Friday , 29 March 2024
Pravind Jugnauth

Pravind Jugnauth sur le Budget 2019-2020 : «Toutes les requêtes ne pourront être satisfaites»

En marge du prochain exercice budgétaire, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a rencontré cette semaine les différents acteurs économiques, les syndicalistes et les ONG.

Ce sont les représentants des confédérations syndicales et des Petites et Moyennes Entreprises qui ont ouvert le bal des consultations pré-budgétaires, le mercredi 8 mai, suivi ensuite du secteur privé le jeudi 9 mai et enfin, les représentants des organisations sportives, artistiques ainsi que les Organisations non gouvernementales (ONG), le vendredi 10 mai.

Le Premier ministre a déclaré qu’il est à l’écoute des diverses propositions formulées par les différents intervenants. Il n’a pas manqué de souligner les défis externes auxquels le pays doit faire face dans la conjoncture actuelle, le secteur sucre et le textile en particulier. Pravind Jugnauth a indiqué que les recommandations de chaque secteur comportent des coûts financiers. Il a souligné qu’il ne «pourra satisfaire toutes les requêtes formulées» mais comme ministre des Finances, il a le devoir de créer davantage d’opportunités et améliorer le climat des affaires.

Les syndicats ont fait de la réforme des lois industrielles, de l’impôt sur le revenu et de la pension des retraités leurs priorités.

Au niveau du secteur privé, notamment Business Mauritius, ses représentants ont évoqué quatre axes prioritaires : le développement du capital humain, le renforcement de la gouvernance au niveau national, le développement durable et enfin, une gestion plus efficace des nos ressources naturelles, dont la zone économique exclusive.

Pour le secteur sucre, trois priorités ont été identifiées : la baisse des coûts de production, l’augmentation des revenus et un accès plus important aux produits à valeur ajoutée. Pour les petits planteurs de canne, une requête a été formulée pour revoir à la hausse le coût de revient de la production. En ce qui concerne certaines demandes faites par les petits planteurs, pêcheurs et éleveurs, Pravind Jugnauth les juge irrationnelles.

Dans le secteur du tourisme, une proposition a été faite pour mettre un terme au secteur informel qui menace la destination.

Au niveau sportif, de sérieux problèmes de financement ont été évoqués ainsi qu’ une demande pour plus de considérations pour les sportifs.


Fédération des syndicats du secteur public

Plusieurs revendications ont été faites par la Fédération des syndicats du secteur public (FSSP) dont le président est Rashid Imrith. Le corps syndical préconise une série de mesures pour mettre fin à toute disparité au sein de la classe des travailleurs. Quelques unes des propositions avancées :

• Application des recommandations du National Remuneration Board pour le secteur privé en vue de mettre fin aux disparités salariales suite à la mise en œuvre du salaire minimal ;
• Accorder à tous les employés du secteur public une augmentation équivalente à trois « increments » à compter du 1er janvier 2018 ;
• La publication des rapports du PRB doit se faire à intervalles plus rapprochés. Que le rapport du PRB soit publié en octobre 2019 et sa mise en œuvre à partir de janvier 2020 ;
• Une augmentation supplémentaire à tous les bénéficiaires de la Basic Retirement Pension et de la pension invalide à compter du 1er juillet 2019 ;
• Remboursement des congés de maladie et des
« local leaves »  inutilisés ;
• Ne pas considérer les remboursements des congés et congés maladies accumulés au moment de la retraite comme des revenus imposables ;
• Une enquête pour faire la lumière sur l’échec concernant la formation de 40-60 heures pour les fonctionnaires.


Confederation of Free Trade Unions

Radhakrishna Sadien, de la Confederation of Free Trade Unions, a formulé une série de demandes ayant trait à la protection de la classe moyenne et une révision des barèmes fiscaux. Selon lui, il est impératif de revoir le fonctionnement de la Public Service Commission.
• Réduction de l’Income Tax de 15% à 10% pour les employés touchant jusqu’à Rs 650 000 par mois ;
• Révision de l’Income Exemption Threshold à Rs 325 000 ;
• Introduire trois tranches d’imposition pour les barèmes fiscaux : 5% pour ceux touchant entre Rs 325 001 et Rs 650 000, 10% pour ceux touchant entre Rs 650,001 et Rs 975 000 et 15% pour ceux touchant au-delà de Rs 975 000.
• Des exemptions pour les jeunes chômeurs encore sous la responsabilité de leurs parents ;
• Mise en œuvre des recommandations du rapport de PRB pour l’ajustement des salaires conformément à l’article 9 de la loi sur le Minimum Wage  Consultative  Council ;
• Une étude sur les travailleurs étrangers à Maurice car il ne faut pas que ceux-ci remplacent les travailleurs locaux ;
• Les syndicalistes doivent bénéficier de 100% Duty Free pour l’achat d’un véhicule chaque 5 ans. Ils bénéficient actuellement d’une remise de 85% ;
• Les syndicalistes doivent être exemptés des frais d’enregistrement s’ils sont propriétaires de taxi ;
• Les fonctionnaires partant à la retraite après 33 1/3  années de service doivent toucher une pension équivalent à 2/3 du montant de leur dernier salaire ainsi qu’une lump sum de 30 mois de salaire ;
• Amendement de la Pension Act pour ne pas pénaliser un officier public  après que celui-ci ait été condamné devant un tribunal ;
• Le remboursement des congés maladies et les « vacation leaves » doivent être des revenus non-imposables ;
• 6 mois de congé de maternité au lieu de 3 ½ mois ;
• L’alignement de la pension de vieillesse sur le salaire minimal ;
• Le Chairperson de la PSC doit être un juge à la retraite et la PSC doit cesser de déléguer des pouvoirs de recrutement aux ministères.


