Le chairman de l’Islamic Cultural Centre (ICC), Shamad Ayoob Saab, se retrouve au centre d’une vive controverse. Il participe actuellement à une mission en Arabie saoudite aux côtés du ministre responsable du Hadj, Shakeel Mohamed ; mission au cours de laquelle doivent être signés des accords préparatoires pour le Hadj 2026 des pèlerins mauriciens.
Pour Farouk Barahim, membre démissionnaire de l’ICC et responsable de la mosquée Abu Bakr Siddique à Vallée-Pitot, la présence d’Ayoob Saab sur cette mission est « inacceptable, indécente et provocatrice ». Inacceptable, selon lui, parce que « sa personne est vivement contestée par de nombreux responsables religieux et par l’ensemble des observateurs du dossier du Hadj ». « Indécente », poursuit-il, « dans la mesure où il aurait dû faire preuve de la décence de s’abstenir de toute participation à une mission officielle alors qu’il est fortement contesté ».
Provocatrice enfin, au regard des promesses de réforme formulées publiquement par le ministre : « Le tandem Mohamed–Ayoob Saab ne doit pas nous prendre pour des naïfs. Qu’y a-t-il de si particulier dans le rôle d’Ayoob Saab qui empêcherait un autre Mauricien d’assumer cette responsabilité ? » s’interroge-t-il.
Farouk Barahim accuse par ailleurs le ministre de temporiser. « J’ai de plus en plus l’impression que Shakeel Mohamed cherche à gagner du temps », affirme-t-il. À ses yeux, la constitution immédiate d’un nouveau board, la nomination d’un nouveau président et la mise en place concomitante du conseil d’ulémas auraient dû précéder toute mission extérieure : « Il suffisait de remplacer le board, nommer un nouveau chairman et instaurer l’Ulema Council. Point final. »
Revenant sur les risques organisationnels, il balaie l’argument selon lequel le maintien du chairman serait nécessaire pour la bonne marche des préparatifs du Hadj 2026 : « Si M. Ayoob Saab venait à être dans l’impossibilité de poursuivre ses fonctions, est-ce pour autant que le Hadj 2026 serait compromis pour la communauté musulmane ? Pa pren nou pou imbesil », lance-t-il.
Actuellement en Inde, Farouk Barahim annonce qu’il répondra publiquement aux propos tenus contre lui par le chairman lors d’une conférence de presse. Il affirme vouloir rétablir la vérité et apporter des éléments de réponse aux accusations dont il dit avoir fait l’objet.
Refonte totale
Pour sa part, Maulana Shamim Khodadin observe que le chairman de l’ICC reste au cœur de la controverse. Malgré les appels répétés à un renouvellement complet du board, le gouvernement n’a pas encore tranché. Maulana Khodadin, figure influente du corps religieux, a déclaré que « le public a déjà perdu confiance dans ce board et son président ». Selon lui, seule une refonte totale permettra de restaurer la crédibilité de l’institution.
Lundi dernier, le Maulana Khodadin a rencontré le ministre Shakeel Mohamed pour aborder la question. « La rencontre a été très positive », souligne-t-il, précisant que quatre témoins étaient présents. Le ministre, attentif aux arguments des représentants religieux, aurait reconnu la nécessité d’un changement, tout en sollicitant un délai pour agir, le temps que l’organisation du Hajj 2026 – déjà en préparation – ne soit pas perturbée.
« Le ministre nous a demandé un peu de temps pour que les choses se fassent correctement, car retirer les personnes clés maintenant créerait un vide difficile à combler », rapporte le religieux.
Cependant, le ton demeure ferme du côté des imams. « Nous maintenons que le chairman doit être remplacé. On ne peut pas garder un fonctionnaire à ce poste ; le président doit être indépendant, non rattaché à un ministère », insiste Maulana Khodadin, tout en affirmant sa disponibilité à aider dans la préparation du Hadj, « ensemble avec d’autres imams et maulanas déjà engagés ».
Cette prise de position renforce la pression sur le ministère, déjà sous le feu des critiques après la crise de confiance qui secoue l’ICC. À quelques mois du pèlerinage, la communauté attend désormais des gestes concrets de réforme pour tourner la page des soupçons et des divisions.
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