Le destin n’a pas toujours de visage. Parfois, il frappe sans prévenir, laissant derrière lui des vies brisées et des familles suspendues entre espoir et désespoir.
C’est ce qu’a vécu la famille Salahaunt, à Plaine-des-Papayes, le soir du 30 août 2025. Ce samedi-là, vers 19h30, leur fils Zaheer, âgé de seulement 17 ans, enfourchait sa moto pour se rendre à la mosquée pour accomplir la Salat-ul-Esha. Quelques minutes plus tard, la route Royale s’est transformée en scène de tragédie. Une voiture, surgie de nulle part, l’a percuté violemment. En un claquement de seconde, le jeune homme souriant, passionné de mécanique et apprécié de tous, gisait sur l’asphalte. Sa vie venait d’être fauchée par l’imprudence, et le calme du quartier s’est mué en chaos.
À la maison, sa mère sentit son cœur se serrer avant même de comprendre pourquoi. Le téléphone sonnait sans cesse. Une voix tremblante lui annonça la nouvelle que toute mère redoute : « Kala, ou garson finn fer enn grave aksidan. »
La douleur d’une mère
Le monde s’effondra. Pieds nus, elle courut jusqu’à la route, puis vers l’hôpital. Lorsqu’elle arriva, les ambulanciers sortaient son fils du véhicule. Son corps inerte, son visage pâle, sa jambe gauche tordue…
Elle hurla. Elle tomba à genoux. Elle se souvient à peine de la suite : « Mo finn plorer, mo finn krié, mo leker inn dechirer… mo finn trouve nwar… »
Un médecin tenta de la retenir, elle le bouscula, voulant à tout prix toucher son fils, sentir qu’il respirait encore. Plus tard, honteuse de son geste, elle lui présenta ses excuses. Le médecin posa une main compatissante sur son épaule et lui murmura simplement : « pa bizin dimann pardon, mo kompran enn mama so soufrans. »
Onze jours entre vie et mort
Zaheer fut immédiatement admis à l’unité de soins intensifs de l’hôpital SSRN. Les médecins découvrirent un traumatisme crânien sévère et une jambe gauche écrasée : le tibia complètement broyé, réduit à un puzzle d’os et de chair. Les chirurgiens se démenèrent pour le sauver : fixation interne, transfusions, stabilisation d’urgence.
Pendant onze jours, le jeune homme lutta entre les machines, les alarmes et les prières murmurées à son chevet. Son père, un homme discret, resta silencieux, le regard perdu sur les moniteurs, répétant en boucle : « Mo bizin fort… mo bizin tini pou mo garson. »
Chaque matin, la famille priait pour un signe, pour un mot, pour un souffle. Et lorsque ses doigts bougèrent pour la première fois, l’espoir renaquit. Mais le chemin du combat ne faisait que commencer.
La solidarité d’un village
La nouvelle de l’accident s’est vite répandue dans tout le village de Plaine-des-Papayes. Les voisins, les amis, les proches se sont mobilisés. Des jeunes ont organisé une collecte spontanée, des prières ont été dites dans chaque maison. Son oncle, Shehzaad, fut le premier à réagir ce soir-là : il appela l’ambulance, rassura les parents, puis contacta l’équipe médicale d’OMCA en pleine nuit pour organiser un transfert.
À 23h, un médecin de la fondation arriva sur place pour superviser la stabilisation du patient. Les démarches furent enclenchées dans l’urgence. Chaque minute comptait, chaque décision pouvait sauver ou condamner Zaheer.
Le départ vers l’Inde, dernier espoir
Le 10 septembre, Zaheer fut évacué par vol médical vers l’Inde, accompagné d’un médecin et d’une infirmière de l’OMCA Foundation. Mais à son arrivée, le diagnostic tomba, encore plus lourd que prévu : les vertèbres cervicales C1 à C3 avaient subi un impact d’une gravité extrême, comprimant la moelle épinière. Les médecins indiens furent catégoriques : sans une chirurgie immédiate, le jeune homme risquait la paralysie totale, voire la mort.
Le 13 septembre, une opération d’urgence fut pratiquée : décompression cervicale, fusion sur trois niveaux (C4 à C6), stabilisation des fractures et libération de la moelle. Des heures durant, les chirurgiens se battirent. À la sortie du bloc, Zaheer respirait. Sa vie, cette fois, tenait à nouveau par un fil… mais elle tenait.
Une victoire au goût amer
Le réveil fut long et douloureux. Zaheer ne sentait plus sa jambe gauche. Les médecins lui expliquèrent que l’infection s’était étendue, que les tissus étaient nécrosés. Le mot amputation tomba comme une lame de rasoir. Son père s’effondra dans le couloir. Sa mère pria, les yeux pleins de larmes, implorant qu’on lui épargne cette épreuve. Mais les spécialistes furent clairs : si la jambe restait, la septicémie tuerait le garçon.
Le lendemain, la chirurgie fut pratiquée. Zaheer perdit sa jambe gauche, au-dessus du genou. Il survivra, mais il ne courra plus jamais vers la mosquée comme avant. « Allah inn sap mo garson so lavi… ti kapav pli grave. Nou bizin aksepter seki finn ariver », murmura son père, la voix tremblante, entre résignation et gratitude.
La vie après la tempête
Aujourd’hui, Zaheer est toujours hospitalisé en Inde. Il respire seul, il parle doucement, il rêve encore. Son regard, malgré la douleur, garde une lumière – celle des jeunes qui veulent encore croire que la vie leur doit quelque chose. Il devra suivre plusieurs mois de physiothérapie et, plus tard, porter une prothèse.
Mais ces soins coûtent cher. Trop cher pour une famille modeste qui a déjà tout sacrifié. La facture médicale, les médicaments, les séances de rééducation s’accumulent, et chaque jour de traitement est une course contre le temps et contre la ruine.
Un appel au cœur
L’OMCA Foundation, qui a soutenu la famille depuis le premier jour, lance un appel à la solidarité. Zaheer a besoin de nous. Il est éligible à la Zakât, et chaque contribution, aussi petite soit-elle, peut lui rendre l’espoir d’une vie debout. Ce jeune garçon qui, il y a deux mois encore, aidait son père au garage et souriait à ses voisins, lutte aujourd’hui pour réapprendre à vivre avec un seul pied posé sur le sol.
Pour aider Zaheer
• OMCA Foundation
• MCB : 000450 748030
• IBAN : MU30MCBL0901000450748030000MUR
• Référence : Zaheer – Éligible à la Zakât
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