Business Mauritius

Cédric de Spéville, président de Business Mauritius, s’est appuyé, lors de la rencontre avec le Premier ministre, sur l’importance de cadres régulateurs pour le bon fonctionnement de divers secteurs de l’économie. Dans son mémoire soumis au Grand argentier, Business Mauritius s’appuie sur 4 axes : l’amélioration de la gestion des ressources naturelles limitées ; le développement du capital humain pour faire de Maurice un pays à haut revenu ; le renforcement de la gouvernance et ; se pencher sur les enjeux environnementaux. Voici quelques-unes des recommandations :

• Développer un cadre afin d’exploiter au mieux notre Zone économique exclusive (ZEE) ;
• Encourager les recherches et donner des subventions pour des projets relatifs à notre ZEE ;
• Faire un usage optimal de nos terres en investissant dans un Digital  Twin   pour le pays ;
• Venir de l’avant avec un cadre afin de dynamiser le secteur du transport et permettre une meilleure visibilité des opérateurs privés ;
• Afin d’assurer une distribution d’eau de qualité, il faudrait définir les exigences en matière de collecte des eaux de pluie et moderniser le système de gestion de la distribution d’eau avec des compteurs intelligents ;
• Pour améliorer le taux de participation des parents qui travaillent et qui souhaitent également fonder une famille, il faudrait un programme d’aide relatif au congé de maternité pour les micro-entreprises ;
• Venir avec un programme de crèches de proximité avec des heures de fermeture tardives pouvant être fournies par des tiers dans les quartiers d’affaires tels qu’Ebène et Port-Louis ;
• Pour réduire la pression démographique sur le public, un nouveau modèle de prestation de soins de santé où l’efficacité du secteur privé contribue à la prestation est proposé ;
• La mise en place d’un système de gestion de la santé en ligne pour améliorer l’efficacité et la qualité de la vie publique est souhaitée ;
• Pour le renforcement de la gouvernance, le développement des institutions fortes et indépendantes est requis. Il faut aussi s’occuper de la sécurité et de l’ordre public tout en assurant un développement inclusif ;
• Une réglementation appropriée pour le financement des partis politiques est proposée ;
• Afin de remédier aux contraintes liées à l’environnement, il faudrait des stratégies pour s’adapter au changement climatique ainsi qu’aux fortes précipitations et un rajeunissement des écosystèmes du lagon.


Mauritius Chamber of Commerce and Industry

Outre les mesures portant sur la politique fiscale et les stratégies macroéconomiques, la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) a également proposé une série de mesures en vue de redynamiser le secteur des PME et le secteur manufacturier.

• Augmenter le barème de Rs 50 M à Rs 200 M pour permettre aux compagnies de bénéficier des SME Schemes ;
• Promouvoir la sous-traitance des « non-core activities » pour toucher un plus grand nombre d’entrepreneurs ;
• Le Micro-Finance Scheme pour les projets allant jusqu’à Rs 500 000;
• L’exemption du Corporate Income Tax pour les premiers Rs 500 000 de bénéfices générés par les compagnies ;
• L’introduction d’un Small Company Payments Bill pour veiller à ce que les grandes sociétés ne retardent pas les paiements au les PME dans un délai de 30 à 60 jours, celles-ci faisant souvent face à des problèmes de liquidité ;
• Éliminer les droits d’accises sur les voitures hybrides ;
• Pour redynamiser le secteur du tourisme, la MCCI a identifié des destinations phares : Chine, Nairobi, Lagos, Mumbai et Singapour. Introduire des vols directs réguliers sur ces pays ;
• Pour attirer les touristes réunionnais, la MCCI propose de venir avec un « integrated tariff package » de 150 euros pour permettre à ceux-ci de séjourner dans des hôtels certifiés pour un minimum de 4 nuits ;
• Implémentation d’une solution de Smart Parking, qui utilise à la fois la technologie infrarouge et magnétique, pour avoir des informations sur les aires de stationnement individuelles.


Confédération des travailleurs du secteur privé

Le porte-parole de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), Reaz Chuttoo, s’est prononcé en faveur des changements aux lois industrielles et au financement des partis politiques, entre autres. Il avance que toute la classe syndicale fait cause commune au nom des secteurs privé et public

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