. Interrogé sur le naufrage du Wakashio au large de Pointe-d’Esny, Cassam Buchoo détourne la conversation avec un sourire et nous fait comprendre que c’est peine perdue d’insister. Cela dit, il laisse entendre qu’après 37 ans de carrière de plongeur sous-marin, il a constaté une grande différence dans la dégradation de notre lagon. Les jardins de corail ont diminué, les poissons et toutes les autres espèces ont disparu.
Un passionné
Par ailleurs, Cassam Buchoo nous fait comprendre que la plongée sous-marine est bénéfique pour sa santé et qu’elle prolonge son système respiratoire. « La plongée sous-marine est pratiquée toute l’année chez nous grâce à nos 350 km de côtes entourées par un récif corallien qui protège les eaux transparentes de notre lagon », se réjouit-il. Le septuagénaire, qui connaît notre côte comme sa poche, nous indique que l’océan Indien est un véritable paradis aquatique pour ceux qui aiment plonger dans un univers incroyable peuplé de poissons multicolores, d’épaves perdues dans les profondeurs des fonds marins et de jardins de coraux aux couleurs saisissantes. Il laisse entendre que « notre pays fait partie des destinations privilégiées des plongeurs invétérés à la recherche de nouveaux territoires sous-marins ».
En tant que passionné, Cassam Buchoo possède une panoplie d’équipements pour toutes sortes de plongées. Il nous emmène dans son arrière-cour où sont exposées ses combinaisons, les bouteilles d’oxygène, les masques, les tubas, les couteaux de défense, les dry bags, les détendeurs, les kits de survie, les torches et les équipements de signalisation. « Mes amis disent que je suis un loup de mer », rigole-t-il et d’ajouter qu’il se sent, en effet, dans son élément en pratiquant un sport dont seuls les plongeurs connaissent les sensations.
Collectionneurs
Cassamjee Buchoo a débuté sa carrière en tant que Maintenance Manager dans les usines de traitement chimique. Il a une passion pour les vieilles pendules qu’il collectionne et restaure. D’ailleurs, un magnifique pendule datant de 1873, qui fut le premier pendule de la mosquée Hanafi à Mesnil, trône dans son salon. Il possède aussi un feu de signalisation de l’époque des trains à Maurice. Il raconte qu’il avait un poulailler avec 1000 poules. Avec les fientes des poulets, il produisait du gaz pour générer de l’électricité pour sa maison de 1982 à 1990.
Outre sa passion pour la plongée sous-marine et sa collection de pendules, pendant plusieurs années, Cassamjee Buchoo a été président de la Castel Muslim Madrassah et membre du comité exécutif de la Hanafi Masjid pendant 14 ans.