Friday , 29 March 2024

Journée mondiale du rein – Insuffisance rénale : une tueuse silencieuse

Pas moins de 10 000 patients souffrent de maladie rénale à Maurice et plus de 1300 patients sont dialysés. Dans le cadre de la Journée mondiale du rein qui sera observée le jeudi 14 mars, STAR a rencontré le néphrologue Dr Zaher Gendoo et Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patients Association pour apporter plus d’éclaircissements sur cette maladie qui devient un souci grandissant pour la population mauricienne. Nous vous invitons à en savoir davantage.

Chacun d’entre nous possède normalement deux reins qui assurent plusieurs fonctions vitales pour l’organisme à l’instar de la filtration du sang. Ils filtrent les substances toxiques et indésirables de la circulation sanguine afin que le corps les élimine via l’urine. Les reins produisent des hormones qui aident à contrôler la bonne quantité d’eau et de sodium dans l’organisme régularisant ainsi la pression artérielle. L’insuffisance rénale survient quand le rein ne parvient plus à assurer ses principales fonctions.

Dr Zaher Gendoo
Dr Zaher Gendoo

Dr Zaher Gendoo explique qu’il existe deux principales maladies qui abîment le rein. Ce sont le diabète et l’hypertension artérielle, ajouté à d’autres facteurs de risque, notamment les antécédents familiaux ou les facteurs génétiques, les maladies cardiovasculaires, l’obésité et l’âge. Les maladies urologiques comme les calculs rénaux (pierres) ainsi que les maladies métaboliques peuvent aussi causer des problèmes. Soigner l’hypertension, estime le néphrologue, demeure une étape importante pour empêcher la maladie rénale, surtout qu’au départ, on ne sent rien et on néglige de se soigner.

Pour être à l’abri de ces maladies, le néphrologue conseille aux personnes qui ont des antécédents familiaux de diabète ou qui ont des proches qui souffrent d’hypertension de considérer l’idée de faire des tests de dépistage. Aussi, ceux qui ont un taux de cholestérol élevé devraient également prendre des précautions et faire un test de dépistage. Idem pour ceux qui ont des proches avec une cystite ou qui sont morts d’une maladie rénale. « De manière générale, quand on a un excès de poids, cela a une incidence non seulement sur les reins, mais sur les autres organes également comme le cœur », souligne-t-il.  Une personne est à risque si son indice de masse corporelle est à 30, et à 40, il y a définitivement un problème. D’autre part, il nous fait comprendre qu’une maladie du rein peut survenir à n’importe quel âge. Il y a même des enfants qui naissent avec des malformations aux reins et qui ont des problèmes autour de l’âge de 5 ou 10 ans, comme le syndrome néphrotique.


Qu’est-ce que la dialyse ?

La dialyse est un filtre à travers lequel on fait passer le sang du patient d’un côté, et de l’autre, on fait passer un liquide qui est proche du sang d’une personne qui n’est pas malade. Il y aura des échanges qui vont se faire entre ce liquide et le sang.

« La dialyse est destinée aux personnes qui souffrent d’insuffisance rénale au stade 5 (phase terminale). Leurs reins ne fonctionnent pas normalement, 90% des reins étant affectés. Les 10% restants ne peuvent assumer les fonctions qu’elles auraient dû assumer, comme l’élimination de ce qui n’est pas bon pour l’organisme. Les sessions de dialyse servent donc à substituer à la fonction des reins. C’est un traitement à vie s’il n’y a pas de transplantation ou si le patient n’est pas éligible à une greffe », dit-il encore. L’avantage d’une transplantation rénale, selon lui, c’est que cela va éliminer complètement les sessions de dialyse pour ceux souffrant d’insuffisance rénale ». Avec la transplantation rénale, le malade redeviendra autonome. Les coûts vont aussi diminuer, car une fois une transplantation rénale effectuée, il n’y a qu’un suivi médical régulier à faire alors que les sessions de dialyse coûtent cher.

Bose Soonarane : «La prévention est meilleure que la souffrance»

140319_bossBose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patients Association, pour sa part, fait un constat malheureux : le nombre de patients ne cesse de grimper d’année en année. Selon lui, il y a plus de 10,000 patients qui souffrent de maladie rénale et pas moins de 1300 patients qui sont sous traitement par dialyse à Maurice. « Tout cela découle de notre habitude alimentaire qui fait que nous souffrons d’hypertension et de diabète. La majorité de Mauriciens n’a pas de contrôle sur ce qu’ils mangent », déclare-t-il. Selon lui, le ministère de la Santé œuvre d’arrache-pied pour la santé de nos citoyens, mais en parallèle, il est mieux que ces derniers évitent d’arriver au stade de dialyse, car il est pénible de consacrer 12 heures par semaine à des sessions de dialyse.

D’autre part, Bose Soonarane explique que le problème lié à la quantité d’appareil de dialyse risque de ne pas être résolu  de sitôt vu le nombre croissant de patients. « Le ministre envisage d’acheter des machines de dialyse, mais il faut aussi penser  à l’espace pour les accommoder », dit-il. Proposer des chaises de dialyse a, explique-t-il,  grandement diminué l’espace pris par les lits, mais ces derniers sont plébiscités par des patients vu qu’une session dure 4 heures. Le ministère de la Santé a ouvert un centre de dialyse à l’hôpital A.G. Jeetoo et envisage d’utiliser l’ex-hôpital à Montagne longue comme un centre de dialyse qui pourra, selon Bose Soonarane, soulager davantage la population.

Pour rappel, la Renal Disease Patients Association est une organisation bénévole qui s’assure que les patients reçoivent leurs soins complets dans les centres de dialyse. Elle milite également pour qu’ils obtiennent des facilités de transport pour leurs sessions de dialyse. Ceux qui veulent contacter l’organisation pour plus de détails ou faire des dons peuvent le faire sur le 5729 7657.

Commentaires

A propos de Ahmad Fakuddeen Jilani

Ceci peut vous intéresser

Ruisseau du Pouce : un sursis aux souffrances des marchands ambulants

Les marchands ambulants du Ruisseau du Pouce, au nombre d’une cinquantaine et opérant depuis une …