Friday , 29 March 2024

Bilan et perspectives : apprendre de 2021 pour mieux aborder 2022

2021 tire à sa fin ! Si elle fut difficile sur plusieurs plans, elle va sans doute nous permettre d’apprendre de nos erreurs pour mieux aborder 2022 et prendre un nouveau départ.

Dr Shameem Jaumdally : «Rétablir la confiance au sein de la population»

Dr Shameem Jaumdally, virologue et Senior Research Scientist au UCT Lung Institute d’Afrique du Sud, est d’avis que la crise sanitaire a marqué à jamais le secteur de la santé en 2021. Il souligne que ce sont surtout les frontliners qui ont beaucoup souffert. « Trop beaucoup parmi eux sont tombés sur le champ de bataille », se désole-t-il. Il dit avoir constaté un laisser-aller parmi la population tout au long de l’année. « Compte tenu de la multitude de cas de Covid-19 dans nos hôpitaux, les patients nécessitant des soins pour d’autres raisons ont été dépourvus de toute aide », avance-t-il.

Sur une note plus optimiste, Dr Shameem Jaumdally souligne qu’en 2021, les scientifiques ont pu lever un peu plus le voile sur la pandémie, surtout en apprenant davantage de la nature cyclique de la Covid-19. «  Les organismes de santé doivent rapidement renforcer leurs infrastructures et leurs capacités. Et comme la pandémie nous oblige à avancer en terrain inconnu, les dirigeants doivent rétablir la confiance au sein de la population, et redonner un sens et un but à leurs actions », estime-t-il.

Ainsi, pour le virologue, l’année 2022 doit être bâtie autour d’une vraie reprise. « La vague actuelle du virus recule, les services de santé s’apprêtent à entamer la reprise. Mais la reprise est une phase qui s’accompagne de défis nouveaux et multidimensionnels. Beaucoup dépendra de l’élaboration de politiques et de dispositions légales visant à protéger le public. Sur le plan scientifique et technologique, l’avènement de nouveaux thérapeutiques pourra venir pallier la défaillance vaccinale », explique notre interlocuteur.

Toutefois, il maintient qu’on doit s’attendre à voir de nouveau variant de la Covid-19 en 2022. « Il est fort probable qu’il y ait l’émergence d’autres variants en 2022. Seul le temps nous dira ce que réserve 2022. Une forte cohésion des secteurs privé-public va aider à combler les lacunes. Le défi majeur qui se présentera aux dirigeants reste le comportement de la population. En l’absence d’un modèle opérationnel et de processus appropriés pour suivre le nombre de cas ou d’outils de veille continue pour alerter les dirigeants des risques émergents, les citoyens demeureront vulnérables aux risques posés par le coronavirus », déclare-t-il.

Enfin, Dr Shameem Jaumdally soutient que nous devons aussi prendre l’exemple sur d’autres pays qui ont été sévèrement touchés par la Covid-19. « Il est essentiel d’apprendre de l’expérience des pays durement impactés. Il y a un besoin pour décentraliser le système de santé », dit-il. Ses autres conseils en matière de santé pour aborder 2022 sont : faire preuve de polyvalence, toujours réviser les stratégies à mesure que la situation évolue, explorer de nouvelles technologies, faire preuve d’esprit critique et de constamment innover.

Sen Ramsamy : «La pire année de toute l’histoire du tourisme mauricien»

Sen Ramsamy, Managing Director de Tourism Business Intelligence, explique que malgré la réouverture de nos frontières en deux phases, les arrivées touristiques pour l’ensemble de l’année 2021 ne sont pas aussi révélatrices que celles de 2020, une année où nos frontières étaient fermées au monde entier sur une période de plus de neuf mois. Selon ses prévisions, les arrivées se chiffrent entre 200 000 et 225 000 touristes pour 2021 contre 309 000 en 2020. « C’est loin des 325 000 visiteurs prévus par le gouvernement », dit-il.

