jeudi , 8 juin 2023

Benazir, ex-toxicomane convertie à l’Islam : «Après mon premier Ramadan, j’ai hâte de célébrer Eid»

« L’Islam a métamorphosé ma vie et aujourd’hui je suis une personne plus responsable guidée par les enseignements de mon Créateur ». Ce sont les propos de Benazir, une ex-toxicomane convertie à l’Islam en 2021.

En témoignant à visage découvert, Benazir, née Véronique, se veut être un exemple pour ses amies qui sont toujours prises au piège dans l’enfer de la drogue et la prostitution. Pour elle, « l’Islam et le Coran sont les clés de tous les problèmes ». D’origine rodriguaise, la jeune femme raconte que la drogue l’a soumise à une forme d’esclavage. « À Rodrigues, j’étais une élève studieuse et j’avais réussi mes examens de SC. J’ai ensuite suivi des cours pour trouver un emploi », dit-elle. Peu de temps après, elle vient à Maurice pour chercher du travail. Ses compétences et son aisance linguistique lui permettent de décrocher un boulot dans une firme privée. En 2012, par des circonstances inexplicables, elle goûte à sa première dose de drogue. Cela l’entraîne immédiatement dans l’abîme de la délinquance. « Mo ti pe drogué gramatin tanto ek mo absent travay pou ale droguer », raconte-t-elle.

Sa vie devient alors un enfer et seule la drogue était importante pour elle. Benazir n’a pas honte de raconter qu’elle lui arrivait même de voler des légumes et des fruits pour avoir de l’argent pour se procurer sa dose quotidienne. « Si mo pa ti areter à temps, kit foi mo ti pou tom dan prostitisyon », ajoute-t-elle. Ses calvaires s’enchaînent : perte d’emploi, mariage, divorce… Durant son mariage, elle a mis au monde trois enfants. « Pendan 4 ans, mo viv kuma zombi. Mo lespri pa la. Mo nepli koner ki mo pe fer », déclare-t-elle.

Le déclic…

C’est la mort de sa mère à Rodrigues qui allait produire un déclic dans la vie de Benazir. Son père propose de lui payer son billet d’avion pour venir assister aux funérailles de sa mère mais elle refuse, car ne pouvant se passer de sa dose quotidienne. Son père lui fait alors visionner la vidéo de sa mère dans un cercueil. « Etan mo truv mo mama kumsa, mone koumans plorer ek mo diman li pardon. Mé tro tar. Mo dir Bondié tir moi dan sa lenfer la ek mone pense mo 3 zenfan  », se souvient-elle. Quelque temps après, elle tombe sur un homme qui lui lance  : « Madam ou drogué ». Hors d’elle, elle s’en prend à lui alors que ce dernier voulait l’aider. « Misier la ti dir moi li envi aid moi », dit-elle.

Puis un jour, Benazir rencontre les travailleurs sociaux, Ally Lazer et Imran Dhannoo du centre de réhabilitation Dr Idrice Goumany, qui lui prodiguent divers conseils pour mettre fin à sa dépendance. « Mo fine ale ver sa misier ki ti dir moi li kapav aid moi la ek mo fin pren metadone ene sel foi », laisse-t-elle entendre. Faisant preuve d’une volonté de fer, elle parvient à sortir de l’enfer de la drogue et se lance dans une quête de Dieu. Elle a essayé de vivre selon les principes de différentes religions mais elle n’était toujours pas en paix avec elle jusqu’à ce qu’elle rencontre une personne de l’ONG Maison Dawah. Celle-ci lui conseille de lire divers livres islamiques. « À ce moment, je savais que j’ai trouvé ce que je recherchais », confie-t-elle.

En 2021, elle se convertie à l’Islam en prononçant la shahada et elle prend le nom de Benazir. Elle décide même de porter le hijab. Bénéficiant d’un accompagnement de Maison Dawah et du regretté Hossen Korimboccus, Benazir trouve du travail et se dédie à aider ceux accoutumés à la drogue. Cela fait six ans qu’elle n’a plus touché à la drogue et cette année, elle a observé son tout premier Ramadan. « Le jeûne me permet de me sentir bien. Après mon premier Ramadan, j’ai à présent hâte de célébrer ma toute première Eid », se réjouit-elle. Soulignons que Benazir a même pu économiser suffisamment d’argent pour aller rendre visite à son père à Rodrigues. « Kan mo desan depi avion avek mo hijab, mo papa pan rekonet si moi sa », conclut-elle avec le sourire.

Commentaires

A propos de star

Ceci peut vous intéresser

Hadj 2023 : 150 visas additionnels

L’Islamic Cultural Centre (ICC) était plein à craquer, dimanche dernier, à l’occasion de la deuxième …