Thursday , 28 March 2024
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Santé du cœur : quelle vie après une crise cardiaque ?

Pourra-t-on vivre normalement après une crise cardiaque? Comment vit-on avec des risques de récidive ? Peut-on reprendre le sport après un infarctus ? Faut-il changer son alimentation? Dans le cadre de la journée mondiale du coeur observée le 29 septembre, nous avons rencontré le Dr Mustafa Sorefan, cardiologue, Amiirah Hossenbux, diététicienne, et le préparateur physique (coach), Goolam Cader Ally, pour répondre à ces questions.

Dr Mustafa Sorefan, cardiologue : «En cas de douleur thoracique, consultez vite un médecin»

« Après une crise cardiaque, en général, si le muscle cardiaque n’est pas gravement endommagé, les patients peuvent mener une vie normale », déclare d’emblée le cardiologue Mustafa Sorefan. Toutefois, le patient doit considérer des précautions nécessaires pour ne pas risquer une récidive. Les efforts physiques doivent être évités. Le cardiologue met l’accent sur l’alimentation, l’exercice et la prise des médicaments. Après, poursuit-il, les patients peuvent reprendre leurs activités normales en quelques semaines or la récupération après la chirurgie peut prendre deux mois ou plus. Après un tuteur vasculaire (stent) ou un pontage (bypass surgery), les mêmes précautions doivent être prises et en parallèle de l’aspirine et des statines pour diminuer le cholestérol.

Si quelqu’un ressent une douleur thoracique irradiée au bras gauche, à la mâchoire ou au dos, il ne doit pas perdre de temps pour consulter un médecin ou aller à l’hôpital. «Retarder l’obtention d’une aide médicale entraîne des dommages au muscle cardiaque. Ces patients ne pourront pas mener une vie normale par la suite. Il ne faut pas penser que c’est un problème gastrique, musculaire ou encore gaz du corps.  La cause de douleur thoracique peut être fatale dans certains cas », souligne-t-il.

Types de maladies cardiaques

On relève plusieurs types de maladies cardiaques. Les congénitales: soit le  cas des bébés nés avec des trous dans le cœur.  Les valvulaires : principalement dues à une cardiopathie rhumatismale ou une maladie coronarienne, connue plus simplement comme les «artères bloquées». La maladie coronarienne est définie comme un bloc partiel ou complet d’une artère fournissant du sang, de l’oxygène et des nutriments énergétiques au muscle cardiaque. En conséquence, le muscle cardiaque est privé de ces éléments essentiels et ne peut fonctionner comme une pompe efficace. L’angine est due à une obstruction partielle de l’artère. Les sujets ressentent une douleur thoracique à l’effort. Une crise cardiaque dont une occlusion complète provoque un infarctus du myocarde causant au sujet une douleur thoracique sévère, transpiration et chute de tension. Il se sent très malade.

Dr Mustafa Sorefan  souligne que le dépôt de cholestérol dans le vaisseau est la principale cause de blocage des artères. «Les facteurs de risque sont l’âge, le sexe masculin, le tabagisme, le diabète, l’hypertension, l’hypercholestérolémie. L’obésité, autre facteur déterminant est cause  d’hypertension et de diabète, de manque d’exercice et de stress », insiste-t-il.

Goolam Cader Ally, coach professionnel : «Permettre au cœur de reprendre son rythme normal»

Durant ses 20 ans d’expérience comme « Fitness coach », Goolam Cader Ally a pris en charge plusieurs patients cardiaques même après un pontage ou un stent. « Lorsqu’un patient cardiaque vient chez nous, nous voyons généralement son rapport médical et son état de santé pour savoir où nous pouvons commencer », explique-t-il. Selon lui, après un à deux mois de repos, un patient cardiaque peut commencer par un léger étirement. « Toutefois, le patient doit cesser de fumer et mettre fin à une mauvaise alimentation et un mode de vie stressant, » ajoute le coach.

En tant que professionnel, il recommande aussi des exercices. Les premiers exercices doivent être respiratoires. L’oxygène passe par son cœur pour se purifier avant d’être renvoyé au corps. À  son avis, il n’y a pas de meilleure réhabilitation que des exercices respiratoires.  «Beaucoup de gens croient que les étirements sont néfastes pour le corps, ce qui est totalement faux. Après une telle opération, il faut penser à activer le corps avec un étirement structuré. Après une ou deux semaines, un patient cardiaque peut augmenter son amplitude de mouvement deux fois par semaine. Si l’on veut augmenter rapidement, cela dépendra de la façon dont le corps répond et de ses limites », fait-il ressortir.

