Il parle avec une humilité désarmante, presque surpris par la portée de ses propres accomplissements. Et pourtant, à seulement quelques années de ses débuts universitaires, Muhammad Bin Jaafar Beegun s’impose déjà comme l’un des jeunes esprits brillants dans le domaine de la comptabilité et de la finance.
En moins d’un an, Muhammad Bin Jaafar Beegun est arrivé premier à Maurice à deux reprises aux examens de l’Association of Chartered CertifiedAccountants (ACCA) : d’abord en Advanced Audit and Assurance, puis en Advanced Financial Management. « J’ai toujours aimé travailler avec les chiffres », confie-t-il. Enfant, alors que d’autres s’amusaient dehors, lui préférait résoudre des exercices et chercher à comprendre les rouages des calculs.
Après son Higher School Certificate (HSC), le jeune homme se retrouve face à un dilemme : poursuivre ses études à l’étranger ou rester à Maurice. « Étant enfant unique, je savais que je devais veiller sur mes parents. » Le choix du cœur s’impose : il reste au pays. Mais loin de perdre du temps, il s’inscrit dès cette période à l’ACCA. Le niveau d’entrée, selon lui, correspondait déjà bien à ce qu’il avait appris au HSC.
Très vite, il intègre l’université tout en continuant ses études ACCA en parallèle. « Je travaillais souvent avec mes deux meilleurs amis, Nihaad et Pravir. Nos séances d’étude étaient à la fois motivantes et stimulantes. » Ces heures de travail partagées consolident sa passion pour la finance. « Plus j’avançais, plus ce monde me fascinait : comprendre les mécanismes financiers, analyser les chiffres, et voir comment tout cela se relie à la réalité économique », nous dit l’ancien élève de la SSS de Goodlands, classé juste après les lauréats en 2018 et détenteur de sa licence en Finance.
Deux distinctions
C’est en janvier qu’il apprend qu’il est premier à Maurice en Advanced Audit and Assurance. Une distinction à laquelle il ne s’attendait pas. « Je ne visais pas spécialement la première place. J’étais simplement attentif aux conseils de notre tuteur expert, Benwilson, de l’ACCA. » Le moment où il découvre la nouvelle restera gravé dans sa mémoire : « Je m’apprêtais à partir pour l’Umrah et je vérifiais mes e-mails pour confirmer une réservation… c’est là que j’ai vu le message annonçant mon résultat. »
Neuf mois plus tard, l’histoire se répète ; cette fois en Advanced Financial Management (AFM). Mais cette fois-ci, il s’était préparé avec une stratégie bien définie et l’ambition d’exceller. « Pourtant, après l’examen, je n’étais pas confiant. Les questions étaient différentes de ce que j’avais anticipé », nous cet habitant du Nord. Une incertitude bien connue des candidats à l’ACCA, où la rigueur académique se double d’une exigence d’adaptabilité. « Ils testent non seulement les connaissances, mais aussi la capacité à gérer des situations imprévues, le temps et le stress. » Le verdict tombe quelques semaines plus tard : premier à Maurice pour la deuxième fois.
La discipline avant tout
Lorsqu’on lui demande le secret de sa réussite, celui qui exerce comme Investment Analyst a Mauritius Union Assurance, insiste sur un principe fondamental : « Il faut apprendre à travailler plus intelligemment, pas seulement plus longtemps. » Le niveau 3 de l’ACCA, réputé pour sa difficulté, exige bien plus qu’un apprentissage mécanique.
S’il avait un emploi du temps bien structuré, il admet avec franchise qu’il ne le suivait pas toujours à la lettre. « Parfois, je devais improviser, ajuster ma méthode d’étude pour rester efficace », partage Muhammad Bin Jaafar. Chaque soir, après une longue journée, il se forçait à étudier encore un peu. « Même fatigué, je me disais qu’il fallait avancer. C’est cette régularité, plus que tout, qui fait la différence », avoue-t-il.
Une famille pilier
Pour lui, impossible d’en être arrivé à ce stade sans rendre grâce à Allah et de reconnaître la faveur divine. Derrière chaque réussite, il y a souvent une base solide – la famille – et Muhammad Bin Jaafar n’hésite pas à rendre hommage aux siens. « Le soutien de mes parents a été essentiel. Ils ont toujours cru en moi, même dans les moments de doute. »
Il évoque avec émotion leur parcours marqué par les sacrifices. « Mes parents n’ont pas eu une enfance facile, mais ils ont toujours veillé à ce que je ne manque de rien. » Ses mots s’adoucissent lorsqu’il mentionne une figure chère à son cœur : « Je dois aussi beaucoup à Aunty Preyna, qui a été le pilier de mes études. » Pour lui, la meilleure manière de leur rendre hommage est simple : continuer à donner le meilleur de lui-même.
Avec deux distinctions nationales et une carrière prometteuse devant lui, Muhammad Bin Jaafar Beegun garde pourtant les pieds sur terre. Il voit dans ses succès non pas une fin, mais un commencement. Son ambition ?
Continuer à se perfectionner, à apprendre, et à mettre ses compétences au service d’un développement économique éthique et durable. « Les chiffres ne mentent pas, mais ils racontent toujours une histoire. Celle de la transparence, de la responsabilité et de la vision. »
Des mots qui résument bien l’esprit d’un jeune homme pour qui la réussite ne se mesure pas seulement en résultats, mais en intégrité, en persévérance et en gratitude.
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