Waleed Hamuth, 18 ans, est l’un des rares Mauriciens à être admis à la faculté de médecine de Sorbonne Université, France, pour des études tant les critères de sélection sont stricts. Son chemin vers ce prestigieux temple de la connaissance a été un véritable parcours du combattant.
Originaire du petit village de Lower Vale, Waleed Hamuth voit l’avenir en grand. Il peut pousser un ouf de soulagement après son admission à la Sorbonne pour entreprendre des études de médecine. Cela dit, malgré son jeune âge, il est pleinement conscient des sacrifices de ses parents pour que ses sœurs et lui réussissent dans la vie. « Mo finn fer face a ban circonstance bien partikilier dan mo la vie », dit-il d’emblée.
En effet, au sein de sa famille, son père, Abdool Rakib Hamuth, 66 ans, est le seul soutien financier en tant que propriétaire d’une petite quincaillerie située juste en face de leur maison. « J’ai passé la majeure partie de mon enfance dans ce magasin, m’imprégnant de l’atmosphère de travail alors que mes parents partaient souvent à Port-Louis pour approvisionner leur commerce. Malgré les défis financiers écrasants, l’éducation était sacrée pour mes parents, qui ont décidé de nous offrir, à mes deux sœurs et moi, une des meilleures éducations possibles dans les écoles privées de Maurice, au prix de sacrifices inimaginables », laisse-t-il entendre.
Depuis lors, les souvenirs de ces années de lutte et de résilience sont gravés en lui. « Parfoi mo ti pe fer devoir lekol amba akoz mo pa ti ena enn biro. Ban sorti entre fami ti bien rare akoz si ferme quincaillerie enn zour pou ale promener, mo papa ti risker trouv li en difikilter lendemain », raconte-t-il. Waleed avance que ces difficultés étaient une réalité constante, mais elles lui ont enseigné la valeur de la débrouillardise : « pour économiser, j’ai appris à maîtriser l’électricité, la plomberie et même la mécanique automobile. Installer une prise, réparer une pompe à eau ou la voiture…toutes ces compétences sont devenues une seconde nature pour moi, en plus de mes études. »
Détermination
Ainsi, le jeune homme est d’avis que son parcours inhabituel l’a façonné d’une manière unique. Pour lui, chaque défi surmonté a renforcé sa détermination et sa capacité à se débrouiller seul dans la vie. « Mon parcours ne ressemble à aucun autre, mais il a forgé en moi une résilience et une persévérance qui continuent à guider ma vie. Je suis reconnaissant pour les enseignements précieux tirés de ces expériences, qui m’ont préparé à affronter les défis futurs avec courage et détermination », dit-il avec beaucoup de sagesse.
Waleed nous confie que la famille Hamuth est relativement nombreuse, mais que malheureusement, certains différends ont fait que ses parents, ses deux sœurs et lui se sont retrouvés isolés. « Depuis mon enfance, ma véritable famille se limite à mes parents et mes sœurs, malgré la présence de nombreux oncles et tantes. Cette situation a été une source de douleur, mais aussi de résilience. J’ai appris que la véritable famille n’est pas seulement liée par le sang, mais par l’amour et le soutien inconditionnel. Nous croyons fermement qu’Allah ne nous a pas mis sur cette terre pour endurer l’isolement et la jalousie. Au contraire, nous devons toujours avancer avec espoir et foi en un avenir meilleur. Je suis convaincu qu’un jour, ces relations familiales se rétabliront. En attendant, nous devons rester unis et continuer à nous battre pour nos rêves, en gardant à l’esprit que chaque défi surmonté renforce notre détermination et notre foi en l’avenir », ajoute-t-il.
Concours de médecine à la Sorbonne : «Mo finn deman Allah boukou du’as»
Waleed Hamuth partage que son année de concours a été la plus difficile de sa vie, marquée par la séparation pour la première fois de ses parents et par un parcours semé d’embûches. En effet, le concours de médecine à la Sorbonne est réputé pour sa difficulté extrême, et notre interlocuteur confie qu’il savait qu’il serait essentiel de ne jamais perdre de vue sa foi en Allah. Malgré les défis, il n’a pas abandonné ses Salats et les du’as, et dit croire fermement que la foi en Allah renforce et accentue le succès de nos efforts.
Ainsi, Waleed passait plus de 14 heures par jour devant son ordinateur et ses cours, sans pause ni vacances pendant 11 mois consécutifs. Selon lui, cette discipline intense était nécessaire pour atteindre son objectif, mais elle l’a également exposé à des périodes de doute, de dépression et de peur. « A sak foi ki mo ti pe senti moi submerger, mo ti pe lir ban sourah. Mo finn deman Allah boukou du’as. Sa ban moment la finn etre enn grand rekonfor et finn aide moi sirmonte ban epreuve bien dir », laisse-t-il entendre.
Grâce à cette foi indéfectible et à un travail acharné, Waleed a réussi à surmonter l’un des concours les plus difficiles de France. Son succès est une preuve que la persévérance, combinée à la foi, peut nous mener au-delà de nos limites apparentes. « Aujourd’hui, je regarde en arrière avec gratitude et fierté, sachant qu’Allah m’a guidé tout au long de ce chemin ardu », dit-il.
