C’est la sixième fois qu’Israël attaque Gaza depuis ces 15 dernières années. Cette fois-ci, Tsahal, l’armée sioniste a l’intention de raser complètement Gaza.
En effet, les Sionistes veulent expulser toute la population palestinienne de 2,5 millions d’habitants de Gaza, cet étroit territoire, vers le Sinaï égyptien. Déjà, tout le nord a été vidé de presque tous ses habitants qui se sont dirigés vers le sud. Très bientôt, toute la population sera poussée vers le point de passage de Rafah qui donne sur le Sinaï égyptien. Ainsi, Gaza sera débarrassé de tous ses habitants qui deviendront des refugiés dans le désert égyptien. Les 2,5 millions de Palestiniens ont l’impression de vivre une nouvelle Nakba.
La Nakba
Depuis 1948, date de la création de l’Etat d’Israël, on a assisté à un nettoyage ethnique des Palestiniens par les Sionistes. En 1948, les Nations Unies avaient voté une résolution partageant la Palestine en deux portions : l’État d’Israël sur 55% du territoire et l’État de Palestine sur 45%. Pourquoi 55% aux juifs, quand ils étaient encore minoritaire ? En tout cas, l’État palestinien ne vit jamais le jour. Depuis cette date, les Sionistes ont mis en place une politique d’expulsion des Palestiniens et de voler leur terre. De nombreux villages furent attaqués, leurs habitants massacrés. Des organisations terroristes comme l’Irgoun, organisation terroriste de la droite sioniste, les paramilitaires du Lehri, du Haganah, dans les rangs desquels se trouvaient Ariel Sharon, Moshe Dayan, tuèrent systématiquement les palestiniens et chassèrent férocement les habitants palestiniens de leur terre.
Les Sionistes étaient passés maîtres en nettoyage ethnique. Eux-mêmes avaient été victimes de pogroms pendant des siècles en Europe. Et maintenant, ils reproduisaient exactement ce qu’ils avaient subi des Européens. Ce fut l’expulsion, l’exode forcé d’un million de Palestiniens vers l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie. Ce qui devait être 45% du territoire de la Palestine, il n’en restait plus que 22%, les 23% qui devaient revenir aux Palestiniens furent confisqués par Israël.
Après 75 ans, les descendants de ces réfugiés, qui se chiffrent à plus de 5 millions, sont toujours des réfugiés. Ils sont des apatrides, n’ont aucun droit de posséder une maison, acheter un lopin de terre et sont considérés comme des personnes indésirables, même dans les pays arabes. Et pourtant, ils ont plus d’intellectuels, d’universitaires que n’importe quel pays arabe.
Ce vol de terre continue jusqu’à maintenant. En Cisjordanie, les colons israéliens chassent systématiquement les Palestiniens, sous l’œil bienveillant de Tsahal, l’armée sioniste. Partout, sur la terre palestinienne, des colonies sont implantées. Les Palestiniens de Cisjordanie sont parqués dans des « bantoustans » avec des murs de 9 mètres de haut et des barbelés électrifiés. Ils sont considérés comme, ce que le ministre de la Défense d’Israël appelle, « des animaux ».
Quel est le pourcentage de terre qui reste aux palestiniens ? Très peu. Bientôt, la Cisjordanie sera débarrassée complètement de ses habitants palestiniens.
Constantin Zureiq, intellectuel syrien, a écrit un essai sur cette tragédie qu’il a intitulé « Ma’an Al Nakba » qui se traduit en « Signification de la Catastrophe ». Depuis l’exode forcé, l’expulsion de plus d’un million de Palestiniens de leur territoire en 1948, le massacre de dizaines de milliers de ce peuple par la milice terroriste juive, ce crime est connu comme la Nakba. En mai de cette année, les Palestiniens ont célébré le 75e anniversaire de la Nakba. Et maintenant, une nouvelle Nakba se profile à l’horizon.
L’Etat d’Israël a-t-il tout planifié ?
L’État d’Israël a toujours été considéré comme un état invincible. Toute la population est entraînée intensivement et régulièrement comme soldats pour défendre le pays. Ses frontières sont totalement sécurisées. Des installations électroniques les plus sophistiquées au monde surveillent le territoire. Partout, il y a des murs en béton armé et des fils de barbelés électriques qui détectent et empêchent le passage de même une souris. Des drones sont constamment dans les airs pour surveiller les frontières. Le Dôme de fer intercepte tous les missiles envoyés par Hamas. Le Mossad, service de sécurité et de renseignement est un service réputé pour son infaillibilité.
Et pourtant, quand Hamas a attaqué, il a forcé la frontière sans qu’aucun soldat ne soit au courant et n’intervienne. Le Dôme de fer est resté paralysé pendant toute la journée. Ce n’est qu’après 24 heures qu’il y a eu une riposte timide. Comment expliquer tous ces manquements?
