Wednesday , 15 October 2025
Maulana Shamim Khodadin

Maulana Shamim Khodadin : «La vérité a triomphé, il faut maintenant des sanctions et des réformes»

Le président du Sunniy ‘Ulamâ & Aïmmah Council salue la publication du rapport et réclame un grand nettoyage à l’ICC.

Pour la première fois dans l’histoire du pays, un rapport d’enquête publique sur la gestion du Hadj par l’Islamic Cultural Centre (ICC) a été rendu public. Et pour Maulana Shamim Khodadin, président du Sunniy ‘Ulamâ & Aïmmah Council (SUAC), cette initiative marque un tournant majeur. « C’est une première dans l’histoire du pays et de l’ICC. Après tant d’années, nous voyons enfin un Commission of Inquiry dont le rapport est rendu public. Pour cela, il faut féliciter le gouvernement. »

Le religieux dit accueillir ce rapport comme la confirmation officielle d’années de dénonciations ignorées. « Après toutes les allégations que nous avons formulées depuis longtemps, le rapport est venu confirmer beaucoup de choses. Chaque année, nous avons écrit à l’ICC pour demander des éclaircissements, sans jamais obtenir de réponse. Aujourd’hui, ces points sont confirmés. »

Il souligne aussi la gravité du dossier : « Le Conseil des ministres a déjà remis le rapport au Commissaire de police et au DPP. Cela montre à quel point la situation est alarmante et grave. »

Révoquer les permis

Maulana Khodadin ne mâche pas ses mots envers les agents de Hadj soupçonnés d’irrégularités : « Les agents concernés par ces fraudes, et dont les noms figurent déjà pour le Hadj 2026, doivent voir leurs permis provisoires révoqués tant que l’enquête policière n’est pas terminée. Ils ne doivent pas être autorisés à opérer pour le prochain Hadj. »

Indigné, l’imam de la Jummah Masjid de Rose-Belle s’interroge sur la crédibilité des acteurs actuels. « Il est choquant de voir que ceux qui sont censés assurer la bonne gouvernance d’un pilier de l’Islam soient eux-mêmes impliqués dans des allégations pareilles. Comment la communauté peut-elle faire confiance au processus du Hadj 2026 si les mêmes personnes y sont encore impliquées ? » se demande-t-il.

Il réclame donc une transparence totale pour le prochain pèlerinage : « Pour le Hadj 2026, il faut une transparence absolue afin que le public retrouve confiance dans une institution aussi importante que l’ICC. »

Sanctions rapides et réformes structurelles

Pour notre interlocuteur, la suite du rapport doit se décliner en deux volets : « D’abord, l’enquête policière doit avancer rapidement et les sanctions doivent tomber avant le prochain Hadj. On ne peut pas attendre que le Hadj 2026 arrive sans qu’aucune action ne soit prise. Ensuite, il faut adopter des actions correctives fortes pour éviter que de telles fraudes se reproduisent. »

En outre, Maulana Shamim Khodadin critique sévèrement le système d’attribution des pèlerins aux opérateurs : « Le nombre de pèlerins par organisateur n’est pas équitable. Cela fait longtemps que nous demandons à l’ICC de limiter le nombre de personnes par agent, pour permettre à d’autres de participer. Aujourd’hui, certains agents sont devenus millionnaires sur la tête des hadjees. »

Il réclame la mise en œuvre urgente des recommandations du rapport : « Nous sommes totalement d’accord avec les recommandations, et elles doivent être appliquées sans délai. »

Un contrôle strict

Selon le président du SUAC, la réforme doit aller au-delà de la seule gestion administrative. « Il faut un contrôle strict sur qui peut agir comme agent/opérateur et définir des critères pour être helper. Il est inconcevable que certains ne connaissent même pas la shariah ou les principes de base du Hadj », martèle-t-il.

Parallèlement, Maulana Khodadin attire l’attention sur un aspect souvent négligé : la part opaque des transactions liées aux forfaits de Hadj. « Le rapport traite surtout de l’octroi des visas et du système administratif de l’ICC. Mais il faut aussi enquêter sur les agents : le prix des billets, la réservation des hôtels, le qurbani, les ziarat et les repas. C’est tout un système qu’il faut auditer. »

Enfin, le religieux exprime une satisfaction morale teintée de gravité : « Ce rapport est choquant pour le public, mais pour moi, il ne l’est pas. Pendant des années, j’ai dit qu’il y avait des magouilles au sein de l’ICC dans la gestion du Hadj. Aujourd’hui, par la faveur d’Allah, la vérité a triomphé. »

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