Selon Sen Ramsamy, il ne faut pas confondre touristes et passagers. « En termes de recettes touristiques, je pense que Maurice terminerait l’année avec entre Rs10 et 12 milliards contre Rs 17, 6 milliards en 2020. D’autre part, malgré l’assistance financière du gouvernement dans un souci de préserver l’emploi dans le secteur du tourisme, plus de 4 000 employés ont perdu leur travail depuis mars 2020 », souligne-t-il. Il ajoute qu’en termes de flux de visiteurs, de recettes en devises étrangères et de perte d’emploi, « l’année 2021 est, jusqu’à maintenant, la pire dans toute l’histoire du tourisme mauricien ».

Abordant 2022, Sen Ramsamy confie que si la Covid-19 et ses variants continuent de bouleverser la vie des gens, alors l’année prochaine s’annonce encore plus difficile. « Tant qu’il y aura beaucoup de morts liés à la Covid-19 chez nous, nos principaux marchés touristiques vont décourager les voyages vers Maurice. Pour que le tourisme retrouve ses lettres de noblesse, il est impératif que notre population soit en bonne santé », explique-t-il.

En effet, notre interlocuteur est d’avis que les voyageurs n’iront pas dans des pays où les habitants sont malades et meurent en grand nombre. « 2022 sera l’Année de Vérité pour le tourisme mauricien. Mon souhait pour 2022, c’est que le professionnalisme prime à tous les niveaux et que la solidarité du secteur du tourisme devienne le maître-mot envers la population », conclut-il.

Basheer Taleb : «Du bon travail accompli malgré le contexte difficile»

Le pédagogue, Basheer Taleb, soutient que le secteur de l’éducation s’est adapté, encore plus en 2021, en fonction de la crise sanitaire. « La pandémie nous impose une nouvelle normalité. Le secteur éducatif, comme tout autre secteur, a essayé de s’adapter, avec plus ou moins de réussites. L’enseignement en ligne est bien adapté pour les grands (Grades 10-13) et une certaine interactivité entre profs et élèves est possible. Avec les petits, c’est diffèrent. Ils encaissent mais s’expriment rarement. Il faut évaluer plus souvent. D’autres part, l’attitude de certains élèves, et parfois de quelques parents, laisse à désirer », dit-il.

Toutefois, explique-t-il, l’impact psychologique causé par le manque de contact humain est considérable. « L’école est un lieu de socialisation et d’expérimentation essentiel pour le développement ‘normal’ des jeunes. Il faudra réfléchir sérieusement comment pallier à ce manquement. Pour les enseignants également, ce n’est pas chose facile de travailler efficacement en restant chez soi, avec la famille qui travaille aussi à la maison. Je pense qu’une forme de compensation financière est nécessaire. Je peux vous dire qu’il y a eu beaucoup de frustrations et de découragements. On ne peut pas dire que le programme d’études a été couvert de façon satisfaisante. Mais il y a eu du bon travail quand même », dit Basheer Taleb.

Selon le pédagogue, l’année 2021 a certainement démontré qu’il est impératif d’améliorer plusieurs aspects en ce qui concerne les cours en ligne. « La connectivité stable et rapide dans toutes les écoles est indispensable. Il faut aussi trouver un moyen pour former les élèves concernant leurs attitudes envers les études quand ils ne sont pas en classe. Il faudra travailler sur la surveillance des cours en ligne et surtout sur le mode d’évaluation en ligne. Il faut aussi faciliter l’accès aux ressources en ligne pour la recherche. Le sport et le développement physique a été négligé par les cours en ligne », ajoute-t-il.

Comment se portera le secteur de l’éducation en 2022 ? Basheer Taleb est d’avis que tout dépendra de la situation sanitaire à Maurice. « Si nous sommes forcés de garder les cours en ligne, la question de connectivité dans les écoles deviendra cruciale. Les enfants venant des familles démunies doivent recevoir une attention particulière. La motivation pour les profs est aussi très importante. Par contre, si la situation nous permet de lever le pied, alors le mixed mode présentiel/en ligne pourrait être envisagé. Les profs pourront travailler de l’école avec les élèves qui alterneraient le mode présentiel et le mode en ligne de sorte à ce que l’école ne soit jamais bondée », avance-t-il.

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