Il y a diverses théories qui circulent. La plus plausible c’est que le gouvernement israélien était tout à fait, au courant de la planification de Hamas. Et comment cela pourrait être autrement ? On dit même que l’Égypte avait mis en garde les autorités israéliennes de cette attaque trois jours avant. La question est ceci : pourquoi le gouvernement israélien a laissé faire ? La réponse c’est que, pour le 75e anniversaire de la Nakba, il était temps de planifier une autre Nakba, celle-là une Nakba définitive de Gaza. En Cisjordanie, Israël considère que les carottes sont cuites pour les Palestiniens. Chaque jour, il y a de nouveaux colons qui expulsent les habitants palestiniens avec la bénédiction du Tsahal.
Mahmoud Abbas, le chef du Fatah, a été transformé en « sous-contracteur » de la sécurité d’Israël. Depuis 20 ans, il n’organise pas d’élections, il a perdu toute autorité, son peuple ne l’écoute plus, et les juifs n’ont que du dédain pour ce personnage qu’ils manipulent comme ils veulent. Ces Sionistes ont considéré qu’il fallait, à tout prix, se débarrasser du Hamas. Il fallait que Hamas frappe un coup fort sur Israël pour que l’Occident accepte que la riposte soit hors de proportion, qu’on entre dans Gaza, qu’on élimine tous les dirigeants du Hamas, expulse toute la population vers le Sinaï, rase Gaza et ne permet aux Palestiniens, à tout jamais, de revenir en ces lieux.
Du côté de la Cisjordanie, on expulserait les Palestiniens vers les pays arabes, la Jordanie, le Liban. Pour Israël, la création d’un État palestinien est un danger mortel qu’il faut, à tout prix, empêcher. On appliquera la solution finale. Les juifs en sont des experts, puisqu’ils en ont été victimes. Mais, ce qu’ils n’avaient pas prévu c’est l’étendu des dégâts qu’allaient causer Hamas qui avait planifié cette attaque depuis des mois. Quand Hamas s’est retrouvé sur un boulevard libre, ils n’ont pas fait dans la demi-mesure. 75 ans de victimisation, de massacre, de brimades, 15 ans dans une prison à ciel ouvert, traités comme des animaux…tout cela est remonté à la surface.
Et maintenant, Israël a une occasion en or d’aller vers le génocide. L’armée israélienne a poussé la plupart des habitants de Gaza vers le sud en pratiquant du « carpet bombing », en empêchant la livraison d’eau, de nourriture, d’essence, de médicaments à un état dépourvu de tout. Il ne reste plus qu’a faire entrer l’infanterie d’un demi-million de soldats, les chars les plus modernes du monde, les blindés, l’aviation qui comprend des F16, des F35, des bateaux de guerre pour empêcher l’évasion par la mer. N’oubliez pas aussi qu’il y a deux des plus grands porte-avions américains qui sont venus apporter leur contribution à l’armée israélienne. On bombarde intensément pour faire partir la population.
La Rapporteur spéciale des Nations Unies sur le droit humain dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese, avertit : « Palestinians may be facing another ‘Nakba’, or ‘Catastrophe’. Israel may be on the verge of mass ethnic cleansing. Israel has ordered 1.1 million people to leave northern Gaza ahead of expected invasion. There is a grave danger that what we are witnessing may be a repeat of the 1948 Naka and the 1967 Nakba, yet on a larger scale. The international community must do everything to stop this from happening. It must stop the egregious violations of international law before tragic history is repeated. »
Tout récemment, Israël Katz, membre du parlement israélien, avait mis en garde les Palestiniens d’une nouvelle Nakba, s’ils osaient parader le drapeau palestinien.
Situation tragique
La situation à Gaza est, tout à fait, tragique. Selon Philippe Lazzarini, Commissaire General de l’UNRWA, organisme des Nations Unies, Gaza est un véritable enfer. Le patron régional de l’ONU, Ahmed-Al-Mundari, déclare de son côté : « Si l’aide n’entre pas, les médecins n’auront plus qu’à préparer les certificats de décès. »
Beaucoup de soignants ont déjà été tués. Les ambulances sont les cibles de l’aviation israélienne. Cent-onze hôpitaux et infrastructures médicales ont été détruits. 200 000 personnes ont des besoins sanitaires dans le nord de Gaza, d’après l’OMS. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau, pas de médicaments, pas de carburants pour les ambulances, une pénurie aiguë d’agents de santé. D’après l’OMS, le service de santé est au bord de l’effondrement.
Et voilà qu’un grand centre hospitalier est attaqué, l’Al-Ahli Baptist Hospital, à Gaza. Des centaines de personnes ont été tuées et blessées. C’est une attaque horrible, barbare. Le représentant de l’OMS dit : « This attack is unprecedented in scale. We have seen consistent attack on health care in the occupied Palestinian territory. »
Antonio Guterres, le Secrétaire Général des Nations Unies, dit : « Les attaques de Hamas ne peuvent justifier la punition collective des Palestiniens. »
Dans un monde où il y a deux milliards de musulmans, ils n’arrivent pas s’unir pour faire entendre leur voix sur la scène internationale et empêcher les génocides contre les musulmans ouigours, les Rohingyas, les Palestiniens.
C’est vraiment à désespérer.
Par Rashid Jogee