C’est essentiellement de chez elle que la directrice par intérim du Mauritius Standards Bureau (MSB), Rashida Nanhuck, a géré les affaires courantes de cet organisme parapublic tout en s’adonnant à ses obligations familiales. Elle partage avec nous son expérience de confinement.
Depuis l’instauration du confinement, Rashida Nanhuck indique qu’elle a, dans un premier temps, été appelée à se rendre sur son lieu de travail. Et pour cause, en tant que chef de département, elle devait s’assurer que toutes les mesures de précaution sanitaire soient prises pour son personnel. Par la suite, c’est essentiellement de son domicile que la directrice par intérim du MSB gérait le ‘day to day business’.
D’ailleurs, Rashida Nanhuck ne manque pas de vanter les avantages du Work From Home qui, selon elle, sont multiples. Elle trouve que ce concept permet de gagner en productivité, n’étant plus limitée par les horaires de travail habituel, soit de 9h à 16h. Elle souligne que malgré le confinement, ses collègues et elle sont parvenus, entre autres, à préparer le budget du MSB pour la prochaine année financière. Un exer-cice qui, précise-t-elle, demande normalement beaucoup de travail, d’échange des documents, etc.
Moins de dépenses
Autre avantage du Work From Home, selon Rashida Nanhuck, c’est une réduction des dépenses. Elle cite l’exemple d’un événement auquel elle devait assister à Berlin mais qui s’est finalement déroulé par visio-conférence. Ce qui a permis, dit-elle, d’économiser sur l’achat du billet d’avion et autres dépenses. « Surtout, l’objectif de cet événement a été atteint, avec pas moins de 25 participants qui sont tous intervenus tout en étant chez eux », souligne-t-elle.
Même si elle concède qu’elle se retrouve à travailler plus que d’habitude, la directrice par intérim du MSB soutient qu’elle parvient néanmoins à mieux s’organiser par rapport à ses autres responsabilités. « Après la salaat Fajr, j’ai l’occasion d’accomplir pas mal de travail : lire et répondre à des courriels de sorte à pouvoir faire bouger les choses. Ainsi, vers 9h, un certain nombre de tâches a déjà été complété. Ce qui me laisse alors aussi du temps pour m’adonner à d’autres activités », dit-elle.
Bien s’organiser
Rashida Nanhuck confie toutefois qu’elle se fait un devoir de vérifier régulièrement son téléphone portable. « Je le fais à intervalle de 10 à 15 minutes, notamment pour vérifier si j’ai reçu un e-mail ou alors des messages sur les groupes WhatsApp que nous avons mis en place au niveau du ministère », avance-t-elle. Notre interlocutrice concède néanmoins que le télétravail a ses limites. « Je ne peux, par exemple, demander à un personnel de faire des analyses chez lui à la maison alors que celles-ci se font en laboratoire. Mais pour tout ce qui est de l’ordre administratif, ça peut se faire », en est-elle convaincue.
Par ailleurs, en cette période du Ramadan, Rashida Nanhuck avance qu’elle a dû bien s’organiser, surtout lorsqu’elle est appelée à participer à des séances de visioconférence avec des participants issus de différents pays, lesquelles coïncident parfois avec l’heure de l’iftaar. « Il arrive qu’une réunion débute à 16h et se termine à 18h-18h15. Il faut alors bien s’organiser, notamment pour la préparation de l’iftaar et l’accomplissement de la salaat afin de pouvoir conjuguer jeûne et travail », ajoute-t-elle, précisant que le télétravail, durant le Ramadan, a été un plus tant sur le plan de la spiritualité que sur la vie sociale.
Eid en tête-à-tête
Cette année, Rashida Nanhuck est d’avis que la fête Eid sera quelque peu différente. Avec le confinement, c’est avec son époux qu’elle cé-lébrera l’Eid. « Pour nous, l’Eid est synonyme de ‘family gathering’. Mo missie ek moi nu encor pe calculé si zis nu 2 pu asize pu manz briani », lance-t-elle avec un brin d’humour. Elle peut cependant compter sur les applications de messagerie pour appeler et souhaiter ses proches. « Et linz nef bizin mete ! Car c’est une habitude et aussi une joie que nous éprouvons après 30 jours de jeûne », fait-elle res-sortir.
Humilité, tranquillité et simplicité
La directrice p.i. du MSB indique que le confinement lui a permis de faire pas mal de réflexions, notamment sur les choses qu’elle considérait déjà comme importantes. « Mais j’ai fini par réaliser que nous pouvons aussi faire avec le ‘basic minimum’. Par exemple, nous avions fait les courses le 16 mars, soit 2 jours avant le confinement. En temps normal, après deux semaines à peine, j’aurais été à nouveau au su-permarché. Mais avec le confinement, nous avons fait avec ce que nous avions », dit-elle. Le confinement, poursuit notre interlocutrice, lui a aussi appris une certaine humilité. « Nous nous sommes rendus compte à quel point nous sommes tous égaux. Viris la pan get figir », ajoute-t-elle. Sans compter, souligne-t-elle, qu’elle est parvenue, durant le confinement, à trouver une certaine tranquillité sans égale alors qu’elle pensait que cela allait être plus difficile.
Bien qu’elle concède que la pandémie s’est révélée néfaste pour l’économie aussi bien que pour des familles qui ont perdu leur proche, Rashida Nanhuck dit néanmoins voir l’élément positif de cette pandémie. « Ce fut le cas notamment sur les plans spirituel et social que nous avions tendance à négliger avec le train de vie que nous menions. À la maison, mon époux et moi nous nous parlons plus que d’habitude », confie-t-elle. C’est pourquoi Rashida Nanhuck est d’avis que même si à l’avenir un vaccin est trouvé, il ne faut pas oublier les leçons tirées de cette pandémie.