Il ajoute qu’il ne faut pas trop s’entraîner mais plutôt nous conformer à la  limite corporelle.  Avant d’augmenter ses exercices, il doit consulter son médecin. Une amélioration dans sa force, sa flexibilité, son agilité, son endurance et sa rapidité sont des signes d’une bonne réhabilitation. « L’important, c’est de lui permettre de reprendre son rythme normal avec le  temps, » affirme notre interlocuteur.

Toutefois, CaderAlly n’écarte la possibilité que même en pratiquant des sports intensifs, on peut être victime d’une crise cardiaque ou d’un infarctus. « Chaque cœur respecte un tempo. Si on force sa capacité, on court définitivement un danger. Il est primordial de respecter les limites de votre corps et de bien vous échauffer. Hormis le sport, il faut aussi contrôler son alimentation, son stress et ses sentiments », dit-il.

Son conseil : « On a qu’une vie.  Le corps humain peut être comparé à une voiture et la personne le chauffeur. On doit retourner vers le Créateur et c’est à nous de bien entretenir notre corps pour le présenter à Son Créateur», conclut-il.

Amiirah Hosssenbux, nutritionniste : «Privilégier un repas équilibré à tous les âges»

Amiirah Hossenbux, qui exerce comme diététicienne au Wellkin Hospital nous parle davantage de la maladie cardiaque. « Le système circulatoire comprend le cœur et les vaisseaux sanguins. Leur dysfonctionnement affecte plusieurs parties du corps qui sont alors privées de nutriments et d’oxygène. »  Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès aux États-Unis selon l’American Heart Association. À Maurice, plusieurs facteurs, parmi lesquels, le stress, les régimes alimentaires malsains et la consommation de cigarettes, ont un impact direct sur une maladie cardiaque. Il existe de nombreuses conditions qui prédisposent une telle maladie. À titre d’exemple, l’hypertension non contrôlée, le diabète sucré et l’obésité qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires.

Malheureusement, de nombreux jeunes, adultes et adolescents souffrent aujourd’hui d’hypertension. Si elle n’est pas maîtrisée, elle se complique très tôt. « En raison d’un manque de temps ou d’une culture sédentaire et d’un manque de loisirs, la consommation de produits de restauration rapide dans de nombreux pays développés et en développement, y compris Maurice, est en hausse », souligne-t-elle. Selon elle, la forte teneur en sel et la myriade de sauces transformées et d’aliments génétiquement modifiés  nuisent davantage aux patients d’hypertension. Il est donc conseillé de réduire la teneur en sel des sauces cachées en plus du sel de table. La sauce de soja, les exhausteurs de produits alimentaires, le glutamate mono sodique, les cubes et les jus de viande en conserve, les aliments en conserve dans de la saumure, les viandes fumées doivent faire l’objet d’une surveillance stricte dans le but de lutter contre l’hypertension et les maladies cardiaques.

« Souvent une maladie coronarienne bloque l’artère principale alimentant le sang en muscles cardiaques. Outre l’hypertension artérielle et la fumée de la cigarette, des concentrations élevées de cholestérol dans le sang, principalement le mauvais cholestérol, constituent un facteur de risque majeur des maladies cardiaques », dit-elle encore. Elle précise que l’intervention alimentaire contre le mauvais cholestérol vise donc à réduire les apports en graisses saturées en ajoutant des graisses mono insaturées et poly insaturées de bonne qualité (Oméga 3 et 6) afin de protéger le système cardiovasculaire.

Il est important de noter que l’excitation et la progression des maladies cardiovasculaires reposent sur des processus inflammatoires au niveau artériel. De nombreux aliments de leur côté possèdent des propriétés hautement anti-inflammatoires qui peuvent protéger nos vaisseaux sanguins. « L’ajout d’une variété de fruits et légumes multicolores dans l’alimentation quotidienne peut donc faire le miracle. Les légumes comme le brocoli, le poivron, le chou, les asperges ainsi que les cerises, la grenade et la plupart des fruits disponibles localement sont remplis de ces molécules en plus des vitamines anti- oxydantes», conseille-t-elle. Des apports suffisants en antioxydants et bons gras – provenant de l’huile d’olive, de l’avocat, des graines et des noix permettent de récupérer et promouvoir la synergie des vaisseaux sanguins sains pour le cœur.

De nombreuses études ont démontré les effets positifs des vitamines du complexe B sur la gestion et la prévention des maladies cardiovasculaires et de leurs rechutes. Il est sans doute bénéfique d’ajouter des céréales pour un petit-déjeuner multi grains : le pain brun, les pâtes, la farine, l’avoine qui, outre leur teneur élevée en fibres, contiennent également des vitamines B.

