Friday , 29 March 2024
La culture de cellules dans le laboratoire de l’université de Siegen en Allemagne.
La culture de cellules dans le laboratoire de l’université de Siegen en Allemagne.

Nowsheen Goonoo, chercheuse : «L’Etat devrait financer les projets de recherche scientifique»

Nowsheen, 28 ans, rêve de rendre les soins de santé meilleurs pour  tous et ainsi sauver des milliers de vies. Elle a déjà son doctorat en poche et a fait publier plusieurs articles dans les journaux à l’étranger. Elle estime que ses recherches en  polymères et biomatériaux vont bénéficier à l’humanité.

Après avoir passé un an en Allemagne, Nowsheen est retournée à Maurice. Elle a rejoint le Centre for Biomedical and Biomaterials Research (CBBR) en 2010 pour entamer un MPhil et par la suite un PhD sous la supervision du Prof Jhurry, actuellement Vice Chancelier de l’Université de Maurice) de Dr Bhaw-Luximon (Superviseuse associée, Université de Maurice) et du Prof. Bowlin (superviseur associé, Université de Memphis, États-Unis) après avoir obtenu une bourse de la Commission d’éducation tertiaire (TEC). En 2015, elle a complété son doctorat. Ensuite elle a poursuivi ses études en vue d’un post doctorat. Actuellement, elle attend une réponse pour entamer d’autres études en vue de décrocher un deuxième post doctorat.

Nowsheen aime faire des recherches. Elle voulait être médecin jusqu’à ce qu’elle découvre le domaine des polymères. « Je me suis rendue compte qu’au lieu de sauver un patient, si je pouvais aussi contribuer en termes de connaissances nouvelles, je pourrais alors sauver des milliers de vies. Les polymères et l’ingénierie biomédicale agissent comme l’interface de la chimie, de la biologie et par extension de la médecine. C’est l’un des domaines les plus stimulants et les plus compétitifs, » dit-elle.

Elle explique que le fait de pouvoir synthétiser de nouveaux polymères et des matériaux est un pas en avant vers la conception de matériaux biomédicaux optimisés pour améliorer les soins de santé dans le monde. « Avec les recherches on peut travailler pour obtenir des dispositifs en nano afin de pouvoir insérer des médicaments à des parties du corps avec plus de précision. On peut aussi imprimer  des nez et des oreilles en 3D pour remplacer ceux endommagés. On peut s’attaquer à certains problèmes les plus difficiles au monde, comme la maladie d’Alzheimer ou  lutter contre le cancer, entre autres, » soutient-elle.

Co-auteure d’articles

La jeune chercheuse est  impliquée dans différents domaines de recherche, à savoir, l’ingénierie des tissus, l’administration de médicaments et les interactions entre les cellules et les matériaux. Elle est également associée à plusieurs projets internationaux de la recherche collaborative. À cet égard, elle a  coécrit plusieurs articles pour des journaux. Par exemple, Nowsheen a été co-auteure d’un document de recherche avec une équipe de recherches à l’Université Jomo Kenyatta pour ses analyses sur la caractérisation d’un polymère naturel ainsi que l’interprétation des ses données.

En outre, elle a participé à des recherches importantes sur la  livraison de médicaments à la nanotechnologie. Elle est la première chercheuse a avoir fait publier un article sur nanodrug delivery for opiates. Elle est également co-auteure d’un chapitre intitulé « Nanotherapeutics promises for colorectal and pancreatic ductal adenocarcinoma » qui a été publié dans le volume VII de la série Encyclopédie sur «Applications of NanoBioMaterials».

De plus, sa thèse de doctorat a  fait l’objet de sept publications. « J’ai passé l’année dernière  en Allemagne en tant que boursière pour mes études de post doctorat sous la supervision du Professeur Holger Schönherr à l’Université de Siegen. Cette bourse a été décernée par la prestigieuse Fondation Alexander Von Humboldt », dit-elle.

Il convient de souligner qu’elle a été la première femme mauricienne à recevoir cet immense honneur. « Cette expérience m’a permis d’élargir mes compétences et mes connaissances en travaillant avec une large gamme de cellules, y compris les cellules dérivées de la peau (fibroblastes) et les cellules cancéreuses, » dit-elle encore.

Un parcours brillant

La jeune mauricienne a connu un parcours brillant. Après avoir terminé ses études au collège  Droopnath Ramphul, elle avait entamé ses études tertiaires de chimie à l’Université de Maurice. Elle s’est classée première dans cette filière et avait reçu la « Shell Gold Medal ». Ses premiers pas vers la recherche remontent à l’époque où elle avait présenté sa thèse de licence. Elle s’était concentrée sur la synthèse des polymères à valeur ajoutée provenant du saccharose (sucre) pour l’encapsulation de médicaments. C’est important de noter qu’une partie des résultats de cette recherche a eu un brevet en 2013.

Plan de carrière

Nowsheen a déjà planifié sa carrière. Elle souhaite trouver  un emploi permanent dans le milieu universitaire ou un centre de recherches pour poursuivre la recherche principalement entre la nanoscience et la biologie appliquée. « Maurice a le potentiel d’émerger comme un exemple d’excellence scientifique en Afrique. Des initiatives appropriées doivent être prises pour encourager  les chercheurs mauriciens à travailler à Maurice », conclut-elle. Elle estime qu’avec la coopération du secteur public et du secteur privé la recherche à Maurice pourrait progresser davantage

Conférences internationales

À la conférence Polychar en Pologne, l’année dernière.
À la conférence Polychar en Pologne, l’année dernière.

Notre chercheuse a participé à neuf conférences internationales en Pologne, Allemagne et Autriche. Ses recherches ont également reçu une reconnaissance internationale de l’excellence scientifique, le Prix Carl-Klason en  Corée du Sud et en 2015 en tant que participante pour la célébration de la 65e réunion du Prix Nobel Lindau en Allemagne. Nowsheen explique encore que le continent africain représente que 1,1% des chercheurs scientifiques du monde et comparée à d’autres pays développés, la recherche scientifique en Afrique est très difficile.

Selon elle le gouvernement mauricien travaille à la promotion de la nanotechnologie, mais il reste encore beaucoup à faire. Elle cite l’exemple de la BOI qui contribue à positionner Maurice  en tant que centre médical et à attirer les investisseurs pour développer des activités de niche telles que les dispositifs médicaux, pharmaceutiques,  bioinformatiques, biotechnologies médicales, essais cliniques, développements précliniques, parmi d’autres.

Elle est d’avis  que le gouvernement devrait offrir de meilleures possibilités en termes de financement et de subventions pour encourager les chercheurs locaux et les débutants. « Le financement de participation aux conférences internationales permet de créer des réseaux scientifiques, des collaborations internationales et, plus important encore, de présenter nos résultats. Il est également nécessaire d’établir des liens solides entre l’industrie technologique, le milieu universitaire et le gouvernement, » dit-elle. Pour elle, les perspectives de carrière pour les chercheurs à Maurice sont plutôt sombres. Mais, elle espère que les choses vont changer avec des mesures appropriées et des actions incitatives dans les années à venir.

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