Bien qu’il soit éligible pour accomplir le Hadj en 2026, un avocat n’a pas été retenu par l’Islamic Cultural Centre. Il affirme que son numéro d’inscription aurait été modifié, le reléguant malgré des années d’attente. Par voie d’une mise en demeure, il exige désormais que toute la lumière soit faite sur la gestion des listes de pèlerins.
Le cœur de la plainte repose sur une découverte que l’avocat décrit comme « inattendue » et « préjudiciable ». Le jeudi 6 novembre 2025, il a découvert que le numéro d’enregistrement qui lui avait été attribué lors de son inscription n’était en réalité pas celui utilisé sur la liste officielle de l’Islamic Cultural Centre Trust Fund (ICC). « On Thursday 6 November 2025 it has come to the knowledge of the abovenamed Party that the registration number allocated to registered person at the time of registration is in fact NOT his number on the list maintained by You the undernamed Party No 1. »
Pour lui, cette modification constitue une anomalie grave, contraire à la logique d’équité religieuse et administrative. « The change of registration number allocated to a registered person is unconceivable, unacceptable. (Ce changement est inconcevable et inacceptable.) »
Une absence de communication contestée
L’avocat insiste sur le fait qu’il n’a jamais été avisé par l’institution. Il considère que, puisque l’ICC a changé le numéro d’enregistrement des personnes inscrites, il a l’obligation de les en informer. Il soutient que l’ICC a délibérément omis de remplir ce devoir. « The abovenamed Party avers that as there has been a change in the registration number of registered persons by You the undernamed Party No 1, the change and the obligation/responsibility/duty to inform the registered person(s) of the change You have deliberately failed to do. »
L’avocat soutient que le fait que l’ICC ne l’ait jamais informé de la modification de son numéro d’enregistrement l’a laissé dans l’ignorance totale de sa situation. Cela l’aurait privé de son droit de connaître son véritable numéro, ainsi que de son droit de savoir s’il était éligible à accomplir le Hadj une année donnée. Il estime que cette absence de transparence a pu ouvrir la voie à des irrégularités, à des pratiques frauduleuses ou à du favoritisme dans la sélection des pèlerins.
Le plaignant affirme qu’il n’a toujours pas été sélectionné pour accomplir le Hadj en raison, selon lui, « de fautes, de négligences ou de mauvaises pratiques imputables à l’ICC Trust Fund, à ses responsables et à son conseil d’administration ». Il souligne que de nombreuses personnes inscrites après lui ont déjà été choisies — certaines même à plusieurs reprises — ce qui lui porte un sérieux préjudice. Il précise qu’il se réserve le droit de réclamer des dommages et intérêts pour ce tort.
Signalements ignorés et premières accusations formelles
Dans sa mise en demeure, l’avocat affirme que les problèmes qu’il soulève aujourd’hui ne datent pas d’hier. Il dit avoir alerté l’ICC dès l’année 2023 sur des irrégularités concernant l’organisation du Hadj et l’allocation des visas, sans qu’aucune suite ne lui ait été donnée. « J’ai attiré l’attention de l’ICC, par l’intermédiaire de l’un de ses préposés, au sujet de ‘malpractices’ concernant l’organisation du Hadj et l’allocation des visas. Aucune action n’a été prise », affirme-t-il.
Selon lui, ce silence administratif aurait permis à ces dysfonctionnements de se développer durablement, jusqu’à toucher aujourd’hui sa propre situation.
Des dérives confirmées
L’auteur de la plainte rappelle qu’un Committee of Inquiry, institué par le ministère de tutelle, a déjà mené une investigation sur la gestion du Hadj. Et ses conclusions sont particulièrement graves.
La mise en demeure cite textuellement : « Le rapport confirme l’existence de ‘malpractices’, de favoritisme et de falsification dans le processus d’allocation des visas du Hadj 2025, et jette un doute sérieux sur l’intégrité de l’organisme chargé de la gestion des listes. »
Pour l’avocat, cette reconnaissance officielle prouve que les problèmes qu’il dénonce ne sont pas isolés, mais qu’ils découleraient d’un dysfonctionnement structurel du système.
Une obligation de transparence
Il soutient que l’ICC exerce une mission qui doit être exemplaire, à la fois d’un point de vue administratif et religieux : « Vous avez l’obligation d’agir de manière équitable, indépendante et transparente, sans favoritisme, et dans l’intérêt du public, d’autant plus que vous gérez un des piliers fondamentaux de l’Islam », rappelle-t-il.
