Saturday , 6 December 2025

Décès d’Ismed Abdoolah à l’ENT – Jabeen, sa nièce : «Je le considérais comme mon père»

Il est difficile de trouver des mots pour exprimer la douleur d’une personne après le décès d’un proche dans des conditions déplorables.

Jabeen Abdoolah, la nièce d’Ismed Abdoolah, 75 ans, décédé de la Covid-19 à l’hôpital ENT le lundi 21 novembre 2021, nous fait le récit du drame qu’elle a vécu depuis l’admission de son oncle à l’hôpital. Elle raconte qu’elle « considérait son oncle comme son propre père » et qu’elle était sa confidente. Elle raconte que son oncle était en bonne santé et ne souffrait d’aucune comorbidité. Très actif au sein de l’association Front commun des commerçants dont il était le secrétaire, il avait reçu de deux doses du vaccin Sinopharm. « Le 10 novembre, il a ressenti des maux de tête et des courbatures. Il s’est rendu chez un médecin du privé pour une consultation et après avoir fait un test antigénique, il a été testé positif à la Covid-19 », nous dit sa nièce.

Difficile à trouver un lit

Le 15 novembre, il était à la maison avec son épouse quand pendant la nuit son taux d’oxygène sanguin a baissé. Un médecin de l’hôpital est venu chez lui pour un autre test antigénique qui s’est révélé également positif. Son taux de saturation en oxygène était de 88% et il fallait le faire admettre à l’hôpital. Ismed Abdoolah demande d’attendre l’arrivée de sa nièce pour prendre une décision. Le lendemain, Jabeen a téléphoné à l’hôpital Wellkin à 10 reprises pour trouver un lit. « Zot refiz moi et dir pena place », fait-elle ressortir.

Le 16 novembre, Ismed Abdoolah passe une journée et une nuit assez mal. Vers 3h du matin, il téléphone à Jabeen pour la supplier de venir le chercher. Impuissante devant la détresse de son oncle, Jabeen est bouleversée, car elle ne pouvait rien faire pour soulager sa souffrance. À 5h du matin, il insiste pour que sa nièce vienne le prendre à l’hôpital.

Poumons endommagés

Le même jour, Jabeen à plus de chance. Elle tombe sur un médecin plus coopératif. Un scan est effectué et le résultat a démontré que les poumons du malade sont endommagés. « Mo supplier docteur la pou demande li couma pou fer pou sauve so la vie », indique notre interlocutrice. Le médecin indique alors à Jabeen qu’il existe une injection au nom de Tocilizumab mais qu’à l’hôpital le stock était épuisé. C’est aussi le cas chez les importateurs et toutes les pharmacies de l’île.

Elle se tourne vers l’île de la Réunion mais un obstacle se dresse sur son chemin. Le vaccin Sinopharm n’est pas autorisé pour pénétrer sur le territoire réunionnais. Jabeen réussit à trouver une autre personne ayant reçu le vaccin de Pfizer. Elle prend l’avion le même jour à midi avec tous les documents pour acheter des injections Tocilizumab au coût de Rs 60 000, car il fallait 4 injections de 162 milligrammes. Jabeen fait ressortir que la famille avait de l’espoir, car les injections allaient sauver Ismed Abdoolah. À l’aéroport, le même jour, un autre problème survient. « L’Adsu, malgré banne documents, fine ouvert boite la et so température fine augmenté », raconte-t-elle.

Couches inchangées

Le 19 novembre quand l’hôpital reçoit le médicament, la famille est informée qu’il faut attendre le lendemain pour un test sanguin avant l’injection. Ce n’est que le lendemain que l’oncle est mis sous perfusion sans que l’on sache si le Tocilizumab est utilisé dans le sérum. Jabeen est dévastée par les nouvelles qu’elle reçoit de son oncle. « Li dire moi ki zot pas fine sanz so couche pendant plusieurs jours, ni pas fine lave so la bouche ni donne li ene bain et li tanne patient pe hurlé de douleur et li trouve ena pe mort », souligne notre interlocutrice. Jabeen indique aussi que les rares fois qu’elle a pu parler à un infirmier au téléphone, ce dernier lui faisait comprendre que l’état de son oncle s’améliorait.

Le dimanche 20 novembre, l’hôpital fait savoir que le patient serait transféré de l’unité de haute dépendance pour une salle normale à l’ENT. Lundi, l’état de santé d’Ismed Abdoolah s’est détérioré et Jabeen reçoit un appel de l’hôpital à 16h30 pour l’informer que son oncle est décédé. Quand elle part récupérer le corps de son oncle, elle a eu un grand choc. Elle a constaté que son oncle a été placé dans un sac en plastique noir. Elle remercie cependant l’organisation Al Ihsaan pour son professionnalisme et son sens de l’humanisme.

Commentaires

A propos de Rahim Murtuza

Ceci peut vous intéresser

Muhammad Bin Jaafar Beegun : deux distinctions ACCA en moins d’une année

Il parle avec une humilité désarmante, presque surpris par la portée de ses propres accomplissements. …