Tuesday , 16 April 2024
POLYTOL

Polytol : une entreprise familiale qui perdure

Polytol, une entreprise familiale fondée en 1987, célèbre cette année ses 32 ans d’existence. Abdus Samad Sohawon et Tariq Sohawon se sont confiés à STAR sur le cheminement de la compagnie et les secrets de leur réussite. Rencontre.

En 1973, le président actuel, Abdallah Kemal Sohawon, s’est aventuré dans le domaine des peintures pour automobiles en important la célèbre marque de mastic de réparation automobile «Autotex» du Royaume-Uni. Grâce à son travail acharné et à ses efforts constants pour solliciter les tôliers partout à Maurice, le produit a rencontré un succès immédiat. Il s’est contenté d’importer la gamme de sous-couches automobiles Autotex jusqu’au début des années 1980 quand le fournisseur britannique  a subitement fermé ses portes. Disposant déjà d’un marché intéressant, Abdallah Sohawon a décidé de fabriquer les produits localement. En acquérant le savoir-faire et la maîtrise technique, il a lancé officiellement en 1987 la marque de remplissage de carrosserie «Polytol» avec l’aide de son neveu, Nooranee Sham, actionnaire de la compagnie.

En 1992, Samad Sohawon, le fils aîné d’Abdallah Sohawon, rejoint la société après avoir décroché son diplôme d’une grande école française d’ingénieurs, spécialisée dans la formulation des peintures. Il a mis à profit son expertise pour développer la gamme de produits, à commencer par les couches de finition pour automobiles et les revêtements pour bois. Tous les produits ont été fabriqués selon les normes de qualité européenne et vendus à des prix compétitifs, ce qui leur a valu de décrocher une part du marché.  Tariq Sohawon, le frère cadet de Samad a, pour sa part, rejoint le groupe en 1998 après avoir obtenu sa maîtrise en marketing, en Angleterre. Leur objectif était de développer conjointement leurs activités en introduisant de nouvelles gammes de produits et en ciblant de nouveaux segments du marché local.

Les opportunités et les obstacles à l’époque

Ils ont créé des opportunités de marché avec Kapci et ouvert le marché de la finition automobile à un plus grand nombre de peintres professionnels en raison de leur rapport qualité et prix compétitif. Au départ, les peintures métalliques et perlées étaient vendues à un prix très élevé, mais Kapci a démocratisé ce marché. « Nous avons également rencontré des difficultés avec l’introduction injuste de droits de douane sur Kapci en raison des lobbies locaux qui ont forcé le gouvernement à appliquer la clause de «sauvegarde» du traité COMESA », relate Samad Sohawon. Avec Polycolor, poursuit-il, le problème était différent. Le marché des peintures décoratives était fortement dominé par deux  grandes marques et il leur a fallu de nombreuses années pour conquérir une part de ce marché, malgré la gamme de produits de qualité supérieure et même le standard MS3 dans de nombreux produits.

Surmonter les obstacles

Face aux épreuves, les deux frères n’ont jamais baissé les bras. Avec Kapci, pour la question de droits de douane injustes, ils étaient déterminés à réclamer justice et ils ont donc déposé une plainte contre le gouvernement auprès du tribunal de COMESA. En 2012,  ils ont obtenu gain de cause et le gouvernement a dû leur rembourser les excès de droits de douane qu’ils ont payés pendant 10 ans. Pour insuffler une nouvelle vie à leur entreprise, les deux frères ont lancé une campagne de rebranding en 2012 et ils ont investi davantage dans les activités de marketing. « Aujourd’hui, la stratégie de marque et le marketing font partie intégrante de notre stratégie visant à conquérir davantage de marchés, tout en disposant d’une force de vente efficace et efficiente ainsi que d’un service client adapté. De plus, malgré la récession, nous n’avons pas fait de compromis sur la qualité des produits », fait ressortir Samad Sohawon.

L’importance du coaching

Les deux frères Sohawon reconnaissent que gérer une entreprise familiale pouvait entraîner le risque de conflits à un moment donné. « Nous étions parmi les rares PME à avoir embauché en 2011 le cadre et le méta-coach professionnel de renom Eshan Abdool Raman pour nous aider à atteindre l’objectif qui consistait à travailler ensemble en équipe et de rechercher des solutions plutôt que des problèmes », révèle Tariq Sohawon.  Il ajoute que dans leur culture, les liens familiaux et les liens du sang ont plus d’importance que le partenariat commercial.

« C’est un aspect que négligent de nombreuses entreprises familiales qui se retrouvent dans un cercle vicieux. Grâce au coaching, nous avons acquis une vision plus positive de nos relations commerciales et développé une meilleure synergie qui est devenue notre force motrice pour faire avancer la société et ainsi améliorer les performances du marché »,  ajoute Tariq Sohawon. Inspiré par l’impact du coaching au sein d’une entreprise, Tariq envisage de se lancer bientôt dans cette filière pour aider les entrepreneurs mauriciens.


L’innovation, le maître-mot de leur succès

Chez Polytol, l’innovation est le maître-mot, ce qui explique son succès. L’entreprise a lancé plusieurs produits innovants au cours de son parcours qui démontrent son culture d’innovation. « Par exemple, nous avons été les premiers à avoir introduit en 2006 une nouvelle gamme de peintures de décoration d’intérieur sur le marché comme la peinture à paillettes. Nous étions également le seul fabricant de peintures à avoir obtenu la certification MS3 en 2008 du MSB pour quatre peintures en émulsion », indique Tariq. Parmi d’autres projets, l’entreprise a également mis au point une peinture fonctionnelle imperméabilisante et hydrofuge en élastomère pour murs présentant des propriétés de pontage des fissures. Dans le secteur du bois, elle a introduit en 2018 la gamme de produits Owatrol, idéale pour la rénovation des surfaces extérieures en bois. Récemment en 2018,  la compagnie a développé une application numérique appelée «Grab a Painter» dans le but d’aider toute personne à la recherche d’un peintre professionnel dans les domaines de la peinture.

« En fin de compte, nous voulons nous positionner sur le marché en tant que fournisseur de solutions au lieu d’être un fabricant normal de peintures », conclut Tariq Sohawon.


Conseils aux compagnies familiales

1) Ne négligez pas les liens familiaux. Construisez des relations positives et une synergie autour de ces relations, au lieu de vous engager dans des conflits inutiles qui affectent les relations.
2) Concentrez-vous sur les solutions plutôt que sur les problèmes.
3) L’apprentissage se développe. Ayez toujours envie d’apprendre de nouvelles façons d’améliorer votre entreprise et de les communiquer efficacement avec les autres membres de la famille. La communication formelle est également très importante pour éviter les désaccords ultérieurement.
4) Quand une entreprise se développe, sa gestion devient plus complexe. Par conséquent, entourez-vous de personnes compétentes pour gérer les fonctions critiques. Clarifiez le rôle et les responsabilités de chacun.
5) La planification de la relève est cruciale dans l’entreprise familiale. Clarifiez bien, quoi et comment transmettre l’entreprise à la jeune génération. Réussir à le réaliser aidera à éviter de nombreux conflits futurs.

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