Thursday , 18 April 2024
Journée internationale des handicapés

Journée internationale des handicapés : ils ont surmonté leur handicap

Dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées, STAR a rencontré des personnes autrement capables. Nous avons voulu savoir comment ils font pour vivre malgré leurs handicaps physique mais aussi les changements qu’ils souhaiteraient pour améliorer leurs conditions.

Anwar Mohun, businessman : «Aucune réussite, sans effort»

Anwar MohunAnwar Mohun, 57 ans avait reçu le Most Outstanding Independent Disabled Award en 2015. Enfant normal à la naissance, il a contracté la poliomyélite à l’âge de trois ans.  Depuis, il ne peut marcher sur ses deux pieds sans le support de béquilles. La minceur de ses pieds les rend fragiles et ne peut soutenir le poids de son corps. Toutefois, étant un bon vivant, Anwar Mohun a développé une bonne philosophie de la vie. « Je ne me considère pas comme un handicapé. C’est uniquement quand je me regarde dans le miroir que je m’en souviens. Cela ne me fatigue pas outre mesure car la seule solution, c’est de l’accepter comme une vérité de ma vie pour ne pas me stresser, » nous dit-il.

Les actions d’Anwar confirment qu’il n’est pas seulement beau parleur, mais qu’il pratique ce qu’il dit.  Il a voyagé seul pour aller dans des grands pays pour acheter ses marchandises. Son séjour en France l’a motivé pour conduire une voiture. « Quand j’ai vu que des personnes handicapées dont les pieds ont été amputés se débrouiller très bien comme chauffeurs, je me suis dit pourquoi pas moi ? » nous relate-t-il. De retour à Maurice, il a pris l’initiative de passer son permis  et après un an il a réussi.  Pour pouvoir conduire, sa voiture a été adaptée pour l’usage des handicapés. Maintenant, il se déplace où il veut sans aucun souci. Son but est de devenir autonome. Heureusement, sa famille ne s’est pas montrée trop protectrice et l’a laissé s’épanouir comme tout autre enfant. Il a appris la langue chinoise pendant 5 ans pour pouvoir communiquer avec ses fournisseurs de marchandises en Chine.

« Aucune réussite n’est possible sans effort, » dit-il. être handicapé selon lui, c’est une faveur divine qui lui permet de voir à quel point des gens normaux sont handicapés.  Son message aux handicapés : « Il ne faut  jamais se décourager.  Certes, on ne pourra faire les choses comme les gens normaux, mais on pourra les faire de notre façon pour apporter une touche différente, » philosophe-t-il.

Nazim Jeehoo, technicien : «Les handicapés peinent à trouver de l’emploi»

Nazim JeehooNazim Jeehoo, 39 ans, est devenu paraplégique depuis 2002 après un grave accident. Depuis, sa vie a été bouleversée quand il a perdu son poste comme policier car on l’a considéré « Unfit for duty » due à une fracture à la colonne vertébrale.  Maintenant, il se déplace sur un fauteuil roulant.  « Je suis autonome  à 90%. Pour les choses que je ne peux faire, mon frère ou ma mère m’aide, » nous confie Nazim.  Mais, Nazim ne s’est pas laissé abattre par les circonstances. Il a décidé de se mettre à son propre compte. Il répare des ordinateurs portables et des téléphones portables. Ce faisant,  il arrive à joindre les deux bouts.

Il déplore le fait que les personnes handicapées n’arrivent pas à trouver de l’emploi. « On fait croire qu’on va offrir des emplois aux handicapés mais construisons-nous des bâtiments à cette fin ? » demande-t-il. Pour acheter les pièces de rechange pour les réparations, il se déplace deux ou trois fois par semaine vers Port-Louis. « Bien que j’ai une voiture adaptée, il est pénible de trouver un parking dans la capitale. Les gens garent leurs véhicules sur le parking des handicapés, » affirme-t-il.

