Friday , 19 April 2024

Jeunes et débrouillardise

Le chômage affecte beaucoup de jeunes. Toutefois, certains arrivent à créer leur propres emplois. Ainsi, Ismaël Noordaully est marchand de fruits confis, Shameem Kureemboccus multiplie ses aptitudes pour la pratique de plusieurs métiers alors que Noorjahan Caunhye est bandari au féminin.

Ismaël Noordaully gagne sa vie comme marchand de fruits confis

160817_marchandIsmaël Noordaully est marchand de fruits confis à Vallée-Pitot. Après  avoir terminé son cours de plomberie à l’IVTB, il s’est retrouvé au chômage pendant 3 années.  Il entreprenait de petits travaux où il pouvait le faire. La vie était devenue difficile pour lui. Il a aussi tenté sa chance dans le domaine de la plomberie mais sans succès. « Les clients abusaient de ma bonne volonté. Souvent il arrivait qu’ils ne me payaient pas le montant convenu après les travaux de plomberie », déplore-t-il.

Pour cette raison, il a dû démarrer son propre petit commerce. « Je travaille à mon propre compte, même si des fois je n’empoche pas beaucoup de sous. La vie continue à de petits pas », dit-il. Il nous raconte qu’il se lève tôt, soit à 1 h du matin pour aller à la vente à l’encan près de la compagnie ABC Motors. C’est risqué des fois de s’aventurer seul dans la rue à cette heure, mais il n’a pas le choix. « J’avais l’habitude de vendre des fruits confis seulement pendant le Ramadhan. Mais cette année, j’ai résolu de continuer le travail. Car, la vie est devenue difficile », nous dit Ismaël. Les fruits sont vendus aux enchères. « La seule contrainte, ce que je dois attendre jusqu’à 4h du matin. Celui qui offre le meilleur prix achète les fruits », relate-t-il.

Très souvent, il retourne à la maison les mains vides et il doit aller acheter ses fruits  ailleurs. Il a fait une énième demande à la municipalité pour être recruté, mais il regrette de n’avoir jamais été convoqué à  un entretien d’embauche jusqu’ici. Toutefois, il ne se décourage guère. « Je continuerai à vendre des fruits  confis aussi longtemps que je ne décroche pas un autre travail », conclut-il.

Shameem Kureemboccus, un homme à multitâches

160817_shameemIl a commencé à connaître le monde du travail depuis l’âge de 16 ans. Il allait au collège à cette époque, mais apprenait un métier en parallèle. Parce qu’il savait qu’il serait difficile à se faire embaucher après. Donc, à l’âge de 19 ans, quand il a quitté l’école, il travaillait  déjà chez Shakeel Ghoorahoo et entreprenait des travaux à la maison. à l’âge de 25 ans, quand il s’est marié, il a  realisé l’importance de travailler plus dur pour joindre les deux bouts.

« Quand j’étais petit, je m’amusais à jouer. Mais en grandissant, j’ai vu que la vie est plutôt dure. Je  devrais me débrouiller pour acheter de la nourriture pour la maison. Les dépenses augmentaient mois après mois. Je devais chercher d’autres façons pour subvenir aux besoins de la famille. Toutefois j’ai constaté qu’il n’est pas nécessaire d’avoir recours aux travaux illicites selon l’islam pour  avoir de l’argent. Si on travaille dur, on va faire des progrès, le Créateur nous aide d’une façon insoupçonnée », dit-il. Shameem apprend de nouveaux métiers de temps à autre. Au départ électricien, il a appris aussi à faire des accessoires en aluminium et en métal, installer des climatiseurs, peindre des voitures, entre autres. Impressionnés par tous ses talents, ses clients lui ont donné le titre ‘MikeGyver’.

« À cette époque, je ne savais pas qui était MikeGyver. C’est juste après quand j’ai vu la série que je l’ai su. Je me sens très fier de mes efforts  lorsque mes clients me complimentent ainsi », affirme-t-il. Depuis son mariage, il arrive à faire des progrès conséquents. « J’envisage de continuer à travailler à mon compte car j’ai  confiance en moi-même. Je pourrais faire beaucoup plus. Je compte me lancer bientôt dans la menuiserie aussi. Je vais suivre des cours à temps partiel  dans ce domaine cette année », lance-t-il. Selon Shameem Kurreemboccus, il faut prendre des risques dans le business. Il avance  que personne n’est né professionnel. « C’est un choix. Nous devenons des professionnels avec le temps. Mais l’essentiel est de commencer et de croire que l’on va réussir dans la vie », conclut-il.

Noorjahan Caunhye est devenue bandari pour assurer le budget familial

160817_bandariNoorjahan Caunhye, habitante de Triolet affirme qu’elle aime son travail de « bandari ». Agée de 34 ans, elle fait cuire des « degs » de briani seule. Elle a épousé Belal qui travaillait autrefois sur un camion. Mais à cause d’un problème de rein, celui-ci a dû mettre une fin à ce travail. Puis il a exercé comme mécanicien pendant 2 ans, mais pouvait à peine continuer son traitement médical. Car, cela n’était pas vu d’un bon œil par son patron. Le médecin lui avait conseillé de prendre du repos, vu son état de santé qui détériorait.  P

our pouvoir survivre, le couple a décidé de se lancer dans la vente de briyani et de grillades. Faute d’avoir un emplacement pour démarrer, Noorjahan a obtenu la permission d’un marchand à Triolet pour une place pour son business. Une année après, elle  s’est déjà fait un nom à Triolet. Beaucoup de clients reviennent vers elle pour manger un bon briyani. « Le travail est épuisant, mais lucratif. Ce métier exige beaucoup de sacrifices et de la persévérance. Mais, je suis certaine que je peux  y trouver un avenir », dit-elle. Toutefois, elle doit travailler pratiquement tous les jours, dont les jours fériés. Pendant la période de carême, la vente est en baisse. À son avis,  c’est un manque à gagner. Elle retourne à la maison à 21h  chaque jour pour  récupérer sa fille de 7 ans, de chez sa grand-mère. La petite doit se coucher tôt pour pouvoir aller à l’école le lendemain. Travailler ou pas, elle doit payer les frais de la location. Pendant le Ramadhan, elle affirme avoir travaillé seulement les samedis.

Pourtant, elle est heureuse car elle est devenue autonome. Son époux pourrait désormais aller à ses rendez-vous à l’hôpital et  s’occuper de sa santé. Elle compte agrandir son business dans le futur. Elle travaille très dur pour une vie paisible avec sa famille. Le lundi, supposé être le jour de repos, elle en profite pour faire ses achats et préparer les ingrédients pour une semaine. Malgré les hauts et les bas, elle s’est déjà habituée à son travail.

 

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