Friday , 29 March 2024
Journée mondiale contre le cancer

Journée mondiale contre le cancer : cette maladie qui gangrène notre société

La Journée mondiale contre le cancer est célébrée ce lundi 4 février. À Maurice, la situation demeure alarmante car chaque année, l’on détecte quelque 2000 nouveaux cas. Selon le rapport annuel du Mauritius National Cancer Registry, le cancer est la troisième cause de décès à Maurice.

Son nom fait encore trembler de nombreuses personnes et demeure un tabou pour beaucoup. Le cancer est une maladie qui ronge la société mauricienne et a détruit d’innombrables familles brisant au passage rêves et projets. Cette année, le thème de la journée mondiale du cancer est « I am and I will », c’est-à-dire que qui que vous soyez, vous avez le pouvoir de réduire l’impact du cancer sur vous-même, les gens que vous aimez et sur la planète entière. Cette campagne durera trois ans et servira à raisonner, inspirer le changement et mobiliser l’action longtemps après le déroulement de cette journée. Une campagne s’étendant sur plusieurs années offre ainsi une opportunité de créer un impact à long terme en augmentant une exposition et un engagement destiné au public.

À Maurice, selon le rapport annuel du Mauritius National Cancer Registry de 2017, le nombre global de nouveaux cas de cancer a diminué de 5,6% par rapport à 2016, avec une réduction de 3,9% chez les femmes et une baisse de 8% chez les hommes. En 2017, 2 461 nouveaux cas ont été enregistrés, parmi lesquels le nombre total de cas de cancer chez les hommes était de 973 et 1 488 nouveaux cas de cancer chez les femmes. Selon le rapport, le cancer est la troisième cause de décès à Maurice et son nombre ne cesse de croître. En 2018, 1 371 décès dus au cancer ont été enregistrés. En outre, parmi les 10 140 décès en 2017, 1366 (13,5%) sont dus au cancer. Le cancer du poumon (16,2%) reste la principale cause de décès chez les hommes et de 27,1% chez les femmes. Les statistiques montrent que 55,1% de tous les cancers à Maurice surviennent à partir de 60 ans, soit 605 cas chez les hommes et 755 cas chez les femmes.

Un lien avec notre environnement

Selon le Dr Sahiboullah Sohawon, du département d’oncologie et spécialiste des soins palliatifs de la Clinique Darné, le développement du cancer ou de la cancérogenèse est un processus en plusieurs étapes. « C’est un processus par lequel l’accumulation de mutations de l’ADN dans les noyaux des cellules, initialement normales, conduit à une cellule transformée ou cancéreuse. Cette cellule cancéreuse acquiert de nouvelles propriétés telles que le potentiel de la réplication illimité, attirant de nouveaux vaisseaux sanguins vers cette masse de cellules tumorales », explique le Dr Sahiboullah Sohawon. Il avance qu’il existe plusieurs causes de cancer dont le facteur héréditaire, l’environnement, la qualité des aliments que nous mangeons, le tabagisme et l’alcool ainsi que l’environnement du travail, entre autres. « L’hérédité est la cause de 10% des causes du cancer alors que 90% des causes est lié à l’environnement, soit la qualité de l’air et la pollution », soutient-il.

Allia Syed Hossen-Gooljar, du CDM : «Le cancer est toujours considéré comme un tabou»

080219_aliaLa directrice du Centre des Dames Mourides (CDM), Allia Syed Hossen-Gooljar, tire la sonnette d’alarme quant à la situation des femmes qui souffrent du cancer à Maurice. Selon elle, celles-ci n’ont pas toujours l’encadrement souhaité lors de leur maladie et leur traitement. L’année dernière, le CDM avait organisé une vaste campagne de dépistage du cancer du sein à l’intention de plusieurs femmes issues des régions défavorisées du pays.

Cette année encore, l’association souhaite renouveler cette démarche et vise à toucher un plus grand nombre de femmes. « Avec la collaboration de la CSR Foundation, le CDM veut toucher cette année les femmes qui sont dans les associations pour les personnes en situation de handicap et aussi celles qui sont en prison. Nous voulons aussi avoir l’apport d’une psychologue pour accompagner ces dames lors de leur traitement et d’une nutritionniste pour leur donner des conseils alimentaires », nous dit Allia Syed Hossen-Gooljar. Elle ajoute que cette fois-ci, le CDM vise à toucher 500 femmes à travers le pays.

Selon la directrice du CDM, le « cancer est toujours considéré comme un tabou » à Maurice. Elle avance que lors de la précédente campagne de dépistage, elle a eu l’occasion de rencontrer plusieurs femmes atteintes du cancer du sein mais qui ne voulaient pas aller de l’avant pour un traitement par « crainte ». « Certaines femmes n’ont également pas le soutien de leurs familles, voire leurs époux.  Je connais personnellement une dame qui souffrait d’un cancer du sein mais dont l’époux ne voulait pas qu’elle ait une ablation. Il est malheureux que la mentalité de certaines personnes n’ait pas changé », souligne-t-elle.

Allia Syed Hossen-Gooljar lance un appel aux femmes pour se faire dépister au plus tôt. « Nous avons constaté que plusieurs femmes, surtout celles d’origine asiatique, n’ont pas la culture de regarder leur corps. Elles n’ont ainsi aucune connaissance d’une quelconque difformité ou de changement de leur corps. Il y a aujourd’hui un rajeunissement de cette maladie parmi les femmes d’où la nécessité d’un dépistage précoce », lance-t-elle. Elle espère que les femmes qui souffrent de cancer puissent avoir un encadrement approprié et aussi de bénéficier des services d’ambulance lors des différents traitements dans les hôpitaux.

Le New Cancer Centre sort de terre

La construction d’un hôpital pour le traitement du cancer, à Solférino, est en bonne voie. Les travaux pour ce projet au coût d’un milliard de roupies ont déjà commencé en novembre 2018 et trois « bunkers » sont en train d’être construits pour pouvoir contenir les ondes de radiation. Les bunkers sont d’une largeur de trois mètres. Si aucune date n’a été avancée pour son inauguration, le New Cancer Centre devrait être opérationnel d’ici le deuxième trimestre de 2019. Ce nouvel hôpital sera équipé de 200 lits et doté de deux accélérateurs linéaires (LINAC) pour le traitement des tumeurs cancéreuses. Chaque accélérateur coûte Rs 100 millions. Aussi, l’hôpital comptera un centre de recherche et une unité spécialisée en greffe de cellules souches.

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