Il trouve aussi que les propriétaires des magasins obstruent les trottoirs en mettant leurs marchandises à l’extérieur du magasin. Il souhaite également que les handicapés puissent bénéficier d’une exemption de la taxe pour l’achat d’une voiture.

Nazim Jeehoo s’adonne aussi au tennis de table en fauteuil roulant. Il tient à remercier Ali Jookun, le président de l’association U-link qui est toujours à l’écoute de handicapés. Son message aux handicapés : « Ne perdez jamais l’espoir. Nous vivons tous une seule vie et nous mourrons une seule fois. Vivez pleinement votre vie avant la mort,» conclut-il.

Véronique Marrison ,  enseignante : «Cessons d’être injustes à l’égard des handicapés»

Véronique MarrisonVéronique Marrison, 42 ans, est enseignante au collège Lorette de Quatre Bornes. Sa sœur jumelle, Dominique, est tout-à-fait normale. Elle souffre de paralysie cérébrale depuis sa naissance. Cette maladie s’explique par une insuffisance d’oxygène au côté gauche du cerveau. Ce qui, par conséquent, affecte la partie droite du corps. Avec l’âge, la partie gauche du corps est affectée graduellement. De ce fait, elle boîte en marchant.

Mentalement, Véronique n’est pas handicapée dans sa tête. Bien qu’elle ressente une douleur chaque jour, Véronique a appris à vivre avec. « Mon handicap ne m’a pas empêché de faire ce que je rêvais de faire dans ma vie, » affirme-t-elle fièrement.  À chaque fois qu’elle a rencontré des obstacles, cela l’a motivé à persévérer davantage pour réussir. Véronique a eu une scolarité normale comme sa sœur. « Je dois beaucoup de respect à mes amis de l’école et mes enseignants qui ont été toujours gentils avec moi.  Mon enseignante déduction physique,  Monique Rayeroux, m’avait beaucoup encouragée pour pratiquer les sports. Aujourd’hui je suis ce que je suis grâce aux sports, » confie-t-elle.  Véronique estime que cette volonté de vaincre qui l’a poussée au bout de son potentiel, elle l’a cultivée en pratiquant des sports.

La seule chose qui l’a découragée quand elle était présidente de  la Physically Disabled Persons Sports Federation, c’est le parrainage. « Le gouvernement nous allouait Rs 350 000 par an pour sept divisions alors que les autres associations sportives normales reçoivent Rs 1 million par  division.  C’est de l’injustice. Comment pourrons-nous nous considérer égales aux autres quand la discrimination est flagrante, » déplore-t-elle. Son message aux autres : « On ne peut changer la mentalité des gens envers nous,  mais nous ne pourrons pas arrêter de vivre à cause d’eux. Tout est dans notre esprit, » conclut-elle.

Soovan Sharma Dookhoo, fonctionnaire : «Nous ne sommes pas un fardeau pour la société»

Soovan Sharma DookhooSoovan est un jeune professionnel de 26 ans qui travaille comme ‘clerk’ dans un corps paraétatique. Il a beaucoup souffert des préjugés des gens à l’école, au collège et à l’université. Il souffre d’un handicap physique depuis sa naissance. Ce n’est après douze interventions chirurgicales que Soovan a commencé à marcher, mais il boîte toujours. Toutefois, ce handicap ne l’a pas démotivé pour réussir dans la vie. Il a terminé son MBA malgré les railleries et les découragements des gens. « C’est malheureux que les gens nous considèrent comme un fardeau pour la société quoique nous apportons nos contributions. Les gens  doivent respecter les personnes handicapées, » insiste-t-il.

Il est d’avis que le ministère des Arts et de la culture devrait créer une cellule pour les personnes handicapées qui ont des talents artistiques  pour leur permettre de mieux exploiter leurs talents. Le gouvernement doit aussi organiser des formations pour les parents dont les enfants sont handicapés pour leur apprendre à mieux gérer cette situation. Son message : « Capitalisez sur vos capacités. Le handicap ne signifie pas que nous ne pouvons développer nos capacités, » conclut-il.

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