Certains des médecins mauriciens qui ont étudié en France ne peuvent pratiquer à Maurice. La Private Notice Question (PNQ) de Xavier-Luc Duval était d’ailleurs axée sur ce sujet cette semaine à l’Assemblée nationale. Pour le président du Medical Council, il est plus qu’essentiel d’harmoniser les règlements.
Malgré l’existence des accords bilatéraux entre Maurice et la France, pourquoi certains médecins qui ont étudié en France ne peuvent pratiquer à Maurice ?
Le cœur du problème réside dans le fait que le système de formation en France est basé sur trois cycles. Après avoir complété les deux premiers cycles, les étudiants reçoivent leur diplôme. Et par la suite, certains optent pour des spécialisations. Le problème avec la France par rapport avec notre législation, c’est que selon la Medical Council Act, un médecin doit faire un « pre-registration training » de 18 mois sur différents aspects cliniques et prendre part à deux examens. Après quoi, le médecin est éligible à être enregistré d’abord comme généraliste bien qu’il soit déjà spécialiste et par la suite il peut postuler pour un poste de spécialiste. C’est sur ce point précis que la législation mauricienne diffère de celle de la France.
Le cas d’un médecin a même été évoqué à l’Assemblée nationale cette semaine. Que compte faire le Medical Council dans ce cas précis ?
Nous nous sommes déjà penchés sur ce cas et le sous-comité « Education » est en train d’étudier l’aspect de « registrability » du médecin. Je peux vous dire qu’il est enregistré auprès du Medical Council ici et aussi auprès du conseil de l’ordre des médecins dans le pays où il a étudié et pratiqué comme médecin-généraliste ou autre. Il est certain que s’il répond à tous les critères, ce médecin pourra être enregistré d’abord comme généraliste chez nous.
350 Mauriciens étudient actuellement la médecine en France. Que leur adviendra-t-il ?
Valeur du jour, si ces 350 médecins entament leur troisième cycle dans un domaine clinique, qu’ils se sont enregistrés auprès du conseil national de l’ordre de médecins en France et qu’ils travaillent pendant trois ans là-bas, nous pourrons considérer leur candidature en tant que médecins-généralistes s’ils ont l’intention de venir à Maurice. Cette semaine, la presse a aussi fait état de 64 médecins spécialisés de l’université de Bordeaux et qui exercent à Maurice. Pour eux, je pense qu’ils étaient déjà qualifiés et il faut aussi tenir en compte le fait que la loi a été amendée en plusieurs occasions.
…nécessaire de faire connaître aux médecins les domaines les plus touchés par les plaintes…»
Au final, qu’est-ce qui explique toute cette incohérence ?
Vous savez, chaque pays dispose de son propre système de formation médicale. En général, les études sont les mêmes partout à travers le monde. Mais la façon dont les cours sont dispensés diffère de pays en pays. Chacun a une approche différente. Par exemple, le système français est complètement différent de celui d’Angleterre. Et un autre facteur à considérer est que Maurice également dispose de ses propres lois.
Que doit-on s’attendre du sous-comité mis sur pied par le Medical Council ?
Le sous-comité international d’éducation a été mis sur pied afin d’harmoniser les règlements selon les régulations internationales. Il est question de consulter chaque pays et d’analyser les différents aspects de leurs régulations tels que l’enregistrabilité des médecins. Le sous-comité se penche aussi sur le contenu de leurs cours que ce soit clinique ou en termes de formation. De là, nous allons essayer de tout standardiser et voir s’il y a une possibilité de reconnaissance mutuelle. Selon l’article 12 (b) de la Medical Council Act, nous ferons ainsi des recommandations au ministre de la Santé, le Dr Anwar Husnoo, dans le but d’apporter des changements nécessaires à notre législation car le système d’enregistrement des médecins doit être plus souple.
Quelle est la tendance actuellement en ce qui concerne l’enregistrabilité des médecins ?
Il y a trois critères à prendre en considération : la connaissance, les aptitudes cliniques acquises au cours des études et l’attitude du médecin. La tendance tend plus vers une harmonisation de ces trois critères. Personnellement, je prône l’équivalence en ce qui concerne l’enregistrabilité des médecins. Par exemple, si un médecin est déjà enregistré auprès d’un conseil de l’ordre des médecins dans un quelconque pays, il serait tout à fait logique qu’il puisse le faire dans un pays. Néanmoins, cela requiert de nombreux amendements à notre loi d’où les recommandations que nous allons faire au ministre d’ici deux à trois mois.
Outre l’enregistrement des médecins, quels autres aspects de la loi pensez-vous qu’il faut revoir ?
Non, il y a un certain nombre d’articles de la Medical Council Act qui sont corrects. Mais la médecine est un domaine qui ne cesse d’évoluer d’où la nécessité de constamment revoir certains articles de la législation et apporter une standardisation des règlements. La loi doit tout le temps être évolutive et ce, en fonction des développements apportés dans le domaine médical dans le pays et à travers le monde.
Par ailleurs, le manque de spécialistes dans les hôpitaux est décrié. Dans quel domaine de spécialisation est-ce le cas ?
Malheureusement, il n’est pas du ressort du Medical Council de se pencher sur cela. Le ministère de la Santé a ses priorités et selon les demandes, il canalisera les médecins vers tel ou tel domaine de spécialisation. Il faut aussi comprendre que le ministère de la Santé a aussi un budget à gérer.
Vous avez fait des cas de négligence médicale et des enquêtes y relatives votre cheval de bataille. Où en est-on à ce sujet ?
La semaine dernière, une bonne partie des cas a été traitée et j’ai mis sur pied quatre sous-comités d’investigation pour se pencher sur ceux qui sont toujours pending. Il y a environ 60 cas sur lesquels nous travaillons. En toute honnêteté, je trouve que ce n’est pas correct de faire attendre à la fois les plaignants et le receveur de la plainte.
Comment mettre un frein à la négligence médicale dans nos hôpitaux ?
Nos médecins suivent déjà une formation continue et un sous-comité du Medical Council gère le Continuous Professional Development. Mais je pense qu’il faut leur donner la possibilité d’avoir accès à des données up-to-date pour être au diapason de tout que ce qui passe dans le monde médical. Le Medical Council compte émettre des communiqués pour rappeler aux médecins qu’ils doivent travailler d’une façon ordonnée. Aussi, il est nécessaire de faire connaître aux médecins les domaines les plus touchés par les plaintes et la nature de celles-ci. Mais au niveau de la formation personnelle, cela va dépendre entièrement du médecin surtout lorsqu’il s’agit de l’aspect chirurgical.