Elle a quitté son île natale pour réaliser son rêve : celui de devenir une grande poétesse. Il y a un mois, Benazir Mungloo sort son tout premier recueil de poème « Scarred and healed » qui privilégie la thématique de la femme. Découvrez une militante aux idées fortes.
Depuis ses 15 ans, Benazir a toujours eu une âme de poétesse. Bien qu’à cet âge les mots ne riment pas forcément, la jeune fille savait qu’elle était destinée pour l’écriture. «Même si mes mots avaient peu de sens, je savais que je voulais juste écrire. Ce n’est que cette année-ci que ma production littéraire a finalement été acceptée pour être publiée sur le marché international », dit-elle.
étudiante à l’université de Monash à Melbourne, Benazir a quitté Maurice en juin 2016 pour se consacrer entièrement à sa passion. « J’ai fait le choix de partir parce qu’il n’y a pas de perspective chez nous pour une poétesse qui écrit en anglais. L’écriture était mon obsession depuis toute jeune. J’avais toujours de grands rêves et ce n’était pas possible de les réaliser en restant à Maurice. Je suis très chanceuse d’avoir des parents qui ont beaucoup cru en moi pour investir dans mes ambitions. Sans eux, je n’aurais jamais pu arriver là où je suis aujourd’hui », nous confie-t-elle.
Autonomisation des femmes
Du haut de ses 20 ans, Benazir a déjà signé son premier contrat de publication avec une maison d’édition en Angleterre « Versetab ». Trois livres sont déjà en voie de publication.
Le 20 mai, Versetab a publié une collection d’histoires fictives “The bitter taste” qui permet à 8 auteurs de 8 pays différents à explorer le thème de la douleur à travers plusieurs cultures du monde. « Mon histoire s’intitule “The cold dish”. La collection conteste la notion de fiction en mélangeant la réalité dans chaque histoire. En juin, Versetab a publié mon premier livre “Scarred and healed” sur le marché international. C’est une collection de poèmes qui parlent de la perte d’amour, des relations abusives, de l’amour réel et aussi du courage et surtout de l’autonomisation des femmes et de la reconstruction de soi. On peut acheter les deux livres sur Amazon. »
La femme est un thème qui revient très souvent dans ses publications. En effet, telle une militante pour les droits de la femme, Benazir tient à mettre un point d’honneur à promouvoir son évolution dans le monde entier. « Je trouve que les femmes ne sont pas assez autonomes. Quelques fois elles ne réalisent même pas qu’elles subissent des formes d’abus. La violence domestique et les abus d’ordre émotionnel sont des cas de plus en plus visibles et la plupart des femmes ne font rien. Le plus choquant c’est qu’elles n’ont jamais entendu parler de ces termes et se muent dans un silence. Il est important qu’elles communiquent et deviennent encore plus autonomes qu’elles ne le sont déjà et ce en général et dans le monde entier »,insiste la poétesse.
Ses prochains livres aborderont les thèmes du mariage, de la haine et de la violence domestique. Une autre collection de poèmes parlera de l’abus sexuel et du traumatisme qui suit. « J’aborde des sujets sensibles dans mes écrits comme l’autonomisation des femmes, la maladie mentale, les relations abusives, des abus sexuels, la perte d’amour et le traumatisme. Alors, ce qui me plaît le plus c’est quand les gens retrouvent de l’espoir et de la lumière à travers les mots que j’utilise. Quand plusieurs personnes à travers le monde me laissent des messages pour me dire que mes mots les rassurent, cela me fait chaud au cœur. C’est ma plus grande satisfaction », ajoute-t-elle.
Repérée sur les réseaux sociaux
Le parcours n’a pas toujours été facile pour Benazir. Elle souhaite maintenant lancer un message à l’intention de la jeunesse mauricienne.
« Autrefois, beaucoup me disaient que j’étais une simple étudiante du collège de Lorette de Port-Louis et non d’un collège national. Aujourd’hui, je suis très fière d’avoir été élève de cette école car c’est cela qui m’a appris à être une combattante. Bien qu’il n’y ait pratiquement pas d’ateliers d’écriture en anglais, j’ai appris l’art de l’écriture par moi-même. Pour avoir une audience, j’ai commencé par publier mes poèmes sur Instagram et Facebook. Et c’est là qu’après des années de lutte, j’ai reçu un email de Versetab qui voulait que je travaille avec la compagnie », révèle-t-elle.
Elle ajoute que parmi ses difficultés est celle de faire accepter son opinion. « Je devais convaincre mes proches qu’il fallait que je traite des sujets sensibles qui auront un effet sur les femmes d’aujourd’hui. Quand je parle sur l’autonomisation des femmes, sur les abus sexuels ou des relations amoureuses abusives, je suis perçue comme une rebelle contre l’objectification des femmes.
Certains lecteurs internationaux après avoir lu quelques poèmes m’ont dit que je suis trop audacieuse pour mon âge. Eh bien, j’en suis fière. Pour finir je dirais ceci : « N’écoutez personne. Écoutez seulement votre cœur – votre cœur sait ce qu’il veut », conclut-elle.