Aux yeux du plaignant, une gestion injuste du Hadj n’est pas seulement une faute administrative : c’est une faille grave dans l’exercice d’un devoir religieux délégué par l’État à une institution statutaire.
Une faute religieuse majeure
L’auteur va jusqu’à souligner les conséquences morales que pourraient entraîner ces dérives : « Les malédictions de Dieu s’abattront sur ceux qui agiront contre le devoir sacré du Hadj, en favorisant certains au détriment d’autres et en discriminant dans la sélection des pèlerins », affirme-t-il.
L’emploi d’une telle formulation montre que, pour le plaignant, l’enjeu dépasse la simple procédure : c’est la sacralité du Hadj qui serait atteinte.
Manipulations présumées
L’avocat cite des actes qu’il considère comme des entorses graves à l’égalité de traitement : « Il ressort que la liste du Hadj 2023 et 2025 ne correspond pas à la liste des personnes enregistrées, et que des modifications ont été apportées aux numéros d’enregistrement sans informer les personnes concernées, les privant de leur droit de partir à temps et favorisant d’autres candidats », écrit-il.
Il évoque explicitement des pratiques de biais, de népotisme, voire de discrimination — des mots lourds d’implications juridiques.
Transparence totale exigée de l’ICC et du ministère
« Une mise en demeure qui pourrait ouvrir la voie à une action devant la Cour suprême. » C’est en ces termes que l’avocat interpelle l’ICC et le ministère de tutelle concernant la gestion des inscriptions au Hadj et la transparence du processus de sélection des pèlerins mauriciens. Ce document fixe noir sur blanc une série d’obligations censées restaurer la crédibilité de l’institution en charge d’un pilier fondamental de l’Islam.
Le document enjoint le conseil de l’ICC de répondre immédiatement à six exigences majeures. Il ordonne notamment à la partie nommée d’autorité religieuse et administrative de : « Make public (which can be by posting at its seat) the names of all those who have been selected to perform Hadj for the last 5 years (2021, 2025) together with their address and original and new registration number. »
L’objectif : révéler si l’ordre chronologique des inscriptions — critère officiel de sélection — a été respecté.
Deuxième exigence : la transparence des listes d’attente. Le plaignant réclame que le public puisse enfin contrôler la validité de son rang : « Make public updated list of those who have registered for Hadj who have not yet perform Hadj, with their address and original and new registration number. »
Le volet familial n’est pas oublié. Une mesure essentielle pour éviter la séparation des parents et de leurs enfants lors du pèlerinage est également exigée : « To register children even though he/she/they are under 12 years old of couples. »
Autre point sensible : la transparence financière autour du Tanazzul, un montant payé aux autorités saoudiennes, dont la valeur exacte reste floue pour les pèlerins mauriciens. L’avocat ordonne : « To make public the amount claim as Tanazzul by the Saudi Authorities with supporting documents. »
Enfin, le plaignant veut garantir que nul ne puisse être déplacé dans la file d’attente sans l’en avoir averti : « To inform all registered person of their new registration number. »
Pression directe sur le ministère responsable
La mise en demeure ne vise pas seulement l’ICC : le ministère chargé du Hadj est sommé d’intervenir sans délai dans l’intérêt public. D’abord en assumant son pouvoir hiérarchique : « To give, in public interest, directions, pursuant to his powers, to the Board of the undernamed Party No 1 to make public the lists/prayers referred to at paragraph A above. »
Mais aussi en garantissant une transparence institutionnelle sur ceux qui gerent aujourd’hui le dossier : « To communicate to the abovenamed the names/addresses of the Chairman/members of the undernamed Party No 1 for the year 2023/2024/2025 »
Enfin, une demande lourde de conséquences : que des sanctions ciblent les responsables de toute faute, irrégularité ou négligence dans la gestion du Hadj : « To take such action in the public interest as is required against all those, including Board Members who have failed in their duty. »
14 jours pour agir
La conclusion du document sonne comme une menace juridique explicite : « WARNING YOU that should you, the undernamed Parties fail to comply […] within a delay of fourteen (14) days […] abovenamed Party shall take against You […] legal action(s) […] including but not limited to lodging an action before the Supreme Court. »
Ce compte à rebours place l’ICC et le ministère sous pression : quatorze jours pour démontrer leur volonté d’agir ou s’exposer à un recours judiciaire direct.
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