- Shakeel Anarath : « Ene record ki zamé fin ariver »
C’est un triste record que celui enregistré au mois de novembre par la société de pompes funèbres, Al-Ihsaan Islamic & Funeral Centre. Pas moins de 196 funérailles ont été organisées dont 102 décès étaient liés à la Covid-19.
Le nombre de décès liés à la Covid-19 a été particulièrement important durant le mois de novembre. Chez Al-Ihsaan Islamic & Funeral Centre, sis à la rue Magon à Port-Louis, un total de 196 funérailles a été organisé, ce qui représente une moyenne de 6,5 funérailles par jour. Ce chiffre est en hausse comparativement au moi d’octobre (123 décès) et celui de novembre (134). Mais ce qui est le plus frappant, c’est le nombre de personnes décédées qui étaient positives à la Covid-19. De 34 et 35 personnes en septembre et octobre respectivement, ce chiffre est passé à 102 rien que durant le mois de novembre. « Ainsi, non seulement le nombre total de mayyats de personnes positives a pratiquement triplé (NDLR : voir tableau), mais aussi, il y a eu plus de mayyats de personnes positives à la Covid-19 que de personnes sans Covid », fait ressortir Shakeel Anarath, le directeur d’Al-Ihsaan Islamic & Funeral Centre qui parle de « ene record ki zamé fin arriver ».
Shakeel Anarath ne cache pas que le mois de novembre a été particulièrement éprouvant pour l’ensemble de son équipe. « Tou zafer debalancer », dit-il. Il se souvient qu’un mercredi, il y avait jusqu’à 6 dépouilles en même temps dans le centre. Ou encore lorsqu’en une journée seulement, jusqu’à 13 funérailles avaient été organisées. « Ena zour 10, ena zour 11, mais ca zour la nou ti gagne 13. Ti difisil », concède-t-il. Notre interlocuteur se remémore aussi des jours où la morgue du centre, dédiée uniquement aux défunts positifs, était remplie. « Deux fois pendant la nuit nu lamorg ki capav accueillir ziska 3 lecorps ti rempli », dit-il.
Se réorganiser
Pour pouvoir faire face à cette situation, notre interlocuteur indique qu’il a fallu revoir l’organisation. « Nou ti pe trait 2 par 2. En attendant, leres ti bizin conserver dans nu lamorgue », dit-il, soulignant qu’il faut par la même occasion rehausser le niveau de rigueur dans la prise en charge des corps pour éviter tout cas de contamination.
En sus de l’organisation, le centre a aussi dû aménager un nouvel espace. « Nou fine arrange enn 2eme section cot lafami capav get lecorps, enn fois ki nou fine fini donne ghusl et fer les necessaires, avant amen qabarastan », dit-il. Et enfin, un nouveau véhicule est venu s’ajouter à la flotte de 5 véhicules déjà présents. « Nous avions dédié un van uniquement aux défunts positifs mais avec le nombre grandissant, nous avons dû en rajouter un autre », explique notre interlocuteur.
Impact psychologique
En cette période compliquée, Shakeel Anarath indique que tout le personnel, soit plus de 25 personnes, est mobilisé. « Parmi, 19 sont des volontaires », précise notre interlocuteur. Bien que le service que propose Al-Ihsaan Islamic & Funeral Centre soit totalement gratuit, son directeur met un point d’honneur à offrir le meilleur service possible. « Nous avons pris des responsabilités, il faut les assumer jusqu’au bout, surtout à un moment où la communauté a le plus besoin de nous », soutient-il.
Le Portlouisien estime qu’avec une bonne organisation et avec le professionnalisme de tout un chacun, ils parviennent à accomplir le travail. Il ne cache toutefois pas que cela a un impact sur le moral de son personnel. « Gramatin tanto ou get souffrance dimoune ki fine perdi zot proche. Ena mama pe get so garcon par vitre. Bout bout zenfan pe get zot mama/papa par vitre. Moral bizin solid acoz apart organise mayyat, nou aussi appelé à donne soutien, conseil et encourage ban famille », avance-t-il.
Shakeel Anarath : « Dépi novam nou en plein cyclone »
Appelé à commenter la déclaration récente du Premier ministre à l’effet que le pays serait « en plein dans le cyclone », Shakeel Anarath indique que ce n’est pas une situation récente. « Dépi novam nou en plein cyclone, pas zis asterla. Et nou fin res ladan pendan tout ene mois », fait-il ressortir. Pour le directeur d’Al-Ihsaan, il est difficile de dire si le pire est derrière nous, ou est à venir. En effet, depuis le début du mois de décembre, Shakeel Anarath indique que le nombre de décès a connu une légère baisse, surtout les 2 premiers jours. Mais le nombre de funérailles est reparti à la hausse le vendredi 3 décembre avec une dizaine organisée, dont 4 ou 5 étaient des personnes positives à la Covid-19. Et à samedi midi, le 4 novembre, le centre avait déjà enregistré un décès d’une personne positive à la Covid-19.
Un rajeunissement des morts
Respecter rigoureusement les gestes barrières et les protocoles sanitaires. C’est l’appel lancé par Shakeel Anarath aux membres du public. Il indique que personne n’est épargné par le virus. « Docteur, policier, nurse, doublement vacciné… tou pe aller. Personne pas à l’abri, meme dimoune kine fer booster dose aussi in mort », souligne notre interlocuteur. Il dit aussi avoir noté un rajeunissement des morts depuis mi-octobre. « Tiena tigit mort emba 60 ans. Mais aster nou pe gagne tibaba 18 mois, zeness 20 ans, 24 ans. Dans une famille seulement, il y a eu jusqu’à 3 morts en moins d’une dizaine de jours alors que des double décès dans une même maison, nous en avons recensés plusieurs », dit-il.
Avec le nouveau variant Omicron qui fait trembler la planète, Shakeel Anarath demande de rester vigilant, quelle que soit la dangerosité du virus qui demande à être confirmée. « Nou pas bizin atan l’etude vine dire nou si li dangereux ou pas. Peu import qui variant ki vini et so caracteristic, bizin continier vigilant. Pas atan ki ena enn mort cot ou lerla ou decide pu commence pren precaution », exhorte-t-il.
Al-Ihsaan Islamic & Funeral Centre
| Mois | Total funérailles | Funérailles (normales) | Funérailles (Covid-19) |
| Septembre | 134 | 100 | 34 |
| Octobre | 123 | 88 | 35 |
| Novembre | 196 | 94 | 102 |
| Total | 453 | 282 | 171 |
| 453 funérailles organisées en 3 mois par le centre | |||
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