« Chaque métier, dit-on, nourrit son homme ». Ainsi, la couture est parmi l’un de nobles métiers qui continuent à nourrir ceux et celles qui la pratiquent. Beebee Tajbee Khodabaccus Cader, plus connue comme Babi Fazilah, habitante de Souillac, en est la preuve.
En effet, de puis son jeune âge Tajbee 5ème d’une fratrie de sept enfants, voulait suivre les pas de sa mère Shareefa. À ses heures libres, cette dernière s’adonnait à la couture. Elle disait souvent à sa mère qu’elle aimerait apprendre à coudre, mais entre ses études et sa passion, c’était difficile pour elle de faire un choix.
Toutefois vers les années 70, un centre de formation avait ouvert ses portes dans le village. Elle en profita pour aller se perfectionner dans le domaine de la couture et de la broderie. D’autant, qu’elle a dû arrêter ses études car les frais de scolarité pesaient lourd sur le budget familial.
Au bout de quelque mois, le Centre fut pris en charge par le ministère des Droits de la femme et de la Famille et sera connu sous l’appellation de la « National Women Development Centre ». La persévérance de Tajbee, et le support de son frère Imam Hassam Khodabaccus, ont été bénéfiques pour le reste de sa carrière. Elle a suivi 18 mois de cours de broderie à la main et à la machine et de couture pour confectionner des robes, jupes, churidars et même des robes de mariée. Elle a obtenu son certificat et a eu droit à un cadeau, soit une machine à coudre à pédale de la marque Olympic, offerte par le ministère des Droits de la Femme et de la Famille.
Tout heureuse, elle s’est mise au travail, assumant du coup la relève de sa mère, qu’elle ne finit pas de combler d’éloges. Bien vite elle va se faire connaître. Des commandes arrivèrent de partout, mais sa joie allait être de courte durée. Comme les jeunes filles de son âge, elle est demandée en mariage par Goolam Mohamed Cader qui travaillait come contremaître sur la propriété sucrière de l’Union Saint-Aubin. Après son mariage, elle fut contrainte d’abandonner la couture pour se consacrer à sa nouvelle vie de couple. Mais, après la naissance de ses deux enfants, Asraf Ibney Mohamed et Bibi Ashreen, elle a pu renouer avec son plaisir et reprendre la couture.
Dès lors elle sera plus connue comme Babi Fazilah. « à l’époque pour coudre une jupe, une robe ou une blouse, ne coûtait que Rs 15 Pour broder un drap, à la main, cela pouvait coûter Rs 75. Et aujourd’hui avec le coût de la vie, une robe coûte Rs 250. Pour la broderie sur un drap cela peut varier entre Rs 1 500 à Rs 2, 000. Pour une robe de mariée, c’est entre Rs 8 000 à Rs 10 000 », dit-elle. À son tour, Babi Fazilah a dispensé des leçons de couture dans sa localité à la Sunnat-ul- Jamaat de 1983 à 2001. Elle a pu accomplir le Hajj en 1994 et 1998 et l’Umrah en deux occasions en 2013 et 2015. Elle habite avec son fils qui travaille comme policier. Elle désire retourner en terre sainte pour accomplir l’Umrah Ramadan.