Concours PASS pour intégrer la faculté
Waleed classé 91e sur 1525 candidats
Le français n’étant pas sa langue maternelle, Waleed Hamuth a dû surmonter un défi linguistique majeur tout au long de son parcours académique. Malgré cette barrière, il a toujours maintenu le cap vers ses objectifs. Il raconte que ses premières années scolaires ont été particulièrement difficiles. « Apré lekol, mo ti pe passe letan dan quincaillerie pou donne mo papa enn koudmé pou get client ek organiz ban travay. Letan pou apran ti inpe limité. Mé sa ban défi financier ek familial la zamai finn dekouraz moi », met-il en avant.
Son engagement a porté ses fruits avec ses premiers grand exploits : l’obtention de la mention très bien et les félicitations du jury (équivalent de Lauréat dans le système anglais) au Brevet et au Baccalauréat, avec une moyenne générale avoisinant 18/20. « Ces succès ont été le tremplin qui m’a permis d’intégrer la prestigieuse Sorbonne Université pour y étudier la médecine », dit-il.
Par ailleurs, il est impératif de candidater au concours PASS (Parcours Accès Spécifique Santé) qui est une étape cruciale et qui est réputé pour sa rigueur et sa difficulté comme l’un des plus durs de France. Après 248 jours de travail acharné, souvent entre 13 et 14 heures par jour, malgré les défis financiers et familiaux et sans aucune préparation externe, Waleed se dit heureux d’avoir réussi au concours. Il s’est classé 91e sur 1525 candidats, avec la distinction honorifique de « Grand Admis ». Seules 107 places étaient disponibles dans la filière médecine qu’il a choisie, rendant cette réussite d’autant plus significative et déterminante pour son avenir professionnel.
« Ce succès représente pour moi non seulement des années de détermination personnelle, mais aussi le résultat de la persévérance de mes parents. Chaque étape franchie a été guidée par leur soutien inconditionnel et leur sacrifice. Aujourd’hui, je suis prêt à poursuivre mon chemin dans le domaine médical, fort de ces expériences qui ont forgé ma résilience et ma volonté de réussir », dit-il avec beaucoup d’humilité.
Ému, Waleed avance qu’il ne pourrait jamais assez remercier ses parents, son père Abdool Rakib Hamuth et sa mère Tassnim Kassam-Hamuth, et ses deux sœurs Tanzilah (12 ans) et Rizwana (6 ans) pour leur soutien et leur encouragement.
Passionné par la médecine depuis son enfance
Contrairement aux motivations souvent entendues, telles que le salaire ou les attentes familiales, Waleed Hamuth confie que son choix de devenir médecin est profondément enraciné dans sa passion pour les sciences. Depuis son enfance, il était attiré par la physique, la chimie et la biologie. « Initialement orienté vers une carrière scientifique, j’ai vite réalisé qu’il me manquait un aspect crucial : le contact humain. Après avoir passé tant d’années en interaction avec les clients de la quincaillerie familiale, j’ai compris que mon véritable épanouissement résidait dans la capacité à aider directement les gens, à comprendre leurs besoins et à soulager leurs souffrances », affirme le jeune étudiant.
En outre, il se dit convaincu de posséder à la fois l’intellect nécessaire et un dévouement profond pour embrasser les études médicales à Sorbonne Université. « C’est cette conviction qui m’anime et me pousse à poursuivre cette voie avec passion. Mon désir constant de comprendre le fonctionnement du monde qui nous entoure, et désormais du corps humain, est ce qui me guide vers la spécialisation en chirurgie. Pour moi, être médecin va bien au-delà d’une simple profession ; c’est une vocation qui incarne pleinement qui je suis et ce en quoi je crois », soutient-il.
Sorbonne, la référence
L’Université de Sorbonne, particulièrement sa faculté de médecine, est l’une des institutions les plus prestigieuses et renommées au niveau mondial. Elle se distingue non seulement par la qualité exceptionnelle de son enseignement, mais aussi par son affiliation avec l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Classée parmi les meilleurs hôpitaux du monde, la Pitié-Salpêtrière est un centre de référence en matière de soins, de recherche et d’innovation médicale. Cet hôpital abrite l’Institut du Cerveau, classé premier au monde, où des avancées révolutionnaires dans la compréhension et le traitement des maladies neurologiques sont réalisées chaque jour.
« Étudier à la Sorbonne et avoir l’opportunité de se former à la Pitié-Salpêtrière, c’est s’immerger dans un environnement d’excellence, aux côtés de chercheurs et de praticiens de renommée internationale, et participer à des travaux de pointe qui façonnent l’avenir de la médecine », estime Waleed Hamuth.
Un appel
Vu les contraintes financières de ses parents, Waleed Hamuth pourrait avoir des difficultés à joindre les deux bouts durant ses études en France. Ainsi, plusieurs de ses amis, inspirés par son parcours, ont lancé une cagnotte en ligne pour l’aider à entreprendre ses études de médecine. En outre, toute contribution financière serait la bienvenue pour aider le jeune homme. Si vous souhaitez l’aider, vous pouvez faire un don par virement bancaire à la MCB : 000017109345.