Le contrôle diététique est un facteur modifiable puissant capable de lutter contre l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires et de réduire le taux de morbidité associé. « Notre mode de vie sédentaire associé à un manque de temps pour la préparation d’aliments sains influence directement notre santé et notre système immunitaire. Par conséquent, la nécessité d’un repas équilibré à tous les âges est une priorité qui doit être inculquée dès la petite enfance », conclut-elle.

Comment garder votre cœur en bonne santé ?

1. Évitez de consommer trop de sel dans les préparations alimentaires rapides et les sauces commerciales.
2. Limitez les apports d’huile ou de gras dans les biscuits et les gâteaux.
3. Mangez des viandes maigres, du poisson et du poulet.
4. Choisissez du lait et des produits laitiers faibles en gras.
5. Augmentez votre taux de bon cholestérol en mangeant du poisson gras (saumon, maquereau, hareng), de l’huile d’olive, des noix et des graines, de l’avocat pour protéger votre cœur.
6. Minimiser les quantités de beurre ou l’utilisation de margarine.
7. Évitez de faire frire les aliments – faites griller, cuire, cuire à la vapeur.
8. Comme casse-croûte, mangez plutôt des fruits, des noix et des graines de tournesol, des citrouilles, de chia, de carthame et de lin.
9. Consommez des légumes de différentes couleurs à chaque repas.
10. N’oubliez pas de faire de l’exercice.

Reshad Bakurally, chef de gare : «Je m’efforce de gérer mon problème cardiaque»

Dans le cadre de la Journée mondiale du cœur, nous avons rencontré Reshad Bakurally, 64 ans, qui habite Camp Le Juge, Forest-Side. Il travaille comme Chef de gare de la compagnie UBS à Curepipe. Ce père de famille fut surpris d’apprendre qu’il souffrait d’un problème cardiaque.

Reshad a vu sa vie basculer alors qu’il n’avait que 47 ans, plus précisément lorsque le médecin lui a fait part qu’il a un problème cardiaque. Il n’en revenait pas, car rien ne lui prédisait ce sort. Il ne souffrait d’aucun mal et de surcroît il faisait  du sport. Choqué et attristé par la nouvelle, il savait dès  lors que sa vie allait changer. Il s’en remit alors à son Créateur. « C’est  Allah qui décide de tout », nous dit-il.

Il était un passionné de football, un de ses sports préférés. Après un match avec ses camarades, il décida de faire 3 tours du terrain. Puis, il prit sa bicyclette pour rentrer chez lui à Camp-Le-Juge. « à peine arrivé, j’ai commencé à ressentir une vive douleur à l’estomac. On m’a transporté à l’hôpital. Après les radiographies, le médecin m’a dit que j’ai un problème cardiaque. J’étais choqué et je pensais au pire », nous dit-il.

Exigences du médecin

Affecté moralement et physiquement Reshad devait se plier aux exigences de son médecin. Il pensa à son avenir, à son épouse, ses enfants et sa famille.  Il resta 15 jours à hôpital en observation et on découvrit qu’il avait deux artères bouchées. On lui a prescrit des médicaments et il est retourné chez lui. Deux semaines après la douleur a ressurgi. Il fut transporté d’urgence à la Cardiac Care Unit. Cinq jours après il a subi une opération de la dilatation par le cardiologue Santosh Reebye qui lui  recommanda de ne plus faire du sport sauf la marche.

Et la vie a repris son cours normal pour Reshad. Mais voila que 10 ans après la douleur  est revenue. « J’étais sur mon lieu de travail. On m’a transporté à  l’hôpital Jawaharlal Nehru de  Rose Belle. Après deux jours de traitement on m’a transféré à l’hôpital du Nord. J’ai subi une opération et Alhamdoolilah  depuis  je me sens   bien. Mais je ne touche plus le briani et les menus épicés », ajoute-t-il.

Il a voulu partager cette expérience avec les lecteurs de STAR.  «Il faut éviter de faire des travaux  difficiles et  éreintants surtout quand on a atteint un âge où le cœur peut difficilement les supporter. Le Dr. Gunness m’a dit  ceci : « Si ou penser qui ou capave fer sa, penser aussi si  le cœur capave supporte sa. Il faut éviter de se faire des soucis.  La colère est aussi néfaste pour le cœur et le cerveau », conclut-il.

Ahmad Fakuddeen Jilani et  Fareed Dean

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