Les « hôtels dithé » à Curepipe se font rares. Et ceux, qui, comme Shahood Khudaroo, continuent de préserver cette tradition familiale se comptent sur les doigts d’une seule main.
À 51 ans, Shahood est sur pied dès potron-minet pour veiller à ce que le travail soit bien fait. Il nous confie que pour le mois du Ramadan, il offre un repas gratuitement pour le Sehri à ceux qui n’ont pu le faire chez eux. Cependant, dans l’après-midi, il ferme un quart d’heure plus tôt pour se préparer pour l’Iftaar.
Il est quatre heures du matin quand Shahood Khudaroo accueille ses premiers clients dans son petit Al Fattaah Snack en face de la Jummah Masjid (Masjid Malartic) à Curepipe. On se bouscule au comptoir. «Ene di thé chaud, la moitié du pain du beurre , quatre gato piments », dit l’un. «Ene du pain carri ene du thé », enchaîne l’autre. Shahood, qui connaît chacun de ses clients, est habitué à ce rush du matin. « Une bonne partie des gens quittent leurs maisons le matin sans avoir le temps d’avaler quelque chose. Alors c’est dans des petits hôtels du coin qu’ils viennent pour se remplir la panse avant de se mettre sur le chemin du travail», dit-il.
Pour arriver à faire face aux exigences de la clientèle et de temps, Shahood se fait aider par son épouse, Faranaz. Depuis peu, il s’est aussi lancé dans la préparation de briani, de riz frit, de mines frites et en prend des commandes.
Pour faire grandir sa petite entreprise, il s’est fait rejoindre par son fils, Anas. Ce dernier apporte sa petite touche personnelle aux gâteaux précuits, comme les samoussas ou pâtés des légumes, de poulet, de poisson ou de viande, aussi bien que des catelesses et des tikkas.
Shahood a fait ses études secondaires au collège Aleemiah à Phœnix jusqu’à la Forme IV. Il a dû abandonner ses études pour se mettre au travail. Il a enchaîné des petits boulots avant de vendre des vêtements dans des petites foires. À 36 ans, il change de créneau pour se tourner vers la restauration. « La vie n’était pas aussi chère », dit-il. En effet, lorsqu’il avait commencé en 2008 à Curepipe une tasse de thé se vendait à Rs 10. 00 alors qu’aujourd’hui elle se vend Rs 15.00. Une dizaine d’années plus tard, il regarde l’avenir avec sérénité.
« J’adore ce que je fais. Mon fils et mon épouse m’épaulent merveilleusement. Pour réussir dans la vie il faut travailler dur » laisse